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CO2 : les émissions par habitant de l’Asie rejoignent celles des pays développés. Quelles implications ?

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Les politiques climatiques occidentales feignent d’ignorer l’évidence : l’avenir des émissions mondiales de CO2 se joue dans les pays émergents, et surtout en Asie.

Où augmentent les émissions ?

Depuis 1990, année prise comme référence par les politiques climatiques de l’Union européenne, les émissions de CO2 ont évolué dans le monde de la façon suivante :

Évolution comparée des émissions de CO2 dans le monde et en Asie
(Source : Ourworldindata)

C’est incontestable : les augmentations d’émissions sont celles de l’Asie. Et dans le reste du monde, les faibles gains des uns (l’UE a baissé ses émissions de 1 gigatonne) ont été compensés en partie par la faible hausse des autres. Ce fait majeur est pourtant rarement mentionné par les médias.

Vers une convergence des émissions en fonction de la population ?

En prolongeant de façon réaliste les tendances actuelles jusqu’en 2030, on constate un phénomène intéressant : Le pourcentage dans les émissions totales de la planète des zones géographiques qui émettent le plus tend à dépasser celui de leur poids dans la population mondiale.

Part des émissions mondiales de CO2, grands émetteurs (source : IREF)
Part de la population mondiale par continent
(Source : Ourwolrdindata)

La seule dérogation à cette tendance, à ce jour, vient d’Afrique : 20% de la population mais à peine 5% des émissions. Cela tient à sa grande pauvreté. Il est cependant concevable qu’à l’instar de certains pays, l’Afrique puisse entamer un décollage économique d’ici une à deux décennies, comme le fait l’Asie depuis 20 ans.
La convergence lente mais inexorable des niveaux de vie qui s’opère entre les pays émergents et les pays les plus développés va conduire à réduire, en quelques décennies, les écarts en termes d’émissions par tête. Ce phénomène est déjà perceptible lorsque l’on compare celles de l’Asie, en particulier la Chine, à celles de l’Union européenne et de l’ensemble des pays développés :

Émissions comparées par habitant de l’Asie, de la Chine, de l’UE, et des pays les plus riches
(Source : Ourworldindata)

Les émergents ont à ce jour choisi le charbon

Or les grands blocs émergents (Chine, Inde, Asie du sud, Afrique) ont fait le choix de privilégier le charbon pour accroître leur production d’électricité. Leurs efforts dans les autres secteurs (nucléaire, renouvelables), sans être négligeables, ne représentent qu’une fraction très minoritaire de cette production. Entre 1990 et 2023, l’Asie a multiplié sa consommation d’énergie par 3,6 et augmenté sa consommation de fossiles de 55 TWh, dont la moitié en charbon, soit 7 fois plus que la somme des renouvelables et du nucléaire.

Et ne nous laissons pas impressionner par les déclarations des dirigeants chinois ou indiens promettant le Net Zéro pour 2060 ou 2070 : ces promesses n’ont pas plus de valeur que le net zéro 2050 des Occidentaux. Les dirigeants de ces pays ont été clairs : réalisme économique oblige, ils ne substitueront des énergies non émettrices aux hydrocarbures que lorsqu’elles seront, à fiabilité égale, plus économiques.

De fait, on recense en Asie 77% des centrales électriques à charbon actives dans le monde (6580 au total), dont 50% pour la Chine, et 96% des nouvelles unités en projet (Chine: 64%). La plupart (86%) des centrales chinoises ont moins de 20 ans, et les nouvelles générations sont conçues pour durer une quarantaine d’années.  Le charbon ne disparaîtra pas du paysage énergétique mondial demain. Or, ces centrales sont responsables de 39% des émissions de l’Asie et 42% de celles de la Chine.

Remplacer le charbon : qui en sera capable ?

On pourrait objecter que le charbon n’est pas tout, et que tant le chauffage résidentiel que les transports sont aujourd’hui très dépendants du gaz ou du pétrole. Mais les solutions envisagées pour réduire les émissions de ces secteurs supposent de les remplacer massivement par de l’électricité. On en revient donc toujours à la même question : par quoi toute cette nouvelle demande en électricité sera-t-elle satisfaite ? Combien de nouvelles centrales seront nécessaires ? Avec quelle technologie ?

De fait, l’élément crucial de la baisse des émissions dans le monde, à long terme, est le remplacement, entre 2050 et 2070, d’une quantité importante de centrales à charbon asiatiques, et peut-être africaines. Deux questions se posent :

1. Par quelles technologies sera-t-il possible de les remplacer ?

 Remplacera-t-on le charbon… par du charbon ? du gaz ? Deux hypothèses qui n’ont rien d’absurde, ces technologies bénéficiant actuellement d’une très forte avance sur les autres en termes de coûts d’investissements initiaux au KW, notamment en Chine et en Inde (IEA). Remplacer le charbon par du gaz permettrait de réduire les émissions des centrales de 60% par kWh produit : pas négligeable, mais évidemment très loin du net zéro. Encore faudrait-il que ces deux géants démographiques aient découvert des ressources en gaz plus importantes qu’aujourd’hui, et aient pu développer une logistique qui convienne à ce carburant.

L’éolien et le solaire ne sont pas près d’avoir la fiabilité nécessaire pour remplacer durablement des énergies fossiles pilotables. Les autres technologies pilotables (nucléaire, géothermie, biofuels) doivent encore faire de très gros progrès pour amener le prix de leur électricité au même niveau que le charbon. Vingt-cinq ans ne seront pas de trop pour y parvenir. Ne devrions-nous pas concentrer nos efforts en recherche et développement sur ces centrales efficientes de demain, plutôt que d’imposer des mesures d’écologie punitive dès aujourd’hui à nos populations ?

2. Qui seront les principaux fournisseurs de ces technologies de substitution ?

Les entreprises qui assureront la succession du charbon viendront-elles des pays qui auront continué de se développer normalement, ou de ceux qui auront sciemment saboté leur économie en lui imposant une transition énergétique forcée à un rythme trop rapide ? De ceux qui continueront à s’inscrire dans le commerce mondial, ou de ceux qui s’en seront soustrait en imposant un protectionnisme vert ? De ceux où les inventeurs seront valorisés et pourront espérer accroître considérablement leur train de vie du fait de leur génie, ou de ceux où, qu’importe leur capacité à créer de la valeur, ils devront rationner leur alimentation, leurs déplacements, leur logement, au nom de la planète ?

 Conclusion

La probable et souhaitable convergence des niveaux de vie à l’échelle planétaire d’ici la fin du siècle rendra à terme les émissions de CO2 de chaque zone géographique quasiment proportionnelles à leur population. Aujourd’hui, pour environ 80% de la population mondiale, le développement est encore lié à celui des énergies fossiles, et notamment du charbon, et cela durera au moins jusqu’au tournant du demi-siècle.

Si le CO2 est réellement le problème que dénoncent les écologistes catastrophistes, alors la meilleure stratégie pour en réduire les émissions à long terme est de laisser des entreprises concevoir et vendre les moyens efficaces de remplacer les centrales au charbon et au gaz dans 25 à 40 ans,  et non d’imposer dès aujourd’hui des politiques qui détruisent nos économies, nos modes de vie et nos libertés.

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