Alors que les annonces de succès dans la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19 apportent une bouffée d’espoir au monde entier, la France s’illustre une fois de plus par sa réticence face au vaccin. D’après un sondage réalisé sur 20 000 personnes par Ipsos et le Forum économique mondial, seulement 59 % des Français sont prêts à se faire vacciner. La France se trouve ainsi tout en bas du classement loin derrière la Belgique (70%), le Canada (67%) ou encore la Chine (94%). Comment le pays de Pasteur a-t-il pu devenir aussi réfractaire à cette technologie qui a pourtant sauvé la vie de millions d’individus et a éradiqué des maladies qui comptaient parmi les plus grands fléaux de l’humanité ?
La désinformation règne en France
Cette tendance n’est pas orpheline. Nous payons là des décennies de désinformation et de débats biaisés où les résultats scientifiques sont systématiquement ignorés au profit d’une idéologie anticapitaliste. Les biotechnologies, dont les applications sont primordiales dans l’agriculture et la santé, sont les principales victimes de cette tendance majoritairement développée par des citadins en bonne santé. Les débats au sujet des organismes génétiquement modifiés (OGM), qui polluent toutes les questions concernant l’agriculture, illustrent parfaitement cette situation. On ne compte plus les emballages estampillés de la marque « sans OGM », comme s’il s’agissait d’un poison mortel capable de faire pousser un troisième bras. Dans ce domaine, les fausses informations circulent aussi vite qu’un virus. Non, les OGM ne font pas utiliser plus de pesticides, c’est même plutôt l’inverse. Non, la nourriture issue de culture d’OGM ne peut pas modifier notre génome. Inversement, les utilisations bénéfiques des OGM sont largement méconnues du grand public. En agriculture, ils ont permis de mettre au point des plants de maïs et de coton capables de résister aux ravageurs, simplifiant le travail des agriculteurs et diminuant l’utilisation de pesticides. Du point de vue de la santé, ce sont bien des bactéries génétiquement modifiées qui permettent de produire l’insuline nécessaire au traitement des personnes diabétiques. Quant aux avancées de la thérapie génique, elles sont une véritable lueur d’espoir pour de nombreux malades atteints de cancer ou de la drépanocytose.
Une méfiance quasi pathologique envers les entreprises privées
Cette désinformation est largement entretenue par un réseau de militants très actifs aidés par des journalistes et politiciens pusillanimes. L’hystérie autour du glyphosate, dont le caractère inoffensif pour la santé fait consensus dans la communauté scientifique, a largement été entretenue par des reportages alarmistes, mais sans réels fondements scientifiques, pourtant parfois diffusés sur le service public. L’étude menée par Séralini avait trouvé un écho retentissant dans la presse malgré son caractère douteux. Les hommes politiques ne sont pas en reste, préférant dénoncer les turpitudes du « Big Pharma » et défendre le remboursement de l’homéopathie par la sécurité sociale plutôt que de se demander pourquoi les premiers vaccins contre la Covid-19 ne sont pas sortis de l’Hexagone.
On peut ajouter à tout cela une méfiance quasi pathologique envers les entreprises privées. Si la figure du chercheur ou du soignant a largement bonne presse, la situation est tout autre pour les industries pharmaceutiques. Dans un sondage de 2015 réalisé par l’institut Odoxa pour Le Figaro (https://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/11/16/24318-francais-se-defient-laboratoires-pharmaceutiques), seulement 34 % des Français ont une bonne opinion de l’industrie du médicament, contre 74 % des Britanniques, 67 % des Allemands et 69 % des Italiens. La dictature de la transparence qui a envahi la scène politique et médiatique ces dernières années a conduit à envisager n’importe quel lien entre le public et le privé comme un conflit d’intérêts nocif par principe.
Si l’on veut que la France devienne un leadeur du marché de la santé et de l’agriculture, il est urgent de construire des ponts et des partenariats entre ces deux sphères et d’encourager les échanges d’étudiants et de cerveaux entre ces deux mondes. Cela nécessite cependant d’abandonner la vision manichéenne trop facile d’un secteur privé diabolisé et d’un service public idolâtré. Il faut encourager les étudiants doctorants à travailler avec les entreprises. Ils seront gagnants car ils seront mieux rémunérés dans le cadre d’une CIFRE en partenariat avec une entreprise, avec des salaires pouvant monter jusqu’à 40 000 € pour ceux qui seront engagés par l’industrie pharmaceutique contre à peine un SMIC dans le secteur public.
Enfin, il serait temps de remettre ne serait-ce qu’un peu de science dans l’éducation de la population et plus particulièrement chez les politiques et les journalistes. Souvent issus de milieux littéraires, ceux-ci n’ont probablement jamais entendu parler, au cours de leur cursus, d’ARN, de machine learning ou même de méthodologie scientifique. Ces lacunes ne sont plus admissibles dans un monde où les questions scientifiques et technologiques sont au cœur de tous les enjeux.
