Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » CO2 : les émissions par habitant de l’Asie rejoignent celles des pays développés. Quelles implications ?

CO2 : les émissions par habitant de l’Asie rejoignent celles des pays développés. Quelles implications ?

par
1 232 vues
Les politiques climatiques occidentales feignent d’ignorer l’évidence : l’avenir des émissions mondiales de CO2 se joue dans les pays émergents, et surtout en Asie.

Où augmentent les émissions ?

Depuis 1990, année prise comme référence par les politiques climatiques de l’Union européenne, les émissions de CO2 ont évolué dans le monde de la façon suivante :

Évolution comparée des émissions de CO2 dans le monde et en Asie
(Source : Ourworldindata)

C’est incontestable : les augmentations d’émissions sont celles de l’Asie. Et dans le reste du monde, les faibles gains des uns (l’UE a baissé ses émissions de 1 gigatonne) ont été compensés en partie par la faible hausse des autres. Ce fait majeur est pourtant rarement mentionné par les médias.

Vers une convergence des émissions en fonction de la population ?

En prolongeant de façon réaliste les tendances actuelles jusqu’en 2030, on constate un phénomène intéressant : Le pourcentage dans les émissions totales de la planète des zones géographiques qui émettent le plus tend à dépasser celui de leur poids dans la population mondiale.

Part des émissions mondiales de CO2, grands émetteurs (source : IREF)
Part de la population mondiale par continent
(Source : Ourwolrdindata)

La seule dérogation à cette tendance, à ce jour, vient d’Afrique : 20% de la population mais à peine 5% des émissions. Cela tient à sa grande pauvreté. Il est cependant concevable qu’à l’instar de certains pays, l’Afrique puisse entamer un décollage économique d’ici une à deux décennies, comme le fait l’Asie depuis 20 ans.
La convergence lente mais inexorable des niveaux de vie qui s’opère entre les pays émergents et les pays les plus développés va conduire à réduire, en quelques décennies, les écarts en termes d’émissions par tête. Ce phénomène est déjà perceptible lorsque l’on compare celles de l’Asie, en particulier la Chine, à celles de l’Union européenne et de l’ensemble des pays développés :

Émissions comparées par habitant de l’Asie, de la Chine, de l’UE, et des pays les plus riches
(Source : Ourworldindata)

Les émergents ont à ce jour choisi le charbon

Or les grands blocs émergents (Chine, Inde, Asie du sud, Afrique) ont fait le choix de privilégier le charbon pour accroître leur production d’électricité. Leurs efforts dans les autres secteurs (nucléaire, renouvelables), sans être négligeables, ne représentent qu’une fraction très minoritaire de cette production. Entre 1990 et 2023, l’Asie a multiplié sa consommation d’énergie par 3,6 et augmenté sa consommation de fossiles de 55 TWh, dont la moitié en charbon, soit 7 fois plus que la somme des renouvelables et du nucléaire.

Et ne nous laissons pas impressionner par les déclarations des dirigeants chinois ou indiens promettant le Net Zéro pour 2060 ou 2070 : ces promesses n’ont pas plus de valeur que le net zéro 2050 des Occidentaux. Les dirigeants de ces pays ont été clairs : réalisme économique oblige, ils ne substitueront des énergies non émettrices aux hydrocarbures que lorsqu’elles seront, à fiabilité égale, plus économiques.

De fait, on recense en Asie 77% des centrales électriques à charbon actives dans le monde (6580 au total), dont 50% pour la Chine, et 96% des nouvelles unités en projet (Chine: 64%). La plupart (86%) des centrales chinoises ont moins de 20 ans, et les nouvelles générations sont conçues pour durer une quarantaine d’années.  Le charbon ne disparaîtra pas du paysage énergétique mondial demain. Or, ces centrales sont responsables de 39% des émissions de l’Asie et 42% de celles de la Chine.

Remplacer le charbon : qui en sera capable ?

On pourrait objecter que le charbon n’est pas tout, et que tant le chauffage résidentiel que les transports sont aujourd’hui très dépendants du gaz ou du pétrole. Mais les solutions envisagées pour réduire les émissions de ces secteurs supposent de les remplacer massivement par de l’électricité. On en revient donc toujours à la même question : par quoi toute cette nouvelle demande en électricité sera-t-elle satisfaite ? Combien de nouvelles centrales seront nécessaires ? Avec quelle technologie ?

