Les politiques et les fonctionnaires veulent transformer les Français en entrepreneurs. Depuis les mesures pour devenir entrepreneur jusqu’aux comités créés pour les « soutenir », on ne compte plus les « initiatives » des pouvoirs publics. Cela ne s’arrête pas là. Dans un tweet récent (voir plus bas), la directrice exécutive de Bpifrance, Mme Marie Adeline-Peix, exprime le souhait qu’on intensifie la « lutte contre les inégalités d’accès à l’entreprenariat ». Noble cause. Mais que veut dire l’« accès à l’entreprenariat » ? Peut-on « accéder » à la création d’entreprises ? L’entreprenariat est un talent individuel, une passion. Il faut des idées dont certaines sont bonnes, d’autres pas. Un entrepreneur réussit ou pas. D’ailleurs, lui-même ne sait pas, au début, si son idée est viable. Les consommateurs et le marché en décideront. L’entrepreneuriat ne s’apprend pas non plus. Il faut une vocation pour devenir entrepreneur, on y « accède » par la persévérance et le travail acharné. Il n’y a pas de quotas chez les entrepreneurs : on l’est ou on ne l’est pas. On ne crée pas des entrepreneurs. On ne décide pas de qui va le devenir ou non. L’inquiétude de la directrice de Bpifrance est plus une inquiétude pour l’entrepreneuriat en France. Vouloir fabriquer des entrepreneurs, réduire les « inégalités d’accès » (où se nichent-elles, sinon dans les motivations plus ou moins affirmées et donc d’ordre personnel ?) n’augure rien de bon. Laissons les individus – hommes ou femmes – choisir leur vocation. Aidons-les juste en ne leur mettant pas dès le départ des bâtons dans les roues et en ne les assommant pas de taxes et de réglementations dès qu’ils commencent à produire des richesses. Car, on le sait très bien : plus d’Etat, c’est moins d’entrepreneurs.
On n’enseigne pas et on ne décrète pas l’entreprenariat

Nicolas Lecaussin
Directeur de l'IREF, Nicolas Lecaussin est diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l'IFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques), fondateur de l'association Entrepreneur Junior et auteur de plusieurs ouvrages sur le capitalisme, l’Etat et les politiques publiques. Auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages dont : Cet État qui tue la France (Plon, 2005), L’absolutisme efficace (Plon, 2008), Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! (First Editions, 2009), A quoi servent les riches, coauteur avec Jean-Philippe Delsol (Lattès, 2012), L’obsession antilibérale française (Éditions Libréchange, 2014), Anti-Piketty, coauteur avec Jean-Philippe Delsol (Éditions Libréchange, 2015), Echec de l'Etat, coauteur avec Jean-Philippe Delsol (Éditions du Rocher, 2017), Les donneurs de leçons (Éditions du Rocher, 2019).
2 commentaires
Bien dit, Nicolas. Et voilà qu’ils vont créer un “machin” de plus avec force argent du contribuable à la clé qui n’aboutira, comme d’habitude, à rien. Voilà que les irresponsables vont se mêler à la création d’entités privées alors qu’ils sont incapables de gérer le public et le régalien.
La question est bien cernée : on peut dire d’une certaine façon qu’il s’agit de pratiquer un enseignement constructiviste…