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En graciant son fils, Joe Biden consacre aussi les « grâces préventives »

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Sur le départ, Joe Biden a ouvert la boîte de Pandore. En exerçant son pouvoir de gracier son fils Hunter, sur le point d’être condamné à la prison pour évasion fiscale, il politise un peu plus la justice américaine. C’est du pain bénit pour Donald Trump, accablé depuis plusieurs années de multiples poursuites judiciaires qu’il présente comme de la persécution politique.

D’autres grâces présidentielles, soit du fait de Joe Biden d’ici le 20 janvier, soit du fait de Donald Trump après sa prestation de serment, sont maintenant envisagées. Nombre d’entre elles ne serviraient que les intérêts partisans et particuliers des présidents, sans vraiment corriger d’injustices flagrantes. La tendance ne peut que rendre les Américains encore plus cyniques sur les pratiques de leurs élus.

Même les démocrates sont outrés de cette révision des faits

La grâce accordée à Hunter Biden est choquante par son « timing » et son ampleur. Joe Biden aurait pu attendre la dernière minute, le 20 janvier au matin par exemple. La décision aurait été noyée dans l’actualité de la prestation de serment de Donald Trump. Il a néanmoins décidé d’agir vite car la sentence contre son fils était imminente. Un jury l’avait déjà déclaré coupable en juin dernier. Mais surtout, cette grâce est totale, couvrant tout délit possible de 2014 à 2024.

Voilà 4 ans qu’il promettait à tout bout de champ de ne pas gracier son fils…Il a menti et il mentait probablement lorsqu’il
faisait cette promesse… Joe Biden laisse donc entendre, implicitement, que d’autres malversations non révélées à ce jour auraient pu faire l’objet de poursuites à l’avenir. Il agit de manière préventive pour immuniser absolument son fils. Après tout, on ne sait toujours pas où sont passés les millions de dollars que ce fils indigne, alors qu’il était accroc à la cocaïne et aux prostituées, gagnait en monétisant, auprès d’hommes d’affaires étrangers douteux, son accès au vice-président puis président Biden. Le refus de la presse de l’establishment, depuis des années, d’enquêter sur le trafic d’influence du clan Biden, sous prétexte qu’il ne fallait pas alimenter les théories complotistes de la droite trumpiste, a fait bien des dégâts.

Pour justifier cette grâce, Joe Biden parle d’acharnement et d’erreur judiciaire. Même les démocrates sont outrés de cette révision des faits. Il est totalement faux par exemple de prétendre, comme le fait le président Biden, que des tels délits ne font généralement pas l’objet de poursuites. Une évasion fiscale avérée de 1,4 million de dollars n’est pas une broutille. La cheffe de la police de Baltimore, par exemple, a purgé 10 mois de réclusion pour avoir caché au fisc 67.000 dollars de revenus. Et elle n’a pas, elle, bénéficié de l’incroyable lenteur et des hésitations qu’ont montrées les procureurs envers Hunter Biden, sous la pression évidente de Joe Biden et ses amis.

Une partie de la gauche démocrate encourage maintenant Joe Biden à aller plus loin dans les « grâces préventives ». Elle insiste sur l’importance d’empêcher Donald Trump, et sa future administration, de poursuivre ceux qui ont lancé contre lui de multiples procédures pénales. Jack Smith, procureur spécial du Département de la justice, et Alvin Bragg, procureur élu de Manhattan, sont effectivement en tête de la liste des ennemis dont Donald Trump a promis de se venger.

Le président élu se sent désormais encore plus libre de blanchir des personnes condamnées

Sans attendre le 20 janvier, date de sa prestation de serment, le président élu a demandé qu’on annule immédiatement sa condamnation au pénal dans le procès pour fausses écritures comptables destinées à cacher les paiements qu’il a versés à une actrice de films pornographiques, « Stormy Daniels », qui l’accusait d’agression sexuelle.

Le président élu se sent désormais encore plus libre de blanchir éventuellement à son tour, par exemple les personnes condamnées pour avoir envahi le Capitole le 6 janvier  2021, brutalisé la police, détruit et volé des biens publics et pourchassé des élus qui refusaient d’invalider la victoire de Joe Biden aux élections de novembre 2020.

Plusieurs proches de Donald Trump insistent aujourd’hui pour qu’à peine revenu à la Maison- Blanche, il accorde sa grâce à Edward Snowden, ancien employé de la National Security Agency (NSA), qui en 2013 a fait fuiter dans la presse des milliers de documents révélant l’ampleur de la surveillance systématique des communications de millions d’Américains. Inculpé pour espionnage, accusé d’avoir causé un tort énorme aux services de renseignement des États-Unis et de leurs alliés, Snowden vit en exil en Russie. Il fait cependant l’objet d’une grande admiration dans les milieux libertariens proches de Donald Trump, pour avoir levé le voile sur des pratiques d’écoutes par la NSA, reconnues depuis en partie illégales.

Il est vrai que le privilège de la grâce au profit de membres de la famille d’un président n’est pas sans précédent. Mais il s’était jusque là exercé après une condamnation ferme et non pas avant une éventuelle condamnation. Bill Clinton en 2001 avait par exemple gracié son demi-frère Roger Clinton, condamné en 1985 pour distribution de cocaïne. Quant à Donald Trump, il avait en 2020 blanchi Charles Kushner, le père de son gendre, condamné en 2005 pour fraude fiscale et persécution de témoins. Charles Kushner, promoteur immobilier new yorkais, qui avait passé seize mois en prison, s’était refait entre-temps une réputation de philanthrope. Il vient d’être choisi comme futur ambassadeur des États-Unis en France…

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