Le dernier essai d’Anne Applebaum, l’éminente spécialiste américaine du communisme soviétique et du goulag. Famine rouge, est l’histoire d’un crime de masse sans précédent dans l’histoire de l’humanité : celui d’un Etat qui organise, de manière délibérée, l’extermination de sa population par la famine. Plus de 5 millions de personnes, dont 4 millions d’Ukrainiens, sont mortes en URSS entre 1932 et 1933. Cette tragédie, occultée pratiquement jusqu’au début des années 1990, a été le résultat d’une politique minutieusement préparée par Staline et ses sbires, appliquée avec l’aide de la police politique et les différents organes de répression.
Chroniques de livres
Un homme en colère. Ivan Rioufol l’est depuis de longues années. Il a tiré le signal d’alarme bien avant d’autres mais on ne l’a pas écouté. Ceux qui lui prêtent une oreille attentive sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui mais n’est-il pas un peu tard ? Dans cet essai écrit avec la plume trempée dans le fiel, Rioufol n’hésite pas à désigner les coupables. Présidents, ministres, intellectuels, journalistes, activistes… ils ont abandonné la France au nom du multiculturalisme et du “diversitisme”. Mais toutes les cultures ne se valent pas et celle qu’on nous impose n’en est pas une. C’est une religion-idéologie qui veut refaçonner le pays, sa culture, ses libertés. L’auteur a raison de rappeler l’existence des zones de non-droit niées par ces “traîtres”(élus locaux, politiques donneurs de leçons de morale, intellectuels, journalistes aveugles, etc.) mais où l’islamisme règne …
Certains dictateurs sont entourés de plus de mystères et d’interrogations que d’autres. Leur biographie demande aux historiens plus de travail de recherche et de documentation. Augusto Pinochet fait partie de ces tyrans-là. Il cumule au moins deux paradoxes : il a mené au Chili une politique économique libérale et il a cédé le pouvoir sans aucune effusion de sang, tout en facilitant le passage à la démocratie.
Mais de quoi se plaint-on ? Ne devrait-on pas être contents et rassurés ? L’Etat et les élus politiques s’occupent de nous. Ils nous prennent en charge. C’est la belle vie ! Peut-être, pour certains. Il s’agit, pourtant, d’un terrible scénario. C’est ce que nous décrit parfaitement Alain Laurent dans son dernier essai. Kant l’avait déjà prévu, décrivant « un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, comme celui d’un père envers ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement paternaliste, où les sujets, comme des enfants mineurs qui ne peuvent distinguer ce qui leur est véritablement utile ou nuisible, sont réduits au rôle simplement passif d’attendre du seul jugement du chef de l’Etat qu’il décide comment ils doivent être heureux et de sa seule bonté qu’il veuille bien s’occuper de leur bonheur… ». Et Tocqueville d’écrire : « Au-dessus des individus s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’éveiller sur leur sort… Il ressemblerait à la puissance paternelle… »
Benjamin Constant fut un homme universel, journaliste, essayiste, politicien, philosophe… Dans cette nouvelle biographie, Gérard Minart nous fait connaître l’économiste libéral. Car Benjamin Constant était adepte de « la liberté en tout ». « Il sera donc, note G. Minart, promoteur des libertés d’entreprendre et d’échanger, de la propriété privée des instruments de production, de l’intérêt personnel comme facteur de croissance, de la limitation de l’Etat à ses fonctions régaliennes… ». Bien entendu, l’économie n’est pas dissociable de la philosophie par laquelle B. Constant privilégie l’indépendance de l’individu comme il l’expliqua lors de sa conférence à l’Athénée sous le titre De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes dans laquelle il exposait le danger de la liberté athénienne qui soumettait le citoyen à la Cité et qui enfanta sans doute les théories de l’abbé Mably et de Rousseau prenant « l’autorité du corps social pour la liberté ».
Profitons de cette période de fin d’année pour festoyer mais aussi pour découvrir de nouveaux ouvrages. Voici deux livres (en anglais, et en espérant qu’ils soient traduits rapidement en français).
Dans un florilège d’articles publiés au cours des dernières décennies, Pascal Salin nous offre sa rétrospective de l’histoire politique et économique française. Hélas il nous montre surtout que la droite française est souvent restée la plus bête du monde à se vouloir conservatrice des politiques étatistes léguées par les socialistes sans chercher à comprendre les vertus d’un « vrai » libéralisme.
Pascal Perri a raison. C’est bien la dernière chance pour nos retraites. A condition que la réforme soit la bonne, sinon les conséquences seront encore plus dramatiques. A première vue, la réforme de Macron paraît juste. Elle semble « un progrès démocratique sans précédent ». Finis les dizaines de régimes différents, finis les privilèges et autres avantages dans le public. Tout le monde serait logé à la même enseigne et seuls ceux qui auraient accompli une carrière complète auraient droit à une retraite conséquente basée sur des points cumulés durant une vie de travail. Toutefois, les risques sont grands de voir cette réforme prématurément amputée d’une grande partie de ses objectifs. Lorsqu’il a écrit son livre, Pascal Perri anticipait déjà ce qui se passe aujourd’hui. Les syndicats protestent et contestent, les grèves s’accumulent et les grands « privilégiés » du public ne veulent pas (ou plutôt ne veulent pas risquer de) perdre leurs retraites payées par les contribuables.
Dans cet ouvrage, Fabien Bouglé ne se contente pas de déplorer les atteintes des éoliennes à nos paysages et au charme de nos campagnes, il ne remet pas non plus…
Simone Wapler pose la question fondamentale de « ce que devrait vraiment faire l’Etat ». A cette dernière question elle répond en référence aux droits naturels de la personne que l’Etat doit protéger conformément à une doctrine ancienne qui puise dans l’école de Salamanque et que la Déclaration des droits de l’homme de 1789 à bien énoncée : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ; ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». L’Etat ne devrait donc nous demander en impôt que ce qui est nécessaire à ses missions régaliennes.