À la demande du Gouvernement, l’Inspection des Finances vient de se pencher de manière fort critique sur l’utilité des Commissaires aux comptes dans les petites entreprises privées. Même s’il est assez éloigné du vécu et de la réalité de la mission tels que j’ai pu les percevoir durant quelque 30 années d’exercice personnel de la profession, le rapport est sans appel. Pour ces entités quasiment individuelles, où l’Europe n’exige pas de certification externe (les seuils actuels sont de 8M€ de chiffre d’affaires, 4M€ de total de bilan avec un effectif maximum de 50 salariés), le mandat du Commissaire aux comptes ne présente absolument aucun intérêt et entraîne un coût parfaitement inutile. Fort bien, ce qui est dit est dit et on se gardera bien sûr de contester le moins du monde les conclusions péremptoires d’une institution aussi prestigieuse.
Thierry Benne
Avertissement: le champ de cet article se limite exclusivement aux cotisations du monde salarial, les cotisations vieillesse des indépendants posant d’autres problèmes que nous traiterons en leur temps.
Sur le nouveau site du Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites (par abréviation HCRR ensuite) une note, datée du 9 janvier 2018 avec une dernière mise à jour du 17 avril dernier, se donne pour objet de trier le vrai du faux à propos de quelques « idées reçues sur la retraite« . On commence ainsi par l’affirmation « Notre système de retraites est en faillite » pour finir huit opinions plus loin par « La réforme des retraites sert à faire des économies ». De mise au point en mise au point, on parcourt ainsi en neuf rubriques une bonne partie de la doxa officielle sur les retraites. Le problème est que cette « pensée autorisée » vouée par essence à (r?)établir la vérité comporte elle-même de nombreuses approximations à côté de plusieurs erreurs grossières, tous dérapages malvenus qui interrogent à la fois sur le sérieux de la préparation du texte et sur les orientations qu’il préfigure quant à la prochaine réforme.
Cela fait déjà un certain temps que dans les allées du pouvoir, à la Cour des comptes, à l’Inspection des Finances, à l’INSEE, à France Stratégie ou encore à Terra Nova, il est de bon ton de présenter les actuels retraités comme des nantis, des privilégiés, des « rentiers ». D’ailleurs, les médias les montrent toujours assez jeunes, souriants et épanouis, soit en voyage au volant d’élégants cabriolets, soit se prélassant en transats sur de superbes paquebots, soit encore circulant en vélo dans des paysages magnifiques. Mais, honte à eux: les retraités absorberaient goulument une part excessive (présentement 13 à 14% selon les sources) du PIB du pays, au détriment notamment de la jeunesse qui se débat dans des difficultés sans nom. Un peu comme si les seniors étaient responsables de l’échec des politiques économiques erratiques et démagogiques menées depuis des décennies très largement sans eux et même dernièrement, ouvertement contre eux. Pour parler clair, alors que jusqu’en 2010, les réformes des retraites avaient été conduites dans un souci exclusif de rééquilibrage financier, les toutes dernières réformes ont ajouté aux sacrifices demandés aux seniors, au blocage prolongé de leurs pensions, aux manipulations douteuses des temps, des taux et des montants, une sorte de mise en examen sociale des retraités, accusés de parasitisme et d’égoïsme aux dépens des générations suivantes.
Rapports de la Cour des comptes : le contribuable finance à la fois les « voleurs » et les « gendarmes »
Avec un effectif global en 2016 de plus de 1 729 personnes pour la Cour des comptes elle-même et les 21 Chambres régionales des comptes, nous payons très cher le coût des contrôles, sans en tirer du tout le bénéfice attendu. Tant que la République n’aura pas mis en place une véritable responsabilité de l’ordonnateur, qui puisse aller effectivement jusqu’à son licenciement (fonctionnaire) ou à sa révocation (élu) dans le cas des fautes les plus graves, notre contrôle des comptes ne servira à rien.
Les « fake news » (fausses nouvelles), ça vient aussi des Présidents de la République
En terme de « fake news » ou plutôt de « fausses nouvelles », ou mieux de « nouvelles truquées » (nous sommes Français que diable!), comment oublier que l’auteur de l’une de ces nouvelles, la moins innocente, la plus pernicieuse et la plus durable était rien moins qu’un certain Hollande, Président de la République de surcroît, qui pendant cinq ans et avec l’aide besogneuse de tous ses porte-mensonges a berné le pays tout entier d’une promesse de baisse du chômage à usage intrinsèquement électoral, qui ne s’est jamais concrétisée et qu’il n’a en définitive jamais tenue. Quand Monsieur Macron, lui-même, pour des besoins de propagande évidents, a assuré officiellement qu’il n’y aurait plus un seul « sdf » sans toit fin 2017, était-ce – avec le recul de ce début janvier 2018 – une « fake new » (comme ils disent!) ou ne l’était-ce pas? Avec les juges et le Conseil constitutionnel que nous avons, ce ne l’était sûrement pas, ce qui ne suffit pas pour autant à rasséréner le citoyen qui, au creux de son bon sens et de sa logique personnelles, peut tout à fait nourrir une opinion autre et sans doute plus conforme à la réalité.
La Cour des Comptes vient de dénoncer le monde incroyable des hautes rémunérations à Bercy. Ceux qui ont la prétention de demander aux contribuables de respecter la loi n’hésitent pas à la contourner dès qu’il s’agit de leurs propres intérêts. Le système doit cesser !
On vient d’apprendre que notre pays, qui ne comptait déjà qu’un peu moins de 2 000 médecins gynécologues médicaux en 2007, n’en aurait plus désormais fin 2017 que 1 136 ( pas moins de six départements et certaines villes moyennes défavorisées – notamment en banlieue parisienne- n’en ont plus du tout). Et comme beaucoup de ces praticiens, âgés de plus soixante ans, s’apprêtent en outre à prendre incessamment une retraite bien méritée, en l’état, la projection 2025 s’effondre à 531 spécialistes pour une population proche de 30 millions de femmes.
Obligé récemment de manger son chapeau, en repoussant d’une dizaine d’années sa promesse parfaitement démagogique de réduction accélérée du nucléaire, en ballotage incertain sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes, le Ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, vient pourtant de nous signifier ces derniers jours que sa capacité de nuisance demeure intacte.
Il est absolument insupportable de voir partout prospérer l’affirmation très « tendance » que les retraités coûtent cher et même bien entendu (cf. Terra Nova, France Stratégie…et quelques autres éminences de la même paroisse) beaucoup trop cher à la Nation. Certes on se trouve bien en présence d’un système de répartition et voici souvent des lustres que les cotisations passées des retraités d’aujourd’hui ont financé les pensions de leurs devanciers d’hier. Mais si on dépouille ces retraités de leurs propres cotisations passées, il faut réciproquement admettre en logique de répartition que les cotisations des actifs actuels viennent directement en déduction du coût des pensions présentes. Or, bien qu’ils partagent avec les propriétaires fonciers l’insigne disgrâce d’appartenir à la race présidentiellement honnie des rentiers, on ne peut à la fois priver les retraités et du crédit de leurs cotisations passées et du produit des cotisations actuelles, car notre système de répartition demeure par essence un système contributif et il faut bien à un moment ou à un autre lui rattacher des cotisations qui ont été effectivement versées et qui n’ont pas disparu comme par enchantement.