La tutelle du FMI n’est pas pour demain mais ses avertissements commencent à tomber. Le Fonds monétaire international (FMI) a mis la France en garde contre un risque de large dérapage budgétaire sans efforts de consolidation. Le déficit sera vraisemblablement de 6,1 % du PIB fin 2024, alors qu’il était initialement attendu à 4,4 %. Un dérapage qui justifie une enquête sérieuse pour en rechercher les responsables, avec soupçon de manque de sincérité des pouvoirs publics, dans la mesure où ni l’inflation ni la croissance mondiale, deux des paramètres clés pris en compte par les responsables à Bercy, n’ont connu une évolution substantiellement inattendue depuis un an…
Le déficit public pourrait légèrement redescendre à 5,9% l’année prochaine, avant de passer à 5,8% en 2026 et stagner à 5,9% en 2027, 2028 et 2029, selon un rapport budgétaire de l’institution de Washington publié mercredi, ce qui reste très élevé. Sans efforts supplémentaires, la dette publique pourrait aussi grimper un peu plus au fil des années et culminer à 124,1% du PIB en 2029, estime le FMI qui la voit à 112,3% à la fin de cette année.
Pour tenter de redresser la barre, le gouvernement a annoncé un effort de 60 milliards d’euros d’économies dans son projet de budget pour 2025, en fait surtout des hausses d’impôts et une baisse des dépenses par rapport à ce qui était initialement prévu (en clair, les dépenses augmenteront tout de même) dans le budget en discussion devant l’Assemblée nationale depuis lundi. Selon le rapport du FMI citant spécifiquement le cas de la France, « dans les économies avancées où la charge fiscale est déjà élevée, les ajustements devraient reposer davantage sur une redéfinition des priorités en matière de dépenses (par exemple, par le biais d’un examen général des dépenses) dans le cadre d’une réduction globale des dépenses publiques ».
En difficulté à l’Assemblée nationale (la surtaxe temporaire sur les hauts revenus, devant durer au maximum 3 ans et censée rapporter deux milliards d’euros en 2025, a été pérennisée par l’Assemblée nationale grâce au vote des députés du MoDem, membres du « socle commun » soutenant Michel Barnier, contre l’avis du gouvernement), Matignon a ouvert la voie à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le budget 2025, même s’il assure à ce stade vouloir la poursuite des débats parlementaires. Cet article 49.3, qui permet de considérer qu’une loi est votée sans vote du Parlement, faute de motion de censure, paraît au demeurant peu conforme aux principes clés de la démocratie parlementaire et est sans équivalent en Occident.