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Culture, économie, péages, sport : de quel droit Emmanuel Macron s’en mêle-t-il ?

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C’en était trop pour Emmanuel Macron : après s’être mis en retrait sous le gouvernement Barnier, il vibrionne de nouveau sous le gouvernement Bayrou.

On n’arrête plus Emmanuel Macron. A la fin du mois de janvier, le président de la République a cru devoir multiplier les déplacements et autres sorties médiatiques. Avec un respect très aléatoire de la Constitution et des résultats très mitigés.

Le si médiatique Emmanuel Macron

A la suite d’une tribune corporatiste d’athlètes français des Jeux olympiques de Paris contre la baisse du budget du ministère des Sports, Emmanuel Macron a réagi auprès de L’Equipe (22 janvier 2025) : « Vous avez raison ». Une réaction logique pour quelqu’un qui a toujours méprisé l’équilibre budgétaire, d’ailleurs un peu de démagogie ne fait pas de mal.

Il répond dans le même style, le 23 janvier par une vidéo sur TikTok, à un « influenceur » qui se plaignait d’avoir été verbalisé pour avoir payé un péage avec son téléphone portable : « Je crois qu’en 2025, on doit pouvoir payer au péage avec son téléphone. J’ai passé le dossier au ministre de l’Intérieur et on va collectivement gérer ça. Merci pour l’alerte ». Il est vrai que le chef de l’État, qui n’est en poste que depuis 2017, n’a pas eu le temps de traiter de ce sujet, au demeurant capital…

Le 28 janvier, il prononce un discours pour la « Nouvelle Renaissance » du musée du Louvre, dont la directrice venait d’alerter la ministre de la Culture sur le piteux état de l’établissement. Il va de soi, là encore, que le président de la République n’aurait pu traiter de la question ces sept dernières années lors desquelles il a concentré la quasi-intégralité des pouvoirs en sa qualité de monarque républicain.

Il se rend dans les Hauts-de-France pour faire le bilan de centaines de millions d’euros d’« investissements » de l’État. Son entourage confie que le chef de l’État entend se positionner désormais très fermement sur deux thèmes majeurs : l’unité de la nation et l’action sur le terrain, pour montrer ce qui marche » (Franceinfo, 29 janvier 2025). Quant à dresser la liste de ce qui est… en marche dans notre pays, ce devrait être vite fait.

Une incongruité constitutionnelle

De quel droit Emmanuel Macron se permet-il d’intervenir dans ces domaines ? Même s’il l’a soutenu depuis 2017, François Bayrou n’est pas son affidé comme l’étaient ses Premiers ministres successifs jusqu’en juin dernier. Tout le monde sait que le chef de l’État ne dispose plus d’une majorité, même relative, à l’Assemblée nationale. Or, la particularité du régime politique français, c’est que, conformément à la lecture gaullienne des institutions, le président de la République n’est tout-puissant que s’il dispose d’une majorité de députés à sa botte.

Nous avons beau lire la Constitution de la Ve République, nous ne trouvons pas la justification de l’interventionnisme présidentiel dans la situation actuelle. En effet, hors période de crise, un chef de l’État ne dispose que de pouvoirs limités :

  • l’article 5 dispose que « Le Président veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat. Il est garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités » ;
  • l’article 14 lui donne des attributions en matière internationale ;
  • l’article 15 en fait le « chef des armées ».

Faites un exercice : essayez de calquer ces attributions aux interventions d’Emmanuel Macron rappelées précédemment. Nous doutons fort que le tout concorde…

Quand Emmanuel Macron continue de tout rater

Décidément, Emmanuel Macron n’a pas de chance avec les médias modernes. On se souvient qu’en déplacement à l’île de Saint-Martin en septembre 2018, il s’était laissé prendre en photo avec deux jeunes torses nus dont l’un faisait « un doigt d’honneur », ce qui avait déclenché une polémique.

Il vient de faire mieux : après sa vidéo sur TikTok du 22 janvier 2025, la presse a révélé que l’« influenceur » auquel il avait spontanément répondu avait multiplié les déclarations islamistes. Ce fait, dérangeant en lui-même, est devenu carrément risible lorsqu’on a su que l’individu considéré avait publié des publications peu amènes sur le couple présidentiel et sur notre pays : Emmanuel Macron, un « nain marié avec sa prof de français qui dirige un pays de la taille d’une chips » (Le Figaro, 23 janvier 2025), par exemple. C’est à se demander si le chef de l’État est conseillé, mais la faute en incombe sûrement à la maigreur de l’administration de l’Elysée.

Emmanuel Macron la tête dans les sondages

Tout le monde aura compris qu’Emmanuel Macron, en berne dans les sondages, s’efforçait d’accroître sa popularité, ce qui a priori ne devrait pas être difficile, tellement elle est basse :  le dernier baromètre IFOP/JDD a révélé qu’il avait atteint un record avec seulement 21 % de personnes satisfaites. Pourtant, le score n’est pas si mauvais.

Le Président garde donc une marge confortable par rapport au record détenu par François Hollande, qui avait récolté 13 % d’opinions favorables en 2014. Encore un effort, Monsieur le Président…

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