Le gouvernement a renié les promesses de rigueur et de stabilité fiscale qu’il avait faites. La croissance disparaît, mais précisément à cause des mesures qui l’entravent. Des impôts supplémentaires, des mesures contraignantes, là où il faudrait une réduction des dépenses publiques et une libération des entreprises du carcan fiscal, syndical et réglementaire dénoncé par un certain Monsieur Taylor.
L’économie française est dans la tourmente, les prévisions pour cette année et la suivante sont au plus bas, et les autorités européennes exhortent notre gouvernement à changer radicalement de politique.
Comme d’habitude, le discours de nos dirigeants consiste à se défausser sur l’absence de croissance, qu’il est démagogique d’attribuer à la mondialisation, à l’euro fort, à l’Allemagne, aux pays émergents : n’importe quoi pourvu que les journalistes prêtent l’oreille.
En réalité, le gouvernement est incapable de tenir ses promesses, et simplement parce qu’il a pris le mauvais chemin pour y arriver. Pire encore : il est à l’origine de notre panne de croissance.
Il avait promis de ramener le déficit public à 3% dès 2013, puis après avoir assommé les contribuables le gouvernement les a rassurés : « Je veux que les années 2014 et 2015 soient des années de pause, de stabilité fiscale » disait Pierre Moscovici. Notre Ministre de l’Economie avait aussi prévu une croissance de 0,8% en 2013. Elle sera de 0% et rien de tout cela ne sera au rendez-vous.
Comment en serait-il autrement ? Il fallait moins de dépenses et moins d’impôts pour retrouver l’équilibre des finances publiques. Il y a en fait toujours autant de dépenses et beaucoup plus d’impôts. De ce fait il y a toujours plus de déficit public parce que cette politique entrave la croissance.
L’austérité, pour qui ?
Le gouvernement français ne sait ni ne veut faire d’économies. Lorsqu’il parle d’économies, il veut dire des économies à faire par les ménages pour payer plus d’impôts, pour diminuer les pensions et prestations sociales. La rigueur n’est pas celle de l’Etat, qui n’a pas baissé ses dépenses mais en a tout juste freiné l’accroissement, c’est celle que l’Etat veut imposer aux Français, en veillant bien cependant à maintenir les privilèges de ceux qui travaillent pour lui ou grâce à lui.
Notre gouvernement ne pense qu’à appauvrir ceux qui travaillent pour permettre à une partie de la France de vivre aux dépens de l’autre. De ce point de vue l’affaire du jour de carence est révélatrice. Les fonctionnaires n’auront plus le seul jour de carence que le précédent gouvernement leur avait péniblement imposé. Madame Le Ministre Lebranchu a déclaré que ce « jour de carence est injuste, inutile, inefficace et humiliant ». Sans commentaire ! Selon une étude de l’IFRAP en 2006, le taux d’absentéisme dans la fonction publique était environ deux fois plus élevé que dans le privé. Au niveau global, le taux d’absentéisme se situait à 6,2% dans le privé contre 13% dans la fonction publique locale. Une étude plus récente publiée par Dexia Sofcap en 2011 souligne la hausse des arrêts maladie dans la fonction publique territoriale. http://www.lagazettedescommunes.com/wp-content/uploads/foule_02.jpgPour les personnels des collectivités et des structures hospitalières, le taux d’absentéisme a atteint en 2010, selon la taille de la structure, 6 (collectivités de moins de 10 agents) à 11 % (collectivités de plus de 350 agents). « Il y a quand même un véritable problème d’absentéisme chez les fonctionnaires ! » a déclaré le maire socialiste de Lyon Gérard Collomb ce 22 février. Mais Maryse Lebranchu ne veut pas entendre.
Des impôts nouveaux tous azimuts
L’austérité est donc pour les autres, notamment sous forme d’impôts supplémentaires. Le gouvernement va mettre en place la taxe transport, dont il est vrai que le principe avait été posé sous Sarkozy. Elle représente 4,6% du prix du transport, au moment où le secteur du transport routier, avec ses 400 000 travailleurs, est en difficulté. Et en outre sa collecte devrait coûter 19% du produit. Quelle efficacité ! Mais on ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Les incantations écologiques annoncent d’ailleurs une taxe supplémentaire sur le gazole.
Après avoir envisagé de taxer les allocations familiales, le gouvernement s’en prend aux allocations « étudiants ». Autre innovation : l’épargne intermédiée (assurance vie, SICAV, FCP, …) pourrait être surtaxée pour favoriser tel ou tel secteur d’activité comme l’immobilier où le nombre de logements construits n’a jamais été aussi bas. La meilleure manière d’aider l’immobilier n’est pas d’accorder des aides au demeurant mal conçues, mais de restaurer la liberté de construire et de donner en location – une liberté de plus en plus limitée. Bref, le gouvernement cherche désespérément tous les autres champs possible de taxation, du numérique à l’ISF (pour lequel il s’est fait retoquer par la Conseil constitutionnel, dont il cherche maintenant à contourner la décision).
Une bureaucratie renforcée
Mais les impôts ne sont pas tout. La France a été classée par la World Economic Forum en 2012/2013 au 124ème rang sur 144 pays en matière de complexité administrative. Il y a 400 000 textes règlementaires et circulaires encadrant l’action des élus locaux. Les normes renchérissent tout, allongent les délais de réalisation, entravent l’action publique et privée. Les mesures en faveur des handicapés conduisent dans les petits logements, dont la superficie tend toujours à se limiter eu égard aux coûts, à avoir bientôt des toilettes plus grandes que les salons ! En général la mise en œuvre de travaux est 50% plus chère et 50% plus longue dans le public que dans le privé compte tenu des règles à respecter pour soi-disant éviter des dérives. Mais où est la dérive la plus grave ?
