Cet appel de 154 économistes allemands contre la réforme de l’Europe proposée par la France est passé inaperçu dans notre pays. Ces économistes éminents mettent en garde contre une Europe dirigée par un ministre européen des Finances et par la BCE. Ce qu’il faudrait, ce sont des réformes structurelles dans tous les Etats, la responsabilité et la concurrence fiscale. L’IREF vous propose leur lettre en intégralité ainsi que la liste complète des signataires.
Nous, un groupe de 154 professeurs d’économie, mettons en garde contre la transformation progressive de l’union monétaire et bancaire en une union des responsabilités. Les propositions d’Emmanuel Macron et du chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, évoquées dans le contrat de coalition entre la CDU, la CSU et le SPD pour former le nouveau gouvernement fédéral allemand, présentent de grands risques pour les citoyens européens.
1. Si, comme il est prévu, le mécanisme européen de stabilité (MES) est utilisé comme réassurance pour l’assainissement des banques (backstop), les banques et autorités de surveillance seront moins incitées à se débarrasser des crédits toxiques. Cela aurait un impact négatif sur la croissance et la stabilité financière.
2. Si, comme il est prévu, le MES est traduit dans le droit européen comme « fonds monétaire européen » (FME), il tombera sous l’influence de pays qui n’appartiennent pas à la zone euro. Etant donné qu’aucun pays ne pourrait utiliser son droit de veto pour les décisions urgentes du FME, des pays créanciers pourraient être mis en minorité. Ainsi, le parlement allemand pourrait perdre son droit de regard sur ces décisions.
3. Si, comme il est prévu, la garantie des dépôts bancaires est mutualisée, il en sera de même pour les coûts des erreurs que les banques et les gouvernements ont commises par le passé.
4. Les nouveaux fonds prévus, le fonds européen d’investissement pour la stabilisation macroéconomique et le fonds pour le soutien des réformes structurelles, pourraient conduire à des transferts et crédits supplémentaires à des pays européens qui, par le passé, n’ont pas mis en place les réformes nécessaires. Récompenser des comportements irresponsables serait une erreur. Par le système interbancaire de paiement Target2, l’Allemagne a déjà consenti à des obligations de la banque centrale européenne (BCE) à hauteur de plus de 900 milliards d’euros – obligations à taux d’intérêt nul et qui ne doivent pas obligatoirement être remboursées.
5. Un ministre européen des Finances avec des compétences en matière de fiscalité serait un interlocuteur de la BCE et contribuerait de ce fait à politiser encore davantage la politique monétaire. Les achats d’obligations massifs de la BCE (2 550 milliards d’euros jusqu’à septembre 2018) se rapprochent déjà d’un financement public par la banque centrale.
Le principe de responsabilité est un des piliers fondamentaux de l’économie sociale de marché. L’union des responsabilités sape la croissance et menace la prospérité dans toute l’Europe. Cela se voit déjà dans une diminution du niveau de salaire touchant de plus en plus de citoyens, particulièrement les jeunes. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement allemand de revenir aux principes fondateurs de l’économie sociale de marché.
Il faut mener des réformes structurelles au lieu de créer de nouvelles lignes de crédits et de nouvelles incitations de comportements à risque. Le traitement de faveur accordé aux obligations souveraines dans la prévention des risques par les banques devrait être supprimé. La zone euro a besoin d’une procédure de faillite et d’une procédure de sortie pour les États. L’union des marchés des capitaux devrait être achevée, notamment parce que les mouvements internationaux de capitaux compensent les chocs asymétriques. À la BCE, la responsabilité et le droit de vote devraient être liés. Les soldes Target devraient être régulièrement compensés. Les achats d’obligations souveraines devraient rapidement prendre fin.
L’appel a été lancé par les professeurs d’économie Dirk Meyer, Thomas Mayer, Gunther Schnabl et Roland Vaubel. De nombreux économistes se sont joints à cette initiative et leurs noms figurent ci-dessous.
Dirk Meyer enseigne à l’université Helmut Schmidt de Hambourg. Thomas Mayer est le fondateur et directeur de l’institut de recherche Flossbach von Storch et enseigne à l’université de Witten/Herdecke. Gunther Schnabl enseigne à l’université de Leipzig. Roland Vaubel est professeur émérite à l’université de Mannheim.
