Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » France : la dégringolade des investissements étrangers

France : la dégringolade des investissements étrangers

par
93 vues

Malgré tous les efforts de communication mis en œuvre par Arnaud Montebourg, le ministre est à la peine pour attirer les capitaux étrangers nécessaires à la réindustrialisation. D’autant que le patriotisme économique ne suffit pas à combler ces manques. La France a besoin d’investissements pour développer son économie, mais le dernier rapport de la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement) est plutôt alarmant.

En un an, les Investissements directs étrangers (IDE) en France auraient chuté de 80 %, alors que ces flux ont augmenté de 11 % au niveau mondial sur la période. Ce chiffre semble contredire celui de l’AFII (Agence française des investissements internationaux), qui, depuis des années, affirme que le nombre d’installations d’entreprises étrangères en France est resté stable.

Ces contradictions ne sont en réalité qu’apparentes. En effet, les méthodes de calcul et de retraitement statistique sont différentes d’une organisation à l’autre. Par exemple, l’AFII a choisi de ne communiquer que sur ce qui va bien, afin de mieux promouvoir la destination France, dont c’est l’objectif. L’agence se concentre sur le nombre de projets et les emplois induits ou conservés pour toutes les nouvelles installations. La CNUCED, elle, se concentre uniquement sur les flux et les stocks des IDE. Il est donc impossible de comparer les chiffres de ces deux organisations.

Cependant, les résultats de la CNUCED ont l’avantage de permettre des comparaisons entre pays, ce qui n’est pas le cas de ceux de l’Afii. En termes de flux entrants d’IDE, la France a pendant longtemps devancé son voisin allemand, mais ça n’est plus le cas depuis plusieurs années. Si le Royaume-Uni et l’Allemagne ont su attirer, à nouveau, les investisseurs étrangers après la crise financière de 2008, la France a continué sa chute (cf. graphique ci-dessous). Et cela ne se traduit pas uniquement en termes de flux d’IDE, mais également en nombre d’implantations annuelles, qui ont décliné. Aussi, notre pays dégringole au classement, notamment parmi les pays de l’OCDE, et se retrouve quasiment dernier.

Flux entrants d'IDE, 1995 - 2013

Flux entrants d’IDE, 1995 – 2013

Par ailleurs, le rapport de la CNUCED sur les investissements étrangers nous révèle que les entreprises internationales implantées en France ont tendance à limiter leurs prêts intra-groupe. Ces prêts sont mêmes négatifs depuis l’année dernière, le plus souvent pour des raisons fiscales. Cela signifie, que les grands groupes ont rapatrié des fonds de leurs filiales françaises, limitant ainsi leur degré d’investissement.

Le Trésor français a récemment adopté une méthode de calcul différente des IDE, préconisée par le FMI et l’OCDE. Bien que cette méthode réduise le volume des prêts intra-groupe, ces derniers restent négatifs et élevés (-6,5 Md€ selon le Trésor contre -14 Md€ selon la CNUCED). Et depuis 2011, toujours selon le Trésor, les bénéfices des entreprises étrangères en France n’y sont plus réinvestis. Sans aucun doute, l’augmentation de la fiscalité et la rigidité du marché du travail y sont pour quelque chose.

Le problème, c’est que nous avons besoin de ces capitaux, pour principalement trois raisons. D’abord, d’un point de vue purement comptable, un déficit de la balance des transactions courantes (biens et services) doit automatiquement être compensé par un afflux de capitaux étrangers au moins équivalent. Cela signifie aussi que l’épargne française – qui sert surtout à financer la dette de l’État – n’est pas suffisante pour assurer le financement de l’ensemble des investissements sur le territoire.

Ensuite, la mondialisation a permis l’internationalisation de la Recherche & Développement (R&D), et de plus en plus d’entreprises choisissent d’établir des centres de recherche en dehors de leurs pays d’origine[[DACHS Bernhard et al., Internationalisation of business investments in R&D and analysis of their economic impact, European Commission, Directorate General for Research and Innovation, 2012.]]. Cela permet aux entreprises de mieux s’adapter à la demande locale et a donc un impact sur l’emploi qualifié. Si, selon l’AFII, la France fait mieux en 2013 qu’en 2012 et 2011[[Voir le Rapport annuel 2013 sur les investissements étrangers créateurs d’emploi, Afii.]] en termes de projets R&D, c’est notamment grâce au Crédit d’impôt recherche, incitant les entreprises à investir en France. Cela indique qu’une baisse du poids de la fiscalité est le plus souvent bénéfique pour l’activité.

Enfin, les IDE sont un véhicule important de transfert de technologie[[BORENSZTEIN et al., How does foreign direct investment affect economic growth?, Journal of International Economics, 1998.]]. Les entreprises américaines détiennent de nombreux brevets et sont à l’origine de nombreuses innovations. Si elles sont encore les premières à investir en France, leur nombre décroit (122 projets en 2013 contre 156 en 2012 selon l’AFII). Si la France veut encore profiter de ces transferts de technologie, elle doit soigner sont image vis-à-vis des investisseurs étrangers, en particuliers les Américains. Or, c’est tout le contraire que l’on observe.

Flux entrants d'IDE, 1995 - 2013
Flux entrants d'IDE, 1995 - 2013

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

2 commentaires

wpjo 19 juillet 2014 - 9:57

désinvestir
Je suis étranger et grâce un petit apport financier (70 000 euro) et beaucoup de travail de moi et de mon épouse, j'ai pu me constituer un patrimoine immobilier de 400 000 euros. Je constate avec amertume qu'on dot tout payer, qu'on n'a aucune subvention (ah si, 1000 par an pour les études de notre enfant qui nous côte 12 000), qu'on est systématiquement brimé, qu'on est traité de fascistes parce qu'on loue un studio (en parfait état mais loué 25% en dessous du prix d'un taudis) et qu'on n'a aucun droit.

A notre retraite, on liquidera tous nos biens en France et on part pour l'Allemagne (même si mon épouse ne parle pas un seul mot d'Allemand). Le désinvestissement va probablement coûter 4 emplois directs et 12 emplois indirects pour la France. Tant pis, elle l'a cherché par tous les moyens.

A méditer.

Répondre
Astérix 19 juillet 2014 - 12:58

LA DÉGRINGOLADE FONDÉE !
Les étrangers ne se trompent pas; Ils ont compris, eux, que la France était CUITE, à juste raison.

Il faudrait vraiment être nul en économie pour mettre un centime d'investissement dans un Pays ROUGE, BORNÉ qui repousse l'argent par sa bêtise crasse.

Tous les Pays intelligents prennent des mesures pour baisser les dépenses publiques, les prélèvements, pour redonner de l'air aux économies, SAUF LA FRANCE.

Seule une révolution peut mettre fin à ce suicide collectif.

Le désinvestissement va détruire TOUS LES EMPLOIS. Il faut être énarque pour ne pas le comprendre.

C'EST UNE ENTREPRISE DE DÉMOLITION.

CONTINUONS…!

Répondre