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Dette publique française

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La crise de la dette publique en Grèce devrait faire prendre conscience au gouvernement qu’il faut arrêter les mesures nécessaires tant qu’il en est encore temps. Incapable de rembourser, mardi dernier, les 1,6 milliards d’euros empruntés au Fonds monétaire international, la Grèce est le premier exemple historique d’un défaut de paiement d’un pays membre de l’Union Européenne auprès de l’institution internationale. Le gouvernement d’Alexis Tsipras refuse de céder aux exigences de réforme des créanciers et a choisi à la place d’organiser un référendum dimanche 5 juillet sur les exigences du plan d’accord proposé par la troïka lors de la réunion du l’Eurogroupe du 25 juin. Cette situation dramatique doit nous faire repenser le problème de la dette en France : si on ne veut pas se retrouver dans cette situation, il est urgent de mettre en place les mesures nécessaires pour réduire l’endettement public !

L’INSEE vient d’annoncer que la dette publique de la France au sens de Maastricht a atteint les 2089,4 milliards d’euros (+ 51,6 milliards d’euros), soit 97,5 % du PIB, au premier trimestre de l’année 2015. Cela représente une augmentation de 1,9 point par rapport au dernier trimestre de l’année précédente.

Dette des administrations publiques (au sens de Maastricht)

Dette des administrations publiques (au sens de Maastricht)

Il existe, à cause de l’incapacité du gouvernement français à réduire le déficit primaire, un risque élevé à moyen terme d’une attaque spéculative sur la dette française ou d’une remontée des taux d’intérêt d’emprunt. La conséquence d’une remontée des taux d’intérêt sur l’émission des titres obligataires par l’Agence France Trésor serait terrible pour la pérennité du budget français. L’explosion de la situation en Grèce couplée à l’incapacité du gouvernement français à réduire les déficits pourraient finir par asphyxier le budget de l’État sous l’effet de l’augmentation de la charge de la dette.

Pour remédier à cette situation, on peut imaginer quatre scénarios de sortie de crise de la dette :

(1) La restructuration de la dette publique ;
(2) L’ajustement budgétaire ;
(3) L’inflation ;
(4) La croissance économique.

LA RESTRUCTURATION D’UNE PARTIE DE LA DETTE

La restructuration d’une partie de la dette française est une éventualité qui pourrait avoir des conséquences terribles pour la crédibilité de l’État français sur les marchés financiers. La Grèce, dont le niveau d’endettement public était en 2012 de 160 % par rapport au PIB, était dans l’incapacité totale de rembourser intégralement sa dette de 360 milliards d’euros. La restructuration de la dette a conduit à une perte de plus d’environ 70 % pour les créanciers après l’échange des anciennes obligations pour de nouvelles à une valeur de seulement 46,5 %. L’effacement d’une partie de la dette d’un État encourage l’irresponsabilité des gouvernants, bloque le mouvement de réforme de la dépense publique et ruine les créanciers et d’accroître le niveau des taux d’intérêt sur les emprunts étatiques.

La Grèce est un petit pays, dont le PIB atteignait les 178,8 milliards d’euros à la fin 2014, et la restructuration de sa dette n’a guère eu d’impact international. Il en serait différemment d’une restructuration de la dette publique française, qui dépasse les 2000 milliards d’euros. L’Agence France Trésor, dont la mission est de gérer et de refinancer la dette française négociable sur les marchés financiers, a en effet placé environ 2/3 de la dette auprès d’investisseurs étrangers. Une restructuration de la dette publique française entraînerait de facto une crise économique d’une ampleur inégalée, à cause de l’ampleur des montants engagés. C’est donc une solution qui n’est pas pensable pour des raisons systémiques.

L’AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE

L’ajustement budgétaire, aussi appelé politique d’austérité, est la stratégie qui a été choisie par de multiples gouvernements de l’Union européenne, dont notamment le Royaume-Uni, la Lettonie, la Lituanie ou encore l’Irlande. L’ajustement budgétaire consiste en une baisse drastique des dépenses publiques et une maximisation des recettes fiscales. L’exemple le plus frappant est celui de la Lettonie, où les réformes du Premier ministre Dombrovskis ont été très significatives (baisse de 20 % du salaire des fonctionnaires, licenciement d’un tiers des fonctionnaires, fermetures d’hôpitaux publics, baisse des pensions de retraite, etc.) et où la croissance économique est repartie à plus de 5,5 % en 2011.

