La France a fait le choix de longue date de préférer le subventionnement de l’emploi et le traitement social du chômage à la libéralisation du marché du travail. Or, le traitement social du chômage conduit à enfermer les demandeurs d’emploi et les entreprises dans la tutelle étatique, dénature le prix du travail dans le secteur privé et entraîne des effets d’aubaine. Le coût exorbitant des dispositifs d’aide au retour à l’emploi (10,5 Mds € selon un rapport de la Cour des comptes) entretient le gaspillage de l’argent public sans s’attaquer aux causes réelles du chômage. Il est temps de mettre fin à ces mesures archaïques socialistes et de comprendre qu’une reprise massive de l’emploi ne peut être conditionnée par de tels dispositifs. C’est bien la compétitivité économique des entreprises et une forte productivité du travail de la main d’œuvre qui peuvent entraîner la reprise de l’emploi, certainement pas de telles rustines étatiques.
Une hausse constante du nombre de contrats aidés, mais une stagnation de l’emploi
Selon la Dares, on comptait 1,56 millions d’emplois aidés en France métropolitaine au cours du 2ème trimestre 2016. Cela constitue une augmentation de 4,7 % du nombre d’emplois aidés par rapport à la même période de l’année 2015. Cette hausse est imputable en partie à la hausse des contrats en alternance (+ 11 000, soit + 1,9 %) et des effectifs de demandeurs d’emploi en formation (+ 27 000, soit + 11,4 %), mais l’augmentation la plus importante est celle du nombre de contrats aidés comme les contrats uniques d’insertion, les emplois d’avenir ou les contrats en insertion par l’activité économique[[Un contrat aidé est un dispositif d’aide à l’emploi destiné à accorder des exonérations de charges sociales ou des aides financières à l’employeur afin qu’il embauche des personnes selon certains critères définis par la puissance publique. Les contrats uniques d’insertion créés en 2008 sont des contrats subventionnés destinés en priorité aux bénéficiaires de minima sociaux, les emplois d’avenir créés en 2012 le sont aux jeunes exclus et les contrats de génération créés en 2013 le sont aux jeunes de tous niveaux de qualification et aux seniors. Le contrat unique d’insertion (CUI) regroupe les contrats initiative emploi (CUI-CIE) pour le secteur marchand et les contrats d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE) pour le secteur non marchand.]] (+ 42 000, soit + 8,3 %). Or, malgré cette hausse conséquente du nombre de contrats aidés, le nombre de demandeurs d’emploi n’a jamais été aussi élevé puisqu’on atteignait3,5 millions de chômeurs de catégorie A et 6,2 millions de chômeurs toutes catégories (dont 2,4 millions de chômeurs de longue durée) à la fin septembre 2016, alors que le taux d’emploi des 15-64 ans stagnait quant à lui autour des 64,7 % au deuxième trimestre 2016 (+ 0,1 % par rapport au trimestre précédent).
L’inefficacité des dispositifs d’aide publique à l’emploi
Le traitement social du chômage est l’apanage des sociétés caractérisées par de forts taux de chômage structurel et de chômage des jeunes. Ces taux atteignent respectivement 10 % et 24 % en France en 2016, contre 4,2 % et 6,9 % en Allemagne, et 5 % et 13,2 % au Royaume-Uni. De plus, 150 000 jeunes français sortent chaque année du système éducatif sans qualification, et le pays atteint un nombre aussi élevé que 2 millions de jeunes NEET, c’est-à-dire de jeunes sans emploi et ne suivant ni études ni formation. Au lieu de mettre en place les conditions de l’insertion rapide et durable des jeunes dans la vie professionnelle, la France recycle depuis une trentaine d’années de vieilles recettes de subventionnement des entreprises qui ont démontré leur inefficacité et leur caractère dispendieux. On combat le chômage avec des solutionsnde court terme comme les contrats aidés qui avaient pour vocation de faire se renverser la courbe du chômage.
