L’histoire des retraites tient pratiquement en cinq chapitres qui, tous, signalent une étape capitale dans leur évolution.
Retraites
Sans vouloir discuter tous les articles du projet de réforme Delevoye, il paraît nécessaire d’en souligner d’ores et déjà les aspects les plus injustes.
I – L’information
Depuis quelques semaines, plusieurs indices laissaient à penser que le Gouvernement semblerait subitement moins empressé sur le calendrier de la prochaine réforme des retraites. Il y eut d’abord comme un signe prémonitoire avec un flottement remarqué sur la date de remise du très attendu rapport Delevoye: anticipé un temps sur juin, avant d’être discrètement rétabli sur la première quinzaine de juillet, puis finalement (ou provisoirement ?) de se retrouver décalé jusqu’au 18 juillet, le temps sans doute de laisser tranquillement passer les festivités du 14 juillet . De même, ces derniers temps, la communication du Premier Ministre évitait prudemment toute date précise sur les échéances à venir. Finalement cette valse-hésitation à trouvé son épilogue avec l’annonce dans l’édition du 26 juin des Échos (reprise depuis par plusieurs chaînes d’information dont Lci et France-Info et par la presse notamment avec le JDD, l’Obs et Mieux Vivre Votre Argent) de l’éventualité du “glissement” de fin 2019 au printemps de l’année 2020 de la réforme sans doute la plus importante et la plus sensible du quinquennat, tout simplement parce qu’elle inquiète tous les Français qui aspirent légitimement à être un jour ou l’autre retraités et que le pouvoir hésite.
Dans certains pays, les privilèges des retraites du public n’existent plus ; dans d’autres, elles sont en train de disparaître. Le Brésil en fait partie. Arrivé au pouvoir en octobre dernier, Jaïr Bolsonaro, que la presse bien-pensante considère ni plus ni moins comme un dictateur, a lancé une série de réformes économiques et fiscales de grande envergure grâce surtout aux conseils de Paulo GUEDES, un économiste reconnu, ancien de Chicago, fondateur de l’Instituto MILLENIUM, think tank libéral d’inspiration « autrichienne ».
Retraites : pour le passage à la capitalisation
Laurent Pahpy est l’invité (7 juillet) de l’émission Le Brunch de l’Info sur LCI pour débattre de la réforme des retraites. Voir l’émission.
Voici donc plus de vingt mois qu’il a commencé sa mission en vue de remettre cet été ses propositions au Président de la République pour la toute prochaine réforme de nos retraites. Voici plus de vingt mois qu’il consulte les uns et les autres, de préférence séparément. Voici plus de vingt mois que, sans rien révéler ou presque de ses projets, il a pourtant laissé opportunément fuiter tel ou tel bruit, telle ou telle rumeur, rapidement démentis ou abandonnés. Voici plus de vingt mois enfin que les quelque 29 millions d’actifs, dont le sort est présentement entre ses mains, ne savent absolument rien ce que deviendront leurs cotisations et leurs pensions d’ici cinq ans. Voire plus, puisqu’après avoir essuyé une bronca sur son intention originelle de supprimer les pensions de réversion, au point de devoir d’urgence sagement les rétablir, le Haut-Commissaire a finalement annoncé que l’affaire était si compliquée qu’il était urgent d’attendre et qu’il fallait disjoindre la réversion du reste de la réforme pour la traiter à part à partir de 2025.
On sait depuis longtemps que le Président Macron n’aime pas les retraités et depuis un certain temps, il a montré qu’il est même capable d’un certain acharnement à leur encontre. Si l’on ajoute en effet à l’encours du présent mandat présidentiel, les cinq années pendant lesquelles il a été l’un des plus proches conseillers de son prédécesseur, avant de devenir son ministre, on peut lui imputer pas moins que :
On sait que l’État n’a plus d’argent et c’est sans doute l’une des raisons majeures qui a obligé le Haut-Commissaire des Retraites à rappeler que la réforme à venir devrait se faire à enveloppe pratiquement constante (encore que les prévisions du Conseil d’Orientation des Retraites, qui, depuis des années et au gré des échéances électorales, souffle alternativement le chaud et le froid ne soient pas précisément faites pour nous rassurer !). Or, sagement, plusieurs Caisses de retraites des Professions libérales avaient pris la précaution durant les années de collecte favorable des cotisations de constituer des provisions pour faire face à leurs engagements actuariels et mettre en place une régularisation anti-cyclique dans la crainte d’évolutions démographiques et conjonctures économiques moins porteuses. Fruit de plusieurs décennies d’efforts, ces provisions ne sont pas des réserves malgré l’abus de langage qui altère la plupart des publications, tout comme les propos du Haut-Commissaire, lui-même. Elles atteignaient déjà à fin