La réglementation des salaires est également à l’ordre du jour. Comme nous n’avons plus les moyens d’augmenter le SMIC, majorité et opposition confondues veulent désormais encadrer la rémunération des patrons, Les deux députés mandatés à cet effet, MM Houillon, UMP, et Clément, PS, proposent de supprimer les retraites-chapeau, réduire encore les avantages des stocks options et actions gratuites déjà très pénalisées et encore de limiter les déductions fiscales des entreprises qui verseraient des rémunérations trop élevées. L’effet risque d’être encore plus dévastateur en écartant les meilleurs mangers des entreprises implantées en France! La seule mesure efficace et saine, envisagée d’ailleurs par les deux députés, serait celle du say on pay, qui consiste à soumettre la rémunération des dirigeants aux actionnaires.
Merci Monsieur Taylor
Titan, l’entreprise américaine qui envisageait de reprendre une partie des activités du site de Goodyear d’Amiens-Nord, menacée de fermeture, a jeté l’éponge après que les syndicats aient tout fait pour la dégoûter, la CGT empêchant même son patron de visiter l’usine.
Celui-ci, Maurice M. Taylor Jr, a bien compris : il est parti et en a profité pour dire ses quatre vérités qui sont la vérité, en dénonçant notamment des ouvriers qui ne travaillent plus que trois heures par jour et des cégétistes qui veulent dicter leur loi au repreneur de l’usine. « Mais, dit-il aux Français, qu’est-ce que vous croyez ? Que vous allez pouvoir aller au restaurant, manger et boire du vin sans payer ?…Vous allez finir comme la Grèce, c’est une question de temps ». Et malheureusement, en dépit de la brutalité du propos et de sa généralisation excessive, il a sans doute raison. Pour ménager ses « partenaires » sociaux, le MEDEF s’est associé à la protestation de notre Ministre du Redressement Productif.
La France n’est pas la seule…
Est-ce une consolation que d’observer que la pente glissante des déficits, de la dette, engendrés par des politiques de relance, est aussi celle d’autre pays ?
Le monde occidental tout entier n’est-il pas atteint ? Obama poursuit l’européanisation de l’Amérique en voulant augmenter de manière drastique et uniforme le salaire minimum horaire qui passerait de 7,25 à 9 $. Une générosité qui favorisera le chômage (cf. l’article de Nicolas Lecaussin dans la présente lettre).
Et, de même que la France essaie de sauver la face en imposant au privé des charges et contraintes telles qu’il n’apparaisse pas beaucoup plus performant que le public, certains désormais voudraient limiter la croissance des pays encore libéraux pour qu’elle se mette au pas des vieux pays enlisés dans leur politique d’assistance généralisée.
En témoignent les propos du secrétaire général de l’OCDE , le mexicain Angel Gurria, demandant à la Corée du sud d’augmenter ses impôts et surtout ses dépenses sociales, actuellement de 9,8% du PIB au lieu de 22% en moyenne dans les pays de l’OCDE, . Il pense aussi qu’une réduction du temps de travail à 40 heures par semaine permettrait de poursuivre le « miracle du fleuve Han ». Je crois surtout que la Corée est gênante avec son taux insolent de croissance affiché de 2,8% pour 2013, très au-delà des taux européens, ce qui s’explique sans doute en partie par la modestie de ses prélèvements obligatoires de 24% en 2011 contre 52% en France. En quelque sorte, il faudrait que la Corée rejoigne les vieux Etats providence occidentaux pour connaître une meilleure croissance ! Quel aveuglement !
Trop de dépense publique tue la croissance
Les Français n’ont pas à se rassurer des erreurs politiques commises ailleurs, car tout blocage de la croissance en un point du globe aura des conséquences néfastes pour l’économie française.
Il faut en revenir à une loi fondamentale de l’économie : trop de dépense publique tue la croissance. De nombreuses études concourent à démontrer que dix points de plus de dépenses publiques, c’est un point de moins de croissance (Gwartney et al., 1998 ; Alesina et Rodrik, 1994 ; Person et Tabellini, 1994 ; Martial Foucault, 2010…). Un déficit public, même réduit à 3% du PIB, continuera à aggraver le déficit public tant que la croissance réelle ne sera pas supérieure à ce même taux. Il n’y a pas d’autre solution que de réduire la dépense publique de manière drastique. Si nous ne l’entendons pas, nous y serons contraints un jour et ça sera dramatique. Oui, M. Taylor a sans doute raison. Reste pour nous à réagir enfin, et à libérer la croissance des griffes de l’Etat.
2 commentaires
Reste pour nous à réagir
C’est quoi « réagir » ? La révolution ? Prendre les armes et tordre le cou de tous les privilégiés de la République et Dieu sait qu’ils sont nombreux ? Et même si cela arrivait, je ne suis pas du tout sûr que tout ne recommencerait pas petit à petit comme avant une fois les esprits apaisés.
Mais non voyons!
C’est la faute au gouvernement précédent. Dommage qu’il n’y ait pas de date limite d’utilisation pour cette excuse, comme sur les pots de yaourt. Ils vont nous la servir pendant 5 ans… à moins que le peuple ne finisse par se réveiller et faire la révolution.
SY (Paris)