Le nouveau pavé est arrivé en librairies. Dans « Une histoire du conflit politique » (Seuil, 850 pages), Thomas Piketty et Julia Cagé veulent démontrer que l’appartenance à une classe sociale demeure le premier déterminant du vote et que la base populaire de la gauche peut se reconstituer.
Piketty balaye d’un revers de main tous les changements économiques, politiques et sociaux qui ont eu lieu ces dernières décennies
Ils racontent leur travail et leurs conclusions dans une longue interview publiée par le magazine L’Obs qui révèle, une fois de plus, deux économistes obsédés par la lutte des classes. Tout donc, selon eux, est déterminé par l’appartenance à une classe sociale, y compris le vote politique. L’IREF a maintes fois décortiqué, démystifié, les chiffres et les statistiques de Thomas Piketty, y compris dans un livre intitulé Anti-Piketty. Nous ne sommes donc pas étonnés de lire de nouvelles trouvailles pour le moins bizarres quand elles ne sont pas complètement fausses. Ce qui ressort d’abord, c’est que les auteurs regrettent que les classes populaires aient abandonné la gauche. En s’appuyant sur l’histoire politique (depuis la Révolution), ils soutiennent que la gauche d’aujourd’hui pourrait très bien reconquérir le vote populaire, urbain et rural. Car, selon eux, « l’appartenance à une classe sociale a toujours été déterminante dans le comportement électoral ». Ils balayent là d’un revers de main tous les changements économiques, politiques et sociaux qui ont eu lieu ces dernières décennies. Ils ignorent la hausse du PIB par habitant, du niveau de vie, l’importance prise par la propriété privée ou la démocratisation des voyages. Ils ignorent aussi le fait que le vote politique est dicté par de nombreux éléments et pas seulement – loin de là – par la seule appartenance à un milieu. Toutes les analyses électorales le montrent. Les bobos parisiens votent à gauche et/ou écolos contrairement aux paysans qui votent plutôt à droite et/ou extrême droite. Piketty et Cagé oublient aussi les clivages électoraux communautaires que le sondeur Jérôme Fourquet a démontrés avec des données électorales imparables.
Aujourd’hui, l’ouvrier ne vote plus pour le marxisme
Le vote des classes populaires s’oriente de plus en plus vers le RN (Rassemblement National). La fameuse ceinture rouge de la région parisienne a basculé vers l’extrême droite. Ce n’est plus le méchant patron qui fait peur aux ouvriers, mais l’immigration et le communautarisme. Aujourd’hui, l’ouvrier ne vote plus pour le marxisme, il sait que ça ne marche pas. Ceux qui votent pour l’extrême gauche sont surtout des jeunes de familles plutôt aisées, des enseignants et même des cadres. Les deux auteurs ont-ils regardé de près le vote des fonctionnaires ? Savent-ils que le vivier des partis de centre-gauche se trouve parmi eux ? Ils font plus fort encore : selon eux, le facteur principal des succès du RN dans les territoires est la… « montée des inégalités d’accès aux services publics comme les hôpitaux ou les universités. Notre Etat est aux prises avec une concurrence internationale débridée. Cela produit de nouvelles inégalités et une complexification de la structure de classe. » On se frotte les yeux ! En quoi l’hôpital français et l’université (tous deux publics et grassement subventionnés) seraient-ils victimes de la concurrence mondiale ? Ils insistent pourtant lourdement et affirment, la main sur le cœur, que « La France n’est pas de droite, elle est plutôt en quête de justice économique et sociale. Même le vote RN n’est pas un vote anti-immigrés, c’est un vote qui témoigne d’un sentiment d’abandon. Il y a en France une demande de social, de redistribution. » On croit rêver (encore une fois). La France serait donc l’un des pays les plus inégalitaires au monde, cette France super championne des dépenses publiques et sociales, en tête aussi  pour les prélèvements obligatoires ?  Comment peut-on faire encore plus de social et de redistribution ?
Non, ce ne sont pas les « bourgeois » les plus hostiles aux immigrés. Ce sont les ouvriers
Visiblement, Thomas Piketty et Julia Cagé ne vivent pas dans le même pays que nous tous. Les problèmes des immigrés, de l’insécurité et des banlieues n’existent pas ou sont mineurs. Ils soutiennent que « les bourgeois sont les plus hostiles aux immigrés ». En préparant leur livre, n’ont-ils pas eu le temps de vérifier les chiffres, les sondages ? Selon un récent sondage IFOP (parmi beaucoup d’autres), 65% des Français considèrent que notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers et qu’accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas souhaitable ; 61% pensent que la cohabitation, au-delà d’un certain seuil, poserait de trop gros problèmes à cause de valeurs et mode de vie trop différents. De plus, une large majorité (75% – dont 35% « tout à fait ») – se déclare favorable à un référendum sur la politique migratoire.  Si l’on se réfère à la fameuse « appartenance à une classe sociale », 70% des ouvriers disent qu’il ne faut pas plus d’immigrés, contre 51% des cadres. Exactement le contraire de ce que soutiennent Piketty et Cagé.
Quid des autres pays ? Les auteurs n’ont-ils pas remarqué, dans pratiquement tous les pays riches et démocratiques, les mêmes basculements électoraux, les mêmes inquiétudes à l’égard des communautarismes, la fin du vote figé et l’appel des populismes, de droite et de gauche ? Est-ce de la mauvaise foi de leur part ? Du mépris à l’égard des lecteurs ? En tout cas, c’est bien de la tromperie sur la marchandise. Une constante chez Thomas Piketty.
