Annonce par le Ministère de l’Environnement du lancement ce mois-ci d’un projet d’éolienne en mer de plus de 15 milliards d’euros. Un gaspillage titanesque, dit Michel Gâche, collaborateur à l’IREF .
On nous dit que le budget de l’Etat est exsangue et qu’il faut réduire les dépenses pour rembourser les dettes. On croyait que le revenu des ménages stagnait pour ceux qui avaient du travail et baissait pour ceux qui n’en avaient pas. On nous annonçait qu’EDF avait annoncé être en train de vendre ses réseaux d’électricité au Royaume-Uni pour réduire un endettement excessif.
Mais c’est alors qu’on apprend que le Ministère de l’écologie et de l’énergie va lancer en septembre 2010, un projet d’éolienne en mer de « plus de 15 milliards d’euros ». Quinze milliards d’euros est une somme considérable. A titre de comparaison, la France recule depuis 20 ans devant le prix d’un second porte avion qui coûterait environ 2 Mds €. Quinze milliards c’est aussi le tiers de l’impôt sur le revenu collecté en 2010.
Les éoliennes en mer présentent de nombreux avantages : plus souvent du vent, plus fort et régulier, moins de voisins prêts à se plaindre, donc possibilité de construire des mâts encore plus hauts. Dans les zones concernées, Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Languedoc-Roussillon, les pêcheurs et les villes touristiques voisines sont réticents, mais il doit être possible d’acheter leur accord.
Comme d’habitude avec les énergies vertes, la dépense est mise en avant comme une formidable bonne nouvelle. La question qui n’est jamais abordée, c’est le prix de revient du MWh produit par ces engins. A terre, le coût de production de éoliennes est 2 à 3 fois plus élevé que celui des centrales nucléaires ou des barrages. En mer, les problèmes logistiques d’installation et d’entretien deviennent titanesques et on estime que le prix sera deux fois plus élevés que pour l’éolien terrestre, soit 4 à 6 fois plus élevé que le MWh nucléaire. Il est vrai qu’on est encore loin du 10 fois plus élevé des panneaux photovoltaïques installés par les particuliers sur leurs maisons.
Comme pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque, ces machines en mer produiront de l’électricité quand elles le pourront, pas quand on en aura besoin. Leur appliquer un coefficient moitié pour leur utilité semble raisonnable voire optimiste. L’électricité qu’elles produiront sera donc de 8 à 12 fois moins utile (ou plus coûteuse) que l’énergie nucléaire.
Si ce projet n’est destiné qu’à obtenir un effet d’annonce de plus, et qu’il n’aboutit à rien, c’est un peu ridicule mais pas trop grave. On a déjà connu cela avec le Bioéthanol E85 lancé en 2006, qui devait être disponible dans des milliers de stations en France, mais qui n’est disponible en 2010 que dans 315 d’entre elles et dont l’avantage en matière de CO2 est finalement faible. Si ce projet d’éolien marin devait aboutir, c’est le prix du KWh payé par les consommateurs qui augmenterait fortement. Avec les plans actuels, le surcoût prévu pour les consommateurs est déjà de 1 milliard par an pour l’électricité éoliennes terrestre et entre 1,5 et 4,5 milliards d’euros pour le photovoltaïque.
Le projet complet comporte 600 éoliennes qui fourniraient l’équivalent de la production de 2 centrales nucléaires type EPR. Deux vrais EPR demanderaient un investissement de 10 Mds € seulement, et produiraient des MWh à un coût 8 à 12 fois moins élevé que les éoliennes marines annoncées.
On se demande d‘ailleurs ce qu’on ferait de ces MWh supplémentaires puisque la consommation d’électricité en France stagne, que la construction de deux EPR (Flamanville et Penly) est décidée (dont un en voie d’achèvement), que les centrales nucléaires en place vont fonctionner encore des dizaines d’années et que la nouvelle usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse 2, très économe en électricité, va libérer la production de deux EPR en 2012/2014.
On cherche à comprendre comment un tel projet a pu être envisagé. Les Echos ont laissé entendre que cela pourrait fournir un débouché à STX (ex Chantiers naval de Saint Nazaire) dont l’Etat est devenu un actionnaire important. Faute de commandes il en est réduit à supplier ses clients et donc à leur faire des conditions financières tout à fait avantageuses, aux frais du contribuable (voir encadré ci-dessous). Si c’était vrai, la boucle serait bouclée. L’Etat aurait acheté une entreprise qui n’a pas de clients (première perte) et pour l’occuper et sauver la face, lui passerait des commandes d’éoliennes marines non rentables (seconde perte). Les contribuables et les consommateurs combleront bien entendu ces déficits.
Le Figaro 17/2/2010
Une nouvelle fois, l’État doit déployer toute son énergie pour éviter le pire à STX (ex-Chantiers de l’Atlantique). Alors que les commandes ne rentrent plus, un seul client – l’armateur italien MSC – est prêt à acheter un nouveau paquebot. Mais voilà, depuis plusieurs semaines, les banques françaises (Crédit agricole CIB, BNP Paribas et Natixis) ne parviennent pas à se mettre d’accord sur «le partage du crédit de près de 300 millions à mettre en place», explique une source gouvernementale.
Bercy et Matignon sont donc intervenus directement pour débloquer la situation. Et mercredi soir, un accord a été trouvé, après que François Fillon se soit entretenu au téléphone avec les dirigeants des banques concernées. Pour boucler le montage financier – complexe et difficile à mettre en place -, les discussions finales s’engagent aujourd’hui avec les banques étrangères.
La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, a, en outre, indiqué mercredi à l’Assemblée nationale que l’État serait «présent comme actionnaire et comme assureur de l’activité d’exportation et fournirait sa garantie dans le cadre de cette activité d’assureur de l’export».