« La décision, c’est notre histoire »… Mais notre histoire nous appartient elle vraiment? Tel est le thème de ce livre plein de réalisme sur cette génération des années d’après-guerre où l’envie de vivre et d’être libre se heurte bien souvent aux exigences de l’existence. Car il faut travailler dur comme Irène quand on épouse un homme par amour qui fait des allers retours sans jamais tenir compte des contingences de la vie. Sa fille Arlène a de l’ambition : être ingénieur dans le nucléaire, même si l’homme qu’elle croit aimer est un pacifiste notoire, même si ce métier est exclusivement réservé aux hommes. Sa force intérieure viendrait elle de ses amis d’enfance, où l’amitié et l’amour se confondaient, où l’appartenance à la classe sociale importait peu, où l’éducation rigide était remise en cause ? La course aux diplômes ne convient pas à tous, Thomas le poète ne trouve pas sa place dans cette société où seule compte la réussite, et Daniel le saint cyrien ne tient pas cas de sa fragilité en envisageant une carrière militaire. Seule Arlène persiste dans sa voie, mais la chance ne la gâte pas plus que les autres.
Alors « A Dieu vat » ! La vie est comme le nucléaire, elle peut assassiner comme elle peut sauver. « Partir tous les deux » est une tentation fréquente , mais les enfants sont là , malheureux devant les tiraillements pour ne pas dire l’égoïsme des adultes. Jean-Michel Guénassia parvient avec légèreté à soulever les problèmes sociétaux à travers un roman où chaque personnage est attachant, qu’il soit volontariste ou velléitaire, indépendant ou généreux, respectueux ou dénonciateur de secret d’Etat. Le bonheur semble fragile, l’homme une bouée à la mer avec, pour seul recours, ce leitmotiv « A Dieu vat » …Le lecteur appréciera le sens de l’observation de l’auteur, son aptitude à multiplier les différentes situations et surtout son style plein de sensibilité psychologique.