9 commentaires
Les Français contre la science…
Parler de science suppose utiliser des termes exacts : ne parlez donc pas de vaccins ! Mais de thérapie génique. Et c'est fondamentalement différent … surtout en termes de risques.
Quant à dire que la communauté scientifique estime que le glyphosate n'entraine aucun désagrément à l'homme, je suppose que vous parlez des scientifiques travaillant chez Bayer ou Monsanto.
C'est justement à cause de gens comme vous que les gens ont peur de la science.
Cordialement,
J.C. Rey du Boissieu
Je suis tout à fait d'accord avec le commentaire de Jean-Claude, on ne parle pas du vaccin contre la rougeole, bien connu et maîtrisé, mais d'une nouvelle technique mise au point à la va-vite et inoculée dans la foulée sans aucun recul sur les possibles effets secondaires, et notamment les maladies auto-immunes qu'il pourrait engendrer sur le long terme par mutation de notre ADN (sclérose en plaques, etc). Un vaccin n'est généralement mis en service qu'après 8 à 10 ans de recherche pour limiter les risques, et là, il faudrait se précipiter sur un produit non maîtrisé, qui n'est pas en soi un vaccin car les labo ne garantissent ni que l'on n'attrapera pas la maladie ni qu'elle ne se propagera pas, sans compter les conflits d'intérêts révélés tant au niveau de notre pseudo conseil scientifique qu'au niveau de l'UE, et tout ça pour une maladie à 0,05 % de mortalité, pour laquelle des traitements sont maintenant bien documentés et efficaces ?
De qui se moque-t-on ? Comment osez-vous traiter entre les lignes les Français d'obscurantistes et complotistes, alors qu'ils essaient au contraire de faire preuve d'esprit critique, en réaction à la propagande de la Pensée unique ?
Vous parlez également du glyphosate, mais comment voulez vous que l'on ait un avis éclairé quand on n'a que les points de vue extrêmes des verts d'un côté et des industriels de l'autre ? Il y a autant de conflits d'intérêts ou idéologiques dans un sens comme dans l'autre.
Je suis TOTALEMENT d'ACCORD avec ce commentaire.
Le débat sur CE "vaccin" (terme erroné) est totalement fondé car il relève plus du "business" et de l'économie que le la science pure et de l'intérêt général.
Nous ne connaissons pas, après 6 mois de tests, les effets à long terme de cette "thérapie". Il convient d'être prudent (c'est aussi une attitude scientifique !).
Ceux qui pousse à la vaccination devraient être les premiers à se faire vacciner pour montrer leur "foi" dans ce qu'ils appellent la science et servir de cobaye aux autres 🙂
C'est d'ailleurs l'attitude du gouvernement anglais, peut être folle mais courageuse.
A contrario on connait le pitoyable argument de notre non moins pitoyable 1er ministre Pyrénéen pour ne pas être vacciné en 1er (le "bon sens paysan") : épargner 100 doses sur les premieres 10.000.000 !
Contre la vaccination = contre la science, vraiment ?
Bonjour,
Autant je vous rejoins sur l'ensemble des points abordés, autant je ne partage pas votre interprétation du sondage concernant la vaccination. Je ne pense pas qu'un résultat à 59% de français prêts à se faire vacciner révèle une tendance générale à l'anti-vaccination, 59% restant une belle majorité.
Ainsi, si je prends mon propre exemple, en toute modestie, je n'ai nullement l'intension de me faire vacciner ou traiter.
J'ai 48 ans, je ne suis pas à risque, j'ai contracté le COVID en octobre avec des symptômes grippaux classiques plus perte de goût et d'odorat (recouvrés depuis) et je n'estime pas nécessaire de me faire vacciner compte tenu de la faiblesse des risques encourus par moi même et mon entourage. Tout comme le fait que je n'estime pas nécessaire de me faire vacciner contre la grippe pour l'instant.
En revanche, je conseillerai les personnes que je connais susceptibles d'être "à risques" à se faire vacciner et si je me trouvais dans cette catégorie de population, je me ferais vacciner car je ne suis pas un "anti-vaccin" ni un "anti-science", bien au contraire. Pour autant, j'aurais répondu honnêtement "non" à la question du sondage.
J'imagine qu'une part non négligeable des personnes sondées peut se trouver dans le même cas que moi, ce qui ne fait pas de nous des "gaulois réfractaires" à tout progrès.
