Le Premier ministre Michel Barnier a indiqué, lors de son intervention sur France 2 le jeudi 3 octobre, que tous les départs à la retraite de fonctionnaires ne seraient pas remplacés. Dans La Tribune Dimanche du 6 octobre, il a précisé qu’il n’y aurait pas de « coup de rabot » mais plutôt des redistributions d’effectifs au sein des administrations centrales et des opérateurs.
A n’en pas douter l’augmentation continue des effectifs d’agents publics est un problème. Emmanuel Macron, qui avait promis en 2017 de réduire leur nombre de 120 000, les a finalement accrus de 150 000. En 2023, 59 000 postes supplémentaires ont été créés. Dans le budget 2024, il est encore prévu la création de 9 000 postes dans la seule fonction publique d’État.
Bref, la machine semble devenue folle. Dieu soit loué, Michel Barnier est décidé à la stopper ! Et même à embrayer la marche arrière. Mais de quels chiffres précisément parle-t-on ? Pour l’instant, le Premier ministre est resté flou et son ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, tout autant. Celui-ci, comme le relatent Les Échos, semble déjà vouloir mettre de l’eau dans son vin : « Nous ne sommes pas dans une logique dogmatique type non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ; cela partira des réalités du terrain ». « Tout dépendra de ce qu’on arrivera à faire en termes de débureaucratisation », a-t-il ajouté, en précisant que « l’objectif est de continuer d’avoir des services publics forts sur le terrain ».
Des propos qui annoncent plutôt une capitulation. Il faut dire que Guillaume Kasbarian a annoncé vouloir faire des réformes avec les syndicats. Autant dire qu’il ne se passera pas grand-chose.
Mais revenons à notre question initiale : de quels chiffres parle-t-on ? Selon Les Échos, toujours bien informés, « la baisse envisagée des effectifs serait de moins de 5 000 postes ».
La France compte presque 7 millions d’agents publics, soit 3,4 millions de plus que l’Allemagne. Si nous réduisons leur nombre de 5 000 chaque année, il nous faudra 680 ans pour atteindre le niveau de notre voisin d’outre-Rhin !
Si Michel Barnier veut vraiment redresser les comptes publics, il va devoir être plus audacieux, en supprimant le statut de la fonction publique et en réduisant les effectifs publics de 10% (et non pas 0,07% comme annoncé), notamment grâce à une ambitieuse désétatisation (de l’hôpital à l’école, en passant par l’audiovisuel et la Sécurité sociale).