Dans un article paru sur le site anglais de l’IREF Europe, Samuele Murtinu dresse un constat préoccupant : l’Europe est à la traîne dans la course mondiale en IA, paralysée par une bureaucratie excessive. Pendant que les États-Unis et la Chine investissent massivement, l’Europe s’embourbe dans des réglementations.
En 2024, l’Europe n’a capté que 6 % des 35 milliards de dollars investis à échelle mondiale dans les startups spécialisées en IA. Sans infrastructures numériques de pointe, ni géants technologiques capables de rivaliser avec des entreprises comme Google ou Huawei, les entreprises européennes dépendent des acteurs étrangers. En cloud computing par exemple, l’Europe est tellement en retard qu’elle ne peut héberger ses propres modèles d’IA avancés.
Les chiffres sont encore plus frappants lorsqu’on s’intéresse aux investissements de manière générale. En 2023, les pays européens ont investi 8,7 milliards d’euros dans l’IA, contre 62,5 milliards aux États-Unis. Alors que les Américains et les Chinois considèrent l’IA comme un levier économique et militaire essentiel, l’Europe gaspille ses ressources dans des régulations complexes, comme l’AI Act, qui découragent les entrepreneurs.
Cette sur-réglementation ne freine pas seulement l’innovation. Elle met également l’Europe en position de faiblesse géopolitique. Les avancées dans le domaine de l’IA transforment l’équilibre des puissances mondiales : elle est utilisée dans la défense, l’exploration spatiale, la médecine… Les États-Unis, avec des entreprises comme SpaceX, avancent à grands pas tandis que l’Europe reste spectatrice.
Murtinu souligne à juste titre que ce retard n’est pas seulement d’ordre financier ; il est aussi d’ordre structurel. Un environnement économique dans lequel des lois nationales et européennes se superposent complique la tâche des entrepreneurs. Ils passent plus de temps à anticiper les risques bureaucratiques qu’à innover, un cauchemar qui rappelle les lourdeurs du planisme soviétique. Si l’Europe souhaite rattraper son retard, elle devra abandonner son obsession réglementaire au profit d’une stratégie tournée vers l’investissement, la coopération et le soutien aux entrepreneurs. À défaut, elle continuera de regarder les autres pays façonner l’avenir.