De fait, l’élément crucial de la baisse des émissions dans le monde, à long terme, est le remplacement, entre 2050 et 2070, d’une quantité importante de centrales à charbon asiatiques, et peut-être africaines. Deux questions se posent :

1. Par quelles technologies sera-t-il possible de les remplacer ?

 Remplacera-t-on le charbon… par du charbon ? du gaz ? Deux hypothèses qui n’ont rien d’absurde, ces technologies bénéficiant actuellement d’une très forte avance sur les autres en termes de coûts d’investissements initiaux au KW, notamment en Chine et en Inde (IEA). Remplacer le charbon par du gaz permettrait de réduire les émissions des centrales de 60% par kWh produit : pas négligeable, mais évidemment très loin du net zéro. Encore faudrait-il que ces deux géants démographiques aient découvert des ressources en gaz plus importantes qu’aujourd’hui, et aient pu développer une logistique qui convienne à ce carburant.

L’éolien et le solaire ne sont pas près d’avoir la fiabilité nécessaire pour remplacer durablement des énergies fossiles pilotables. Les autres technologies pilotables (nucléaire, géothermie, biofuels) doivent encore faire de très gros progrès pour amener le prix de leur électricité au même niveau que le charbon. Vingt-cinq ans ne seront pas de trop pour y parvenir. Ne devrions-nous pas concentrer nos efforts en recherche et développement sur ces centrales efficientes de demain, plutôt que d’imposer des mesures d’écologie punitive dès aujourd’hui à nos populations ?

2. Qui seront les principaux fournisseurs de ces technologies de substitution ?

Les entreprises qui assureront la succession du charbon viendront-elles des pays qui auront continué de se développer normalement, ou de ceux qui auront sciemment saboté leur économie en lui imposant une transition énergétique forcée à un rythme trop rapide ? De ceux qui continueront à s’inscrire dans le commerce mondial, ou de ceux qui s’en seront soustrait en imposant un protectionnisme vert ? De ceux où les inventeurs seront valorisés et pourront espérer accroître considérablement leur train de vie du fait de leur génie, ou de ceux où, qu’importe leur capacité à créer de la valeur, ils devront rationner leur alimentation, leurs déplacements, leur logement, au nom de la planète ?

 Conclusion

La probable et souhaitable convergence des niveaux de vie à l’échelle planétaire d’ici la fin du siècle rendra à terme les émissions de CO2 de chaque zone géographique quasiment proportionnelles à leur population. Aujourd’hui, pour environ 80% de la population mondiale, le développement est encore lié à celui des énergies fossiles, et notamment du charbon, et cela durera au moins jusqu’au tournant du demi-siècle.

Si le CO2 est réellement le problème que dénoncent les écologistes catastrophistes, alors la meilleure stratégie pour en réduire les émissions à long terme est de laisser des entreprises concevoir et vendre les moyens efficaces de remplacer les centrales au charbon et au gaz dans 25 à 40 ans,  et non d’imposer dès aujourd’hui des politiques qui détruisent nos économies, nos modes de vie et nos libertés.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

9 commentaires

DONNIER 13 septembre 2024 - 7:52 am

1. Pourquoi la température de la Terre est elle stable depuis sa création alors que la teneur en CO2 est passée de 100% à 200 ppm
[1] http://climatevolution.free.fr/i1.html

La température « normale » de la Terre est plutôt chaude, 22°, avec des périodes de glaciations marquées par des chutes de températures pouvant baisser de 5°C.

Graphique 2[i]
Pendant la même période, le CO² qui composait l’atmosphère a baissé rapidement : de 80 % il y a 4.5 milliards d’années, soit 800.000 ppm, à 10 à 15 % de 4.4 à 4 milliards d’années, jusqu’à des teneurs proches de
200 ppm pendant notre ère.
2. Pourquoi le GIEC dit que le CO2 entraine les variations de température alors que les forages de VOSTOK montrent que la température évolue avant les teneurs en CO2

3 . Pourquoi le GIEC parle t il d’action rétroactive du CO2 alors que l’article écrit par LORIUS et Jean-JOUZEL montre que la température baisse alors que le CO2 et CH4 continuent de croitre pendant 1500 ans ?

Les commentaires associés à la figure 12.5 du livre ne correspondent pas à ce que chacun peut lire page 199 sur le graphique entre la ligne noire et la ligne bleue : (j’ai rajouté une ligne bleue pour aider la visualisation) . De -245.000 ans à – 238.500 ans
. Le CO² croit
. Le méthane croit
. La température croit

