L’INSEE a fourni aux candidats des chiffres qui laissent penser que les salaires versés par les entreprises françaises sont moins élevés que ceux des concurrents étrangers. Mais l’INSEE ne tient aucun compte du « salaire complet » : celui-ci est très supérieur au salaire net versé : le double ! Analyse pertinente de Lucas Léger, chercheur à l’IREF.
Dans leur obstination à attaquer la mondialisation et les délocalisations, les candidats à l’élection présidentielle se sont préoccupés du coût du travail. Pour cela, ils se sont basés sur les chiffres de l’INSEE pour lequel ce coût serait, dans certains secteurs comme l’automobile, inférieur à celui de l’Allemagne.
Pour déterminer le poids global du coût du travail, il faut observer la « part salariale et fiscale ». L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) la définit comme la différence entre ce que paie l’employeur pour rémunérer le travail et ce que le salarié perçoit à la fin du mois, déduction faite des cotisations et de l’impôt sur le revenu. Il atteint 50% en France, l’un des plus élevés d’Europe après la Belgique et l’Allemagne. Autrement dit, l’entreprise devra verser 2000 euros si elle veut rémunérer son salarié 1000 euros. Les 2.000 euros, c’est ce que l’on peut appeler le « salaire complet », la vraie valeur ajoutée par le travailleur, telle qu’elle a été payée par le client. Alors que la moyenne de l’OCDE se situe un peu au-dessus des 35%. Il est par exemple à un peu plus de 40% en Suède, pays pourtant connue pour son Etat providence généreux.
On en déduit que le coût total du travail en France est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. Mais ce n’est pas la seule conclusion qu’il faut tirer de cette observation. Alors que cette charge totale baisse dans la plupart des pays européens à forte fiscalité sur la période 2007-2011 (-2,5% en Suède, -2% en Allemagne), elle est très légèrement positive en France. Et si l’on ventile ce coût entre l’impôt sur le revenu, les cotisations patronales et salariales, on constate qu’en France le poids des contributions patronales représente près de 30% du total de ce « coin social et fiscal ». Contre 17% en Allemagne ou un peu plus de 20% en Belgique, ou encore 25% en Suède, c’est en France qu’il est le plus élevé. Ailleurs, l’impôt sur le revenu pèse davantage.
Ajoutez à cette lourde imposition un code du travail de plus de 3 000 pages et l’on comprend très vite l’impasse où l’on a engagé le marché du travail français. Les réformes à la marge pour raboter le coût du travail ou les programmes ambitieux de relance de l’innovation par une sorte de nouveau plan Marshall n’y changeront rien. Au Danemark, les politiciens ont eu le courage de mettre en place une plus grande flexibilité du marché du travail tout en gardant des protections élevées. La France, quant à elle, par le choix de politiques inadaptées au monde actuel, est confrontée à un manque de compétitivité et cultive le chômage.
3 commentaires
COUT DU TRAVAIL
1. Il serait intéressant de savoir si les éléments de coût du salarié, tels la médecine du travail, la cotisation travailleurs handicapés, l’investissement construction, taxe professionnelle, cout des conflits individuels et collectifs, surcouts des temporaires, couts de la sortie du contrat de travail, couts des representants du personnel, cotisation au comité d’entreprise, cout commission hygiène et sécurité … sont inclus dans l’étude présentée.
2.on sait que l’INSEE est une machine tendancieuse utilisée pour donner une illusion de réalité à des messages politiques.
Sa crédibilité est possible dans certains secteurs de la statistique seulement.
Érreure…
L’INSEE ne trompe pas: elle est de mauvaise foie. A moins de croire que les Énarques soient tous débiles…
INSEE
on nous rebat les oreilles avec l’indépendance de la justice…
a quand l’indépendance de l’INSEE ?
Pourquoi ne pas le rattacher à la Cour des Comptes ?
a;doat