11 commentaires
« Aujourd’hui, l’ouvrier ne vote plus pour le marxisme, il sait que ça ne marche pas. » mais le programme du RN en est malheureusement la copie. Le problème de l’immigration s’il est communautariste c’est que nous avons laissé faire n’importe quoi. L’économie de notre pays à besoins de migrants, car la population endogène vieillit rapidement et la France risque sérieusement de disparaître du concert des nations. Jamais nous n’avons eu de politique de développement visant les pays migratoires, comme d’ailleurs dans le passé, pour ceux qui migraient vers les futurs Etats Unis d »Amérique. Attention au facteur démographique qui détermine le future d’un pays, dans le sens aussi que vous évoquez, une immigration ça se construit dans la durée pour répondre à un envahissement que l’on ne pourra pas arrêter de toute façon.
Bonne journée
La Corée du Sud et le Japon sont deux pays extrêmement fermés dont la natalité, comme dans tous les pays industrialisés, a fortement chuté. Ce qui n’empêche absolument pas, pourtant, leur économie de figurer parmi les plus dynamiques et les plus solides du monde.
Notre économie, en France, n’a pas non plus besoin de l’immigration. Elle a besoin de travailleurs de plus en plus qualifiés. Ce qui suppose de reprendre en main nos structures éducatives, de mettre en place des parcours de formation plus pragmatiques et plus efficaces… Pas de nous laisser submerger par les émigrants du monde entier.
Merci pour cette mise au point.
Le fonctionnement de Piketty et de sa femme est bien connu.
On prend une thèse plutôt moisie bien à gauche et on triture les chiffres jusqu’à leur faire dire ce que l’on veut. Si possible plus de 800 pages pour être sur que personne ne le lise entièrement et pour faire sérieux.
Et après on se pavane sur les plateaux de télé et de radio avec le ton de dire la vérité aidé par des médias qui ne comprennent rien à rien, trop contents de donner une caution « scientifique » à leurs théories de gauche.
Ce serait bien que ces médias ouvrent la presse internationale pour voir à quel point ces travaux sont questionnés.
Et puis tant qu’à parler de Piketty : ne vient-il pas d’être condamné (en cassation) pour violence conjugale. Certains sont bannis pour de simples présomptions. Lui est condamné !!!
Et on n’en parle pas ??
Julia Cagé, celle qui veut faire payer un loyer aux propriétaires (ces galeux). La gauche n’a jamais marché nulle part. Ça ne fait rien, elle creuse encore.
Si vous voulez vraiment savoir ce que Piketty a dans le ventre, comparez le avec Valdimir BOUKOVSKY dans son livre: »Cette lancinante douleur de la LIBERTÉ » – Lettres d’un Résistant Russe aux Occidentaux ISBN2-221 00707-1
Il a passé 12 ans dans les camps de concentration de Sibérie, puis a été échangé contre CORVALAN, il vit à Londres & a conduit une analyse très juste de la Russie & de l’Occident, dont tous les politiques & les militaires feraient bien de s’inspirer avant de prendre une décision sur un sujet concernant la Russie & l’Europe…dans quelque domaine que ce soit.
Ce monsieur Picketty est un imposteur. Merci de nous avoir épargné la lecture de son interminable tract et d’en faire une analyse pertinente. En cela, vous m’avez fait gagner du temps.
La gauche en France est folle. Et il est vrai que son ancien électorat se « trompe de colère » en s’orientant vers le leurre RN, qui est effectivement un avatar du socialisme, national…
Courage aux libéraux !
« …les classes populaires aient abandonné la gauche… » Aveuglés par leur idéologie trotsko communiste, Picketty et Cagé n’ont même pas remarqué que c’est la gauche qui a abandonné les classes populaires. La gauche est complètement hors sol, déconnectée des réalités des pauvres à qui elle préfère les migrants.
La gauche, toujours dans sa sphère, déconnectée de la réalité, voulant pourtant emporter la réalité avec elle. Puis les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Les pires luttes sont entre égaux. Des riches luttent contre des riches, des pauvres contre des pauvres. Je ne vois aucune lutte des classes. Tout ça, c’est de la mythomanie d’intellectuel.
J’ai eu la chance de me rendre compte à quel point les « Pikepetty » et compagnie étaient intellectuellement totalement détraqués, et sectaires. Et je suis né dans un milieu où est soutenu ce genre d’aberration n’engendrant que des catastrophes.
Rien ne définit mieux ce PIKETTY que ses dispositions à dire des ABSURDITES pour obtenir des résultats totalement improbables.
Ce prétentieux ne peut ni ne veut la réalité, ce n’est pas sa faute, c’est celle de son incompétence et de sa suffisance.
Bien envoyé Mr Lecaussin.
Vous me corrigerez si je me trompe, mais lorsque j’écoute ou lis les thèse de monsieur Piketty, j’ai tout particulièrement le sentiment de me trouver, précisément, en face d’un fils de bourgeois… comme le furent à peu près tous les Marxistes, d’ailleurs, qui prétendaient pouvoir mieux parler de la condition ouvrière que les ouvriers eux-mêmes…