L’un des derniers Avis du CESE (Conseil économique, social et environnemental) s’intitule : « Une école de la réussite pour tous ». Le rapporteur de l’Avis est Marie-Aleth Grard, photographe et Vice-présidente de ATD Quart Monde, et membre du Conseil supérieur des programmes. Que nous dit cet Avis : que « l’Ecole n’arrive pas à atténuer les inégalités », qu’il est «essentiel de se préoccuper de la réussite de tous » et qu’il faut « permettre à tous les enfants, à tous les jeunes de devenir un jour des citoyens dans une démocratie, pleinement insérés dans la société ». Avec ce piètre constat et ce maigre programme de réforme, l’Avis rassemble des exemples « d’expériences pédagogiques » de plusieurs écoles françaises, surtout celles où l’on travaille le moins, et où l’on réserve davantage la parole aux élèves qu’aux enseignants !
Depuis plus de 30 ans, avec la « démocratisation de l’école », on ne cesse de dénoncer l’aggravation des inégalités, en présentant comme seule solution l’uniformisation du niveau scolaire par le plus petit dénominateur. Pour ces « ayatollahs » de l’égalitarisme, mieux vaut baisser le niveau pour tous, que de voir des enfants réussir. Peu importe les classements PISA qui montrent que la France tombe depuis des années ! Il faut travailler encore moins à l’école, et surtout, être à l’écoute des élèves.
Parmi les exemples pédagogiques donnés dans cet Avis, plusieurs mériteraient d’être cités. Comme cette Ecole élémentaire parisienne du XXe arrondissement qui « met en avant la coopération (et non la compétition), une école ouverte sur le quartier et la vie en société : pas de devoirs, pas de notes, une visibilité différente sur les apprentissages ». On privilégie la « coopération », les réunions en groupes entre les plus petits et les plus grands, non pas pour travailler, mais pour « la transmission- entre générations ». Pendant ce temps, les enseignants « observent »… Dans une autre Ecole élémentaire de Seine-et-Marne, on a mis en place des « classes de découverte permanente », non pas de l’écriture, de la lecture ou des mathématiques mais de la… nature. Dans le Val d’Oise, il existe une Ecole où l’on a mis en place des « pratiques théâtrales et coopératives ». Ce qui compte, ce sont les ateliers hebdomadaires de pratique théâtrale destinée à des représentations données à la maison de quartier. Dans un collège rural, on a mis en place la « classe inversée », c’est à dire que les élèves regardent le cours proposé par leur professeur sur un ordinateur avant d’aller en classe. Cette pédagogie a trois objectifs qui sont : transformer les élèves en acteurs, développer leur autonomie et leur faire pratiquer un travail collectif !
Tous ces exemples ont incité le CESE à faire plusieurs propositions, afin d’améliorer l’Ecole de nos enfants. Il faudrait d’abord une école « inclusive pour tous » avec, surtout, un « essaimage du référentiel d’éducation prioritaire », en portant une « attention particulière aux territoires ultramarins ». Ensuite, il faut « ouvrir d’avantage l’école », qui est un « lieu social », adopter des pratiques pédagogiques « innovantes », surtout une pédagogie de la « coopération ». Il faut encore « pratiquer une évaluation qui encourage les élèves et leur donne des repères communs », enfin « donner à tous les élèves les moyens de faire leur travail personnel sur le temps éducatif ». Concernant les enseignants, l’Avis préconise de « réfléchir à la reconnaissance et à la valorisation du travail des enseignants ». Mais avec toutes ces pratiques pédagogiques, les enseignants sont-ils encore d’une quelconque utilité !?