Ma positon s'est aussi renforcée sur le plan éthique avec un élément dont j'ai récemment pris connaissance et qui me gène fortement dans cette histoire de vaccination. Il s'agit, de la part des laboratoires pharmaceutiques de ne pas assumer leur responsabilité en ce qui concerne les effets secondaires de leurs produits. Je trouve cela curieux et je comprends que cet argument puisse influencer et générer de la méfiance auprès de certaines personnes. Argument évidemment utilisé par les militants activistes que vous évoquez dans votre article.
Enfin, ne pas être dans le consensus systématique me paraît sain et chercher à comprendre les choses ou les idées avant de les adopter ne me semble pas relever d'une attitude irresponsable.
Merci néanmoins de rappeler qu'il existe une tendance forte dans notre pays à s'ériger en pourfendeur des multinationales, capitalistes, cupides et complotistes, prêtes à sacrifier la santé des humains et l'équilibre de la nature sur l'autel du profit et de l'argent, forcément sale…
Vaccin
Les français sont effectivement méfiants …. Car à ce jour rien ne prouve l'efficacité du vaccin malgré ce que nous disent les médias. Ces médias qui nous font du lavage de cerveau à longueur de journée en nous répétant qu'il faut nous vacciner…
Il faut arrêter de culpabiliser et d'infantiliser les français qui ne sont pas coupables de cette situation.
A quand la vérité sur l'origine de ce virus?
Et pourquoi les laboratoires pharmaceutiques n'assument pas les éventuels effets secondaires? une raison de plus d'être méfiant.
Propagande contre la science
Fan des publications de l’IREF, je souhaite apporter un bémol à l’article de M. B. Faucher. Un aspect y est totalement “oublié”: le conflit d’intérêt, dénoncé assez violemment à l’occasion de la polémique sur l’hydrochloroquine entre les entreprises pharmaceutiques et les autorités médicales françaises n’arrange pas les statistiques. Comment créer de la confiance envers l’un ou l’autre de ces acteurs se prêtant à ces basses manœuvres mercantiles sur le dos des français? Or se faire vacciner est un acte de confiance….Par ailleurs, tout le monde sait que le vaccin en général ne séduit pas tous les français, faute sans doute d’une efficacité garantie, alors que 99,99% des médicaments sont efficaces!
Etienne, Nice
Un vaccin, combien de temps ça prend ?
Pour une fois je ne suis pas d'accord avec votre article. Pas tant sur la méfiance envers le privé, mais sur le vaccin en lui-même. Ayant suivi une formation scientifique et exerçant aujourd'hui le métier d'ingénieur, je n'ai aucune preuve que le vaccin est effectivement fonctionnel malgré les effets d'annonce repris dans les médias.
Ne m'étant pas trop renseigné sur le sujet par peur de manquer de recul sur les informations fournies, tout ce que je peux dire c'est ceci:
– le vaccin utilise une nouvelle technique basée sur l'ARN qui n'aurait pas été testée dans d'autres vaccins (#prudence)
– l'élaboration d'un vaccin s'étale normalement sur plusieurs années et, évidemment, sur différentes populations afin d'en mesurer les risques. Ici l'élaboration s'est faite en 6 mois. Il n'y a donc aucun recul sur les effets à long terme (#prudence)
– on propose un traitement expérimental sur les personnes les plus à risque (#prudence)
– on propose de faire vacciner des millions de personnes qui en guériraient naturellement (#pourquoi?)
glyphosate
Omettre de mentionner est aussi grave que de mentir. Oui les effets sanitaires sont minimes, sauf peut être sur le microbiote intestinal, le glyphosate n'est-il pas enregistré comme antibiotique ou bactérien?Et quoi dire de son effet délétère sur la vie bactérienne souterraine, sur la reproduction des vers de terre ?Le glyphosate ne fait pas de bien à la terre, il suffit de voir à l'oeil nu la déterioration d'une parcelle traitée depuis quelques années.Et qu'en est-il de la composition chimique des plantes ayant grandi sur des parcelles pareilles. La même richesse en minéraux? Et qu'en est-il de la santé des animaux qui mangent mondialement cette nourriture appauvri. Je suis pour la science, mais pas pour celle qui adapte ses résultats aux besoins de futurs bénéfices. La méfiance de beaucoup de gens est née de trop de scandales, l'industrie et la politique ne le doivent qu'a elle même.
Je rêve ?
L' Iref subventionnée par big pharma ?
Je suis éberlué par cet article, digne de paraître dans la presse dite mainstream et subventionnée entre autre par ces industries pharmaceutiques. Quid des collusions avérées entre "savants" et l'industrie pharmaceutique; de médicaments chers, inefficaces et aux effets secondaires redoutables. Que dire aussi des chimios onéreuses à souhait, innefficaces et de la non autorisation de soins simples et pas chers !
Il y a de quoi remplir une bibliothèques de toutes ces aberrations mais le français moyen serait stupide de ne pas faire confiance à cette redoutable industrie…