On connaît tous la célèbre phrase de Mitterrand : « Contre le chômage, nous avons tout essayé » ! Ou bien celle de Pompidou prononcée en 1967 : « Si un jour on atteint 500 000 chômeurs en France, ce sera la révolution ». Sarkozy avait promis un taux de chômage à 5 % à la fin de son premier mandat. Aujourd’hui, on en est à 10.2 % et le nombre de chômeurs dépasse les 3 millions de personnes. Et pourtant, les gens ne sont toujours pas dans la rue. Philippe Simonnot s’interroge sur les raisons de cette « servitude consentie », comme disait La Boëtie. Il envisage plusieurs hypothèses : les Français sont-ils manipulés par des gens qui leur font croire que les coupables sont les forces invisibles du marché, le CAC 40, les traders ou la mondialisation ? Ou bien parce qu’ils pensent qu’on n’a pas tout essayé pour combattre le chômage et parce qu’ils attendent le sauveur de l’économie ? Philippe Simonnot met également en évidence le « statut » de certaines catégories de chômeurs, qui peuvent cumuler différentes aides et travailler de manière très épisodique pour pouvoir pérenniser leur situation.
Philippe Simonnot rappelle à juste titre les sondages qui montrent la suspicion des Français à l’égard du capitalisme et de l’économie de marché. Il insiste aussi sur les difficultés que rencontrent les entrepreneurs français, les réglementations, la fiscalité. Le rejet des patrons et des riches est en effet l’une des explications de la situation actuelle. Néanmoins, les Français lui paraissent bien plus prêts aux grands changements qu’on ne le soupçonne. Sarkozy avait été très bien élu sur le thème de la « rupture ». Il ne l’a pas faite, il a perdu les élections. On a bien remarqué que les hommes politiques qui font des réformes importantes sont réélus (on l’a vu en Suède, au Canada, en Grande-Bretagne, etc…). C’est l’immobilisme politique qui exaspère les gens. En même temps, c’est vrai qu’ils sont largement désinformés par le discours politique, l’opacité de l’administration et par les médias (même si c’est beaucoup moins qu’il y a 10 ans).
Que faire ? La lecture du livre de Philippe Simonnot ne donne pas un programme de gouvernement, mais suggère que le préalable est l’information des Français, et un grand élan de libération des entreprises et du marché du travail.