Si la situation n’était pas dramatique, ce genre de Rapport ne ferait que provoquer l’hilarité. Mais les auteurs et tous ceux qui travaillent à la section de l’éducation du CESE savent-ils que la France ne cesse de reculer dans le classement PISA, pour ce qui est de la lecture et des mathématiques, et qu’elle se place au 25ème rang dans le classement de 2013 !? Savent-ils qu’il existe d’autres pays, qui obtiennent de bien meilleurs résultats, tandis que de vraies réformes sont menées un peu partout dans le monde avec des résultats, quelquefois remarquables ? Par exemple, les « charters schools » et les « free schools » au Royaume-Uni, ou la pratique de l’autonomie et de la concurrence en Suède, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Corée du Sud et dans bien d’autres pays !? Les membres du CESE seraient-ils des autistes !?
Rappelons que le Conseil économique, social et environnemental coûte environ 40 millions d’euros par an, auxquels il faut ajouter les coûts des 30 CESE régionaux. Même si les chiffres ne sont pas bien connus, on dépasse les 100 millions d’euros par an… Pour quels résultats ? C’est difficile à dire. En revanche, on sait qu’il fait bon travailler dans cet organisme d’Etat… Le salaire moyen d’un agent d’accueil ou d’un huissier, par exemple, s’élève à 3 125 euros nets par mois. Un chef de service touche quant à lui 3 604 euros, tandis que le salaire d’un administrateur monte jusqu’à 8 500 euros ! Pour 12 jours travaillés par mois, les conseillers touchent, 3 786 euros d’aide mensuelle…. A cela s’ajoutent des primes de départ à la retraite, des primes de naissance, de mariage, de vacances ou de… fin d’année pour les 140 agents permanents, sans oublier leurs 62 jours de congés par an !
Il va de soi que tous ces privilèges, payés par l’argent des contribuables, devraient les inciter à un petit effort de recherche pour voir un peu ce qui se passe dans les écoles des autres pays…
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La verbosité et la gâchis.
Tout individu sensé a pu découvrir par lui-même que l'école républicaine, donc démocratique, n'a pas pour objet de niveler les connaissances au niveau de celles des élèves les moins doués mais celui de détecter la différence entre leurs aptitudes respectives et de les encourager à suivre et à développer la voie qui leur convient le mieux.
C'est ainsi qu'elle se doit d’accompagner aussi efficacement les plus doués intellectuellement sur une trajectoire d'excellence conduisant, par exemple, aux classes préparatoires et aux grands concours que ceux qui sont attirés précocement par l'exercice d'une activité plus manuelle, en les orientant vers une filière d'apprentissage qui pourra être, pour eux, tout aussi épanouissante que la précédente, pour ceux qui sont fait pour cela.
Mais tout cela passe par des cours magistraux, qui enseignent d'abord les outils de base que sont la lecture, le calcul, l'écriture et l'aptitude à s'exprimer correctement en Français, indispensable aussi bien dans les disciplines littéraires que dans les disciplines scientifiques pour bien les comprendre, savoir en débattre et, le cas échéant, savoir les transmettre.
L'homme a mis des millénaires à se forger des connaissances et à les mettre en ordre. Le cours magistral enseigne en quelques années un résumé de ces tâtonnements interminables. Vouloir que les enfants redécouvrent seuls, sans cours magistraux, tout ce processus multi-millénaire relève d'une idéologie aussi obtuse que totalement imbécile.
Le cours magistral enseigne également l'ordre, la méthode et le sens de l'autorité nécessaire à la structuration de toute société efficace, qui ne saurait être ni une armée de colonels ni une chienlit aussi désorganisée que la population d'une fourmilière renversée et dispersée par un coup de pied. Il n'a certes pas pour objet d'empêcher les élèves d'acquérir aussi le sens de l'observation directe ni celui de l'expérimentation. De mon temps (hélas très ancien) les "leçons de chose" et les "travaux pratiques" le faisaient plutôt bien.
C'est comme cela que l'on construit une vraie démocratie et non pas en prônant, dans un jargon incompréhensible, la mise en place d'une pétaudière égalitariste dont les autres pays civilisés et développés se moquent de plus en plus ouvertement.
Bernard ROLET
Ingénieur de l'Ecole Centrale Paris
Ancien cadre dirigeant de l'industrie chimique