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Florin Aftalion : l’économiste, le libéral, l’ami

Cet article est extrait du Journal des libertés n°21(été 2023)

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Il est facile de trouver le fil directeur de la vie et de l’œuvre de notre ami Florin : c’est la recherche de la liberté, la recherche de la vérité, la recherche de la charité.

La recherche de la liberté : Sa vie a commencé à Bucarest, mais quand il a douze ans sa famille va quitter la Roumanie parce que le Parti Communiste a pris le pouvoir en 1945 et la perspective d’un nouveau pogrom pousse les Juifs à s’exiler en Israël (Palestine à l’époque) et en France. Florin et sa famille sont des réfugiés politiques. Les premières années à Paris sont celles des études à l’Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs. La liberté : le jeune ingénieur et le jeune étudiant et docteur ès Sciences Physiques de Paris croit la trouver dans le socialisme français de l’époque, le Parti socialiste unifié qui rejette le communisme pour prôner l’autogestion. Le caractère de Florin le pousse toujours à militer, à s’engager. Cependant, après un passage très réussi dans les Universités américaines à partir de 1970 (New York University puis Northwestern à Chicago où il obtient son Ph.D. en Finance) sa liaison avec le socialisme va s’émousser et il est prêt pour participer à la grande aventure libérale de l’époque : les Nouveaux Economistes.

En 1977 se crée ce groupe d’économistes hostiles au socialo-communisme. Nous avions le vent en poupe depuis qu’existait le programme commun de la gauche, mais aussi parce que Thatcher et Reagan mondialisaient le libéralisme. Mais au départ je suis un peu inquiet d’avoir au moins deux équipiers connus pour avoir été « de gauche » quelques années plus tôt. Le premier était Florin, membre, nous l’avons vu, du PSU fondé par Michel Rocard, le deuxième était Jean-Jacques Rosa, jadis secrétaire du club Jean Moulin, club de réflexion socialiste. Mais après leur passage aux Etats-Unis, Florin et Jean-Jacques se rejoignent pour écrire L’économique retrouvée[1], ils étaient devenus libéraux et participaient dès 1976 à plusieurs rencontres d’économistes acquis à la Nouvelle Economie. Mais craintes étaient donc injustifiées : ils étaient devenus libéraux. Cela m’a appris quelque chose : l’important n’est pas d’être de gauche ou de droite, l’important est de rejeter le collectivisme socialiste et de rechercher la vérité. Et c’est bien le danger d’une victoire du programme socialo-communiste qui explique notre rencontre. On dira très vite que le « noyau dur » des Nouveaux Economistes était composé de Florin Aftalion, Henri Lepage, Pascal Salin… et votre serviteur.

La recherche de la vérité est la base de tout homme de science, et Florin ne cessera de soutenir qu’il n’y a aucune vérité scientifique dans le socialisme. C’est en 1978 que s’ouvre l’Université d’Eté de la Nouvelle Economie à Aix en Provence qui connaîtra cette année sa 37ème édition. Florin donnera la première leçon sur le thème de « la méthode de la science économique ». Mais c’est aussi en 1978 que Florin va publier Socialisme et Economie (Presses Universitaires de France, 1978), dont la couverture est précisément la tête de Karl Marx. Florin se paye sa tête et accumule tous les arguments qui peuvent convaincre que le socialisme n’a aucun rapport avec la science économique. Il renoue ainsi avec Frédéric Bastiat, que Florin va découvrir au contact de notre groupe et de l’ALEPS, dont Florin est administrateur : Bastiat et le Journal des économistes témoignaient que les socialistes ne pouvaient pas être des économistes.

D’ailleurs Florin réunira une série de textes de Bastiat qu’il publie dans la collection « Libre Echange » qui lui a été confiée (avec Georges Gallais-Hamonno) par les Presses Universitaires de France[2]. L’impact de cette collection sera considérable, on va en effet y éditer les œuvres de Hayek, de Nozick, mais aussi des « petits Français ». Ainsi la doctrine libérale sera-t-elle enfin connue dans ce pays socialiste, étatiste et jacobin depuis des siècles. Et pendant quelque cinquante ans, j’ai pu travailler avec Florin, et le mieux connaître, donc le mieux apprécier.

Florin a été un économiste, et je dirai mieux : un bon économiste.

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