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Expatriation des élites : le symptôme d’une France à bout de souffle

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L’expatriation des plus aisés n’est pas un simple phénomène économique, mais le reflet d’une crise profonde qui traverse notre pays. L’instabilité institutionnelle, avec une succession effrénée de gouvernements et un climat fiscal imprévisible, pousse de nombreux entrepreneurs, cadres supérieurs et retraités fortunés à envisager l’exil. Ce mouvement n’est pas une fuite égoïste, mais un signal d’alarme. Comme le souligne Philippe Lorentz, avocat fiscaliste : « Nous préparons des départs, des transferts de sièges qui pourront précéder des départs physiques. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec un taux de prélèvements obligatoires atteignant près de 43 % du PIB, l’un des plus élevés d’Europe, la pression fiscale est devenue insoutenable. Pourtant, la fiscalité n’est pas toujours la motivation première de ces départs. Beaucoup des candidats à l’exil confient qu’ils accepteraient volontiers de payer plus d’impôts, à condition de voir une amélioration tangible des services publics et un effort sincère pour maîtriser les dépenses. Ce sentiment de désillusion traduit un malaise plus profond : un État incapable de se réformer, tout en perpétuant un modèle dépassé.

Chaque année apporte son lot de nouvelles taxes et de complexités administratives, décourageant l’investissement et la création d’entreprises. Avant d’être renversé par exemple, le gouvernement Barnier avait proposé une « contribution différentielle sur les hauts revenus » (CDHR) d’une durée trois ans dans le PLF 2025. Pendant ce temps, seulement 45 % des Français payaient l’impôt sur le revenu en 2023, d’après les chiffres de la Direction générale des finances publiques. Ces politiques contribuent à renforcer le sentiment d’injustice fiscale et à donner l’image d’un pays où la réussite est systématiquement pénalisée.

Il est évident que la France a besoin d’un électrochoc politique. Les demi-mesures et les réformettes ne suffiront pas à restaurer la confiance des citoyens. Il est temps de suivre l’exemple de figures libérales comme Javier Milei en Argentine, qui a su imposer des réformes radicales : il ne s’agit pas uniquement de réduire la fiscalité, mais de repenser profondément le rôle de l’État, de simplifier les réglementations et de libérer les forces vives du pays. Si la France persiste dans la direction qui est la sienne, elle risque de perdre non seulement ses talents, mais aussi son avenir. L’expatriation des plus aisés n’est pas une fatalité : c’est le symptôme d’une gouvernance qui refuse de s’adapter. La réponse n’est certainement pas de pointer du doigt ceux qui envisagent de quitter le pays, mais de leur donner envie d’y rester et d’y prospérer.

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8 commentaires

Dr JEAN DOREMIEUX 31 décembre 2024 - 9:01 am

Votre exposé peut inspirer des mesures essentielles. Parmi celles-ci que pensez vous des propositions du NOBEL D’ECONOME Maurice ALLAIS dans son livre intitulé L’IMPÔT SUR LE CAPITAL ET LA REFORME MONETAIRE ?

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Boutté 31 décembre 2024 - 9:54 am

Bien sûr qu’il s’agit d’une “fuite égoïste”. Tout le monde n’a pas l’âme portée au sacrifice ! Toutefois l’impéritie de l’État en porte la responsabilité initiale et l’abus des “doubles nationalités” accélère la fuite lorsque le bateau prend l’eau .

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Denis Huneau 31 décembre 2024 - 10:29 am

Avant de commenter et d’expliquer le phénomène de l’exil des élites françaises, il serait bon de le caractériser et d’en montrer l’existence …

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Jerome SAVONA 1 janvier 2025 - 6:22 pm

Le phénomène est mesurable au niveau des diplômes “bankables”, pas ceux en sociologie ou littérature. Simplement en mesurant le % des jeunes diplomés de GE qui saisissent l’opportunité de partir vite a l’étranger…et dont le taux de retour s’amenuise de plus en plus. En cherchant un peu vous trouverez des articles sur le sujet.

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Jerome SAVONA 31 décembre 2024 - 12:03 pm

Rien d’étonnant. En s’expatriant a Dubai, mon fils aîné (profil “vraie GE” classique via concours + multilingue car enfant d’expat) a augmenté sa capacité à économiser par un facteur 10 par rapport à Paris.
Mais surtout ce qui le mettait hors de lui c’étaient toutes ces exceptions françaises, régimes spéciaux, intermittents etc.., i.e. cette impression persistante que ça ne fonctionne pas vraiment au mérite individuel dans ce pays.
Il m’a clairement dit qu’il ne reviendra plus en France. Et ce sera Singapour quand il aura des rejetons.
Résultat, les deux suivants (même profil, nés eux aussi quand j’étais expat) ont le même but.

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Oncpicsou 31 décembre 2024 - 12:16 pm

Nos cerveaux s’en vont et nous accueillons des illettrés… quelle chance pour la France!
A l’injustice fiscale s’ajoute le stress de l’insécurité fiscale. Dans la complexité du système vous ne pouvez jamais être sur de ne pas avoir oublié à une déclaration allant contre le bon sens!

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Thierry 31 décembre 2024 - 7:04 pm

Bravo pour l’article
c’est une évidence depuis des années pour les particuliers comme pour les entreprises
si au moins il y avait une stabilité , une sérénité , du long terme

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AlainD 1 janvier 2025 - 7:51 pm

Hélas, nous avons des personnels politiques qui ne veulent pas réduire leur train de vie et se contentent d’augmenter les impôts et taxes de toute sorte. Macron se montre incapable de respecter ses promesses de réduction de la dette, réduction du nombre de fonctionnaires, suppression des régimes spéciaux, réduction et suppression d’un tas de machins qui ne sont faits que pour recaser des copains-copines et dont l’utilité reste à démontrer.. Dans les faits, nous sommes gouvernés par des fonctionnaires fortement syndiqués qui voient défiler des ministres tandis qu’eux restent. Un exemple flagrant : les contrôleurs de la navigation aérienne qui se mettent en grève pour un oui ou pour un non et je ne parle pas de la SNCF autre Etat dans l’Etat.

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