– De -238.500 ans à environ -237.000 ans, soit pendant environ 1.500 ans
. Le CO² croit
. Le méthane croit
. La température décroit
4.Pourquoi la température de la terre augmenterait-elle avec le doublement de la teneur en CO2 alors que des physiciens ont calculé que ce doublement entrainerait une hausse de 0.015°C
« Pour CO2 la saturation de la bande d’absorption à 15mm est atteinte vers 200 ppmv. JL Dufresne & J. Treiner 2011[ii] «
Heinz HUG a mesuré le spectre au voisinage de la bande 15 micromètres et trouvé, en cas de doublement du taux de CO², une différence de transparence résiduelle de 0.17% seulement sur une altitude de 10mètres. HUG transcrit ce résultat en forçage radiatif et conclut à un réchauffement de 0.015°.[iii]
5. Pourquoi le GIEC reprend-il pratiquement la courbe de MANN dans AR6 ? , avec pour titre L’influence humaine a réchauffé le climat à un rythme sans précédent depuis au moins 2000 ans, alors que celui-ci a été condamné par la justice américaine pour ce fait, et que le titre est totalement faux : optimum romain, optimum médiéval
IPCC-AR6_WGI_SPM_Stand_Alone_WMO_FR_06.indd
GIEC 6° rapport pour décideurs
Voir page 6, reprise de la courbez de MANN , celui-ci a été condamné
http://ace-hendaye.over-blog.fr/2019/09/michael-mann-alarmiste-climatique-prix-nobel-condamne-pour-fraude.html
27 Août 2019, 08:42am
La fraude du réchauffement climatique s’effondre alors que la Cour suprême de Colombie-Britannique a rejeté le procès en diffamation contre le faux« bâton de hockey» de Michael Mann

https://climate.news/2019-08-26-climate-change-hoax-collapses-as-michael-mann-bogus-hockey-stick-graph.html

Répondre
louis 13 septembre 2024 - 8:52 am

je rappellerais aux éscrolos qu’avec les délocalisations et les dépots de bilan la france ne devrait meme pas avoir un seul ventilateur ou eolienne si vous préférez 😂

Répondre
Jean-Aymar de Sékonla 13 septembre 2024 - 9:23 am

Les français devraient être fiers, pourquoi?
La part de la France est de 0.85% dans les émissions mondiales de CO2, et l’industrie française pour 20% de ce montant soit 0,17% des émissions mondiales de CO2 !!!
La France va certainement sauver le climat en diminuant ce taux!
Alors, que ceux qui doutent encore que ce sujet soit un prétexte utilisé par des menteurs écolos qui en réalité veulent imposer leur totalitarisme de gauche par la peur, ouvrent les yeux.
Et surtout, que la France ne se trompe pas de combat et soutienne ses entreprises au lieu de les emm.. beter avec cette lubie de CO2 .
Mais avez vous déjà vu un imbécile reconnaitre ses erreurs?

Répondre
Trasymsarl 13 septembre 2024 - 10:20 am

« Les politiques climatiques occidentales feignent d’ignorer évidence »
Ils ne feignent rien car ils n’ignorent pas que leurs politiques climatiques n’ont aucun impact sur le climat et son possible réchauffement pour la bonne et simple raison que le CO2 ne peut avoir qu’un effet très marginal sur la température de l’atmosphère. Le CO2 n’est qu’un prétexte à taxer tout et n’importe quoi, les vraies causes du réchauffement étant beaucoup plus complexes, la machine thermique atmosphérique ne se résume pas au seul paramètre CO2, ce que les vrais scientifiques spécialistes du climat ne cessent de répéter sans bien sûr être entendus!

Répondre
CLEMENT 13 septembre 2024 - 10:54 am

QUEL BONHEUR DE VOIR UN ARTICLE SYNTHETIQUE TOUT EN EXPOSANT TRES CLAIREMENT ET HONNETEMENT LES ENJEUX !!! FELICITATIONS. ON EN REDEMANDE !!!

Répondre
Jacques Peter 13 septembre 2024 - 11:18 am

Le CO2 est-il vraiment nocif? Il fait pousser les plantes. Plus il y en a, plus la planète verdit.

Répondre
BOUSCAUD Michel 14 septembre 2024 - 11:57 am

Bonjour, Les stats que vous présentez sontelles corrigées des  »imports et exports » entre zone ? Aurement dit dans les emissions de l’UE et de la france le CO2 importé d’Asie est il ou non Inclus.
Le Great Deal de l’UE orchestré par VDL et l’Allemagne est une cata en perspective. Y aura-t-il des politiques Français pour mettre les  »pieds dans le plat ». L’incohérence du maché de l’électricit et la volonté de détrure le nucléaire Français illustre bien l’incompétence des deux cités plus haut? Depuis plus de 20 ans je vis au Vietnam.

Répondre
Albatros 17 septembre 2024 - 1:34 pm

Bonjour. Une députée européenne a eu le courage de s’exprimer sur le sujet : Madame Sarah Knafo

https://www.youtube.com/watch?v=jZcYpRDB_ao

Répondre
Racine 14 septembre 2024 - 5:12 pm

Je vous trouve un peu pessimiste sur le nombre de centrales nucléaires en construction dans le monde, particulièrement en Chine. J’avoue que je ne connais pas les chiffres précis, mais j’avais l’impression que l’augmentation était significative. Et si le frein est le financement, c’est que l’ONU et la Banque mondiale ne font pas leur boulot…

Répondre