La réduction drastique de la dépense publique est une nécessité absolue en France et les marges de manœuvre sont considérables, notamment dans le domaine des dépenses sociales, des dépenses des collectivités territoriales et des dépenses dans des domaines comme l’Éducation nationale. La France pourrait notamment licencier une large part d’agents publics pour s’aligner sur la moyenne européenne, réduire les dépenses en allocations chômage, réduire les minima sociaux et simplifier les dépenses d’assistanat pour éviter des dépenses de fonctionnement inutiles.

L’INFLATION

La stratégie de réduction de la dette publique par l’inflation est celle qui avait été utilisée par les États après la Seconde Guerre mondiale, endettés à cause des dépenses de guerre. Aujourd’hui, toutefois, la France est dans l’impossibilité de recourir à la planche à billets car la politique monétaire est définie par la Banque centrale européenne dont le principal mandat est de maintenir la stabilité des prix. Une solution alternative pour recourir à une stratégie inflationniste serait donc une sortie de la zone euro et un retour à une monnaie nationale. En émettant un nouveau franc, la Banque de France pourrait alors procéder à de la création monétaire qui aurait pour effet immédiat d’augmenter le PIB en valeur nominale, ce qui réduirait de facto la dette nominale.

De plus, puisqu’une partie infime de la dette publique française (3 %) est libellée en euros sous forme de titres obligataires émis auprès d’investisseurs étrangers par l’Agence France Trésor à différents niveaux de maturité, l’essentiel de notre dette pourrait être libellée en nouveaux francs. La dévaluation monétaire pourrait alors considérablement alléger le poids de la dette. Toutefois, la dévaluation conduit inéluctablement à l’inflation, notamment du fait du renchérissement inéluctable des prix des produits importés, qui représente un vol organisé des épargnants et déstabilise l’économie. La Grèce en payera d’ailleurs sans doute très cher le prix si elle revient à la drachme.

LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

La croissance économique est évidemment la solution miracle qui pourrait résoudre le problème de la dette publique. Lorsque le niveau de croissance du PIB est plus rapide que le taux d’intérêt sur la dette publique, il est possible de conserver un même niveau d’endettement public tout en conservant un déficit primaire dans le budget des administrations publiques. Ainsi, le taux d’endettement public recule lorsque la somme des intérêts d’emprunt versés par le Trésor public et du solde primaire des comptes publics est inférieure à la croissance du PIB.

Le retour à une croissance économique ne peut se faire qu’à partir de véritables réformes structurelles, comme cela a été fait au Royaume-Uni depuis l’élection de David Cameron, ou en Allemagne avec les réformes Hartz sous la chancellerie de Gerhard Schröder, ou encore en Irlande, en Espagne et au Portugal. Les réformes structurelles doivent notamment porter sur la libéralisation du marché du travail, la refonte du système de protection sociale, l’incitation au travail plutôt qu’à l’assistanat, la réduction du secteur public et la baisse des prélèvements obligatoires sur les salaires et sur les entreprises. Les exemples étrangers sont pléthore : la libéralisation de l’économie porte toujours ses fruits.

CONCLUSION

Il faut donc vite faire un choix entre ces différents scénarios de sortie de crise. Il nous apparaît que la seule bonne solution est de mener de front une politique de forte réduction des dépenses publiques et de libéralisation des process économiques. De véritables réformes structurelles sur le marché du travail et le marché des biens et des services, de réduction de l’assistance publique et des prélèvements obligatoires sur les entreprises et les salariés, pourraient redonner de l’air à l’économie française et relancer la machine en rétablissant des conditions saines de concurrence et de liberté pour les entreprises qui leur permettraient d’embaucher et de créer de nouvelles richesses. La cure d’austérité n’a pas fonctionné en Grèce parce qu’elle n’a pas été accompagnée de réformes structurelles substantielles. Il en irait différemment si la France, comme l’ont fait tous les autres pays européens qui sont en train de sortir de la crise, menait de conserve une politique de réduction de ses dépenses publiques et de libéralisation de son économie et de la société.

Dette des administrations publiques (au sens de Maastricht)
Dette des administrations publiques (au sens de Maastricht)

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