Les 154 signataires :
Hanjo Allinger, Rainer Alt, Peter Altmiks, Niels Angermüller, Gerhard Arminger, Philipp Bagus, Hartwig Bartling, Christian Bauer, Alexander Baumeister, Dirk Baur, Hanno Beck, Peter Bernholz, Norbert Berthold, Dirk Bethmann, Ulrich Blum, Christoph Braunschweig, Gerrit Brösel, Martin-Peter Büch, Walter Buhr, Rolf Caesar, Ronald Clapham, Erich Dauenhauer, Frank Daumann, Dietrich Dickertmann, Leef Dierks, Gerd Diethelm, Alexander Dilger, Juergen B. Donges, Norbert Eickhof, Alexander Eisenkopf, Mathias Erlei, Rolf Eschenburg, Stefan Felder, Robert Fenge, Cay Folkers, Siegfried Franke, Jan Franke-Viebach, Michael Frenkel, Andreas Freytag, Wilfried Fuhrmann, Werner Gaab, Gerhard Gehrig, Thomas Glauben, Frank Gogoll, Robert Göötz, Christiane Goodfellow, Rüdiger Grascht, Alfred Greiner, Heinz Grossekettler, Andrea Gubitz, Gerd Habermann, Hendrik Hagedorn, Gerd Hansen, Rolf Hasse, Klaus-Dirk Henke, Henner Hentze, Thomas Hering, Bernhard Herz, Stefan Hoderlein, Stephan Hornig, Guido Hülsmann, Jost Jacoby, Hans-Joachim Jarchow, Thomas Jost, Markus C. Kerber, Henning Klodt, Michael Knittel, Leonard Knoll, Andreas Knorr, Manfred Königstein, Ulrich Koester, Stefan Kooths, Walter Krämer, Dietmar Krafft, Rainer Künzel, Britta Kuhn, Werner Lachmann, Enno Langfeldt, Andreas Löhr, Tim Lohse, Helga Luckenbach, Reinar Lüdeke, Dominik Maltritz, Gerald Mann, Thomas Mayer, Dirk Meyer, Renate Ohr, Michael Olbrich, Werner Pascha, Hans-Georg Petersen, Wolfgang Pfaffenberger, Ingo Pies, Werner Plumpe, Mattias Polborn, Thorsten Polleit, Niklas Potrafke, Bernd Raffelhüschen, Bernd-Thomas, Ramb, Richard Reichel, Hayo Reimers, Stefan Reitz, Rudolf Richter, Wolfram F. Richter, Gerhard Rösl, Roland Rollberg, Alexander Ruddies, Gerhard Rübel, Karlhans Sauernheimer, Stefan Schäfer, Wolf Schäfer, Malcolm Schauf, Bernd Scherer, Jörg Schimmelpfennig, Ingo Schmidt, Dieter Schmidtchen, Michael Schmitz, Gunther Schnabl, Jan Schnellenbach, Bruno Schönfelder, Siegfried Schoppe, Jürgen Schröder, Christian Schubert, Alfred Schüller, Peter M. Schulze, Thomas Schuster, Christian Seidl, Hans-Werner Sinn, Fritz Söllner, Peter Spahn, Jürgen Stark, Wolfgang Ströbele, Stefan Tangermann, H. Jörg Thieme, Stefan Traub, Dieter Tscheulin, Ulrich van Suntum, Roland Vaubel, Stefan Voigt, Hermann von Laer, Hans-Jürgen Vosgerau, Adolf Wagner, Heike Walterscheid, Gerhard Wegner, Rafael Weißbach, Heinz-Dieter Wenzel, Max Wewel, Hans Wielens, Otto Wiese, Rainer Willeke, Manfred Willms, Dietrich Winterhager, Michael Wohlgemuth, Hans-Werner Wohltmann, Achim Zink.
2 commentaires
L 'appel à la raison !
Un grand bravo à ces 154 économistes allemands qui dénoncent la proposition aberrante de M. Macron qui veut noyer l'Europe dans un socialo communisme d'un autre âge, en allant à l'inverse du souhait de tous les Pays qui souhaitent, à juste titre, une Europe des nations où chaque état peut décider ce qui est bon pour lui et en refusant tout diktat de ces crétins de dirigeants européens.
M. Macron est complètement irresponsable mais n'écoute pas les peuples qui commencent à en avoir ras le bol de cette Europe technocratique.
M. Macron ferait mieux de s'occuper de réaliser de profondes réformes des structures de notre Pays en allégeant massivement les prélèvements obligatoires, les charges, les impôts et les normes imbéciles afin que la France retrouve la prospérité et sa dignité, ce qu'il est incapable de faire en bon collectiviste qu'il est.
Quant à Madame Merkel, elle a commis l'incroyable erreur d'accueillir des millions de migrants, et, dès lors, peut préparer ses valises.
C'est très bien ainsi !
"ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à moi aussi"
Les maires de grandes villes essayent tous plus ou moins de bouffer les communes environnantes sous des prétextes grandiloquents, alors que leur objectif est de s'approprier davantage de contribuables (dont les "réfugiés fiscaux" qui ont échappé à ses impôts) pour retrouver une capacité d'emprunt et financer leurs délires et leur mégalomanie (voire, plus rarement, de pouvoir voler dans la caisse… en toute honnêteté)
C'est exactement ce que E. Macron essaie de faire en ce moment avec l'Europe : "les fonctionnaires dont je suis l'homme de paille ont ruiné trop de mes contribuables alors je veut mettre les vôtres en perce".