Or, une politique se juge à l’aune de ses résultats et non de ses intentions. Et l’inefficacité de ces dispositifs est totale lorsque l’on compare la situation du chômage des jeunes en France et en Allemagne. Les entreprises utilisent ces dispositifs comme des aubaines pour embaucher des jeunes à moindre coût, tandis qu’elles anticipaient déjà une embauche. Une étude d’août 2015 de la Dares prouve bien que l’effet d’aubaine est extrêmement important pour les entreprises du secteur marchand : seulement 19 % des embauches n’auraient pas eu lieu sans l’aide financière de l’État, bien que ce chiffre monte à 64 % pour les entreprises du secteur non marchand, qui souffrent davantage d’une mauvaise rentabilité, d’une productivité marginale du travail faible et d’une activité insuffisante. Cela suffit à démontrer l’inanité de ces dispositifs.
Des recettes coûteuses pour une insertion faible sur le marché du travail
La Cour des comptes a aussi publié un rapport le 5 octobre dernier où on apprend que le coût total de ces dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes était de 10,5 Mds €. Les dépenses au titre de l’apprentissage représentent plus de la moitié de ces dépenses, à 57 %. La proportion restante des dépenses est de 19 % pour les contrats aidés, de 14 % pour l’accompagnement (garantie jeunes, allocations, missions locales…) et de 10 % pour la formation professionnelle continue. Le coût unitaire annuel moyen par jeune est ainsi de 10 854 € pour les emplois d’avenir, de 5 400 € pour les contrats initiative emploi et de 8 244 € pour les contrats d’accompagnement dans l’emploi – deux contrats aidés qui sont les déclinaisons des contrats unique d’insertion pour le secteur marchand et pour le secteur non marchand – soit un taux de prise en charge qui est respectivement de 68 %, de 34 % et de 79 % auprès de 300 000 personnes. Alors que l’insertion de ces personnes dans l’emploi est précisément catastrophique, car comme le montre une autre étude de la Dares d’octobre 2012, le retour à l’emploi des personnes qui ont bénéficié de contrats aidés est relativement faible, notamment pour les salariés qui ont bénéficié d’un contrat aidé dans le secteur non marchand, puisqu’ils ne sont que 38,8 % à être toujours employés six mois après la fin du contrat. Ce chiffre grimpe cependant à 70,1 % pour le secteur marchand, ce qui représente un taux global d’insertion sur le marché du travail à six mois après la fin du contrat d’environ 50 % (en CDD ou en CDI).
On peut donc en conclure que le traitement social du chômage est une impasse. Peut-être pouvons-nous tenter une approche économique ?
2 commentaires
La courbe du chômage en question
Hollande répète à l'envi que la situation s'améliore, on voit bien à quelles fins… Tous ces contrats aidés et autre formations ne sont que cache-misère pour permettre de réduire artificiellement le nombre de chômeurs de catégorie A. D'ailleurs le gouvernement ne prend jamais en compte les autres catégories. Cherchez l'erreur…Ces gens là sont très bon pour l'enfumage !!!
regard critique
Dans la problématique introductive vous dites que l'état ne s'attaque pas aux causes réelles du chômage, vous abordez rapidement le problème de cout du travail, et dans tout le reste, vous vous attaquez a des cas de gestions spécifiques du marché de l'emploi/chômage. J'ai envie de dire, où est le rapport?
Vous pensez sérieusement que l'échec total des contrats aidé est une cause du chômage? Une fausse solution peut être, oui, mais enfin… Vous ne parlez pas une seule seconde des délocalisations, de l'ultra libéralisation et de la concurrence impossible des pays pauvres, des traités Européens qui empèchent depuis 57 les états de bloquer les flux de capitaux.
Pas une seule ligne n'aborde les privatisations et démantèlements d'entreprises rachetées par la finance.
A aucun moment on aborde le fait que le problème vient certainement plus d'une volonté politique extérieure d'asservir la France, comme tous les autres pays d'Europe, a une dette tjs plus grande et une dépendance tjs plus grande au reste du monde. Vous concluez sur approche économique ?
De Séguin a Chevènement, tous ont fini par admettre que l'économie ne créait rien de bon pour l'humanité si elle n'est pas dirigée par une volonté politique forte, claire, et définie. Et cette vision est partagée par tous les partis.
Je ne me veux pas dogmatique, mais a quoi bon faire une analyse aussi spécifique d'un point aussi superficiel? Je propose simplement des pistes de réflexions.
Vraiment vous êtes entrain de dire que tout est la faute au socialisme ?
N'oublions pas svp que socialisme et PS ne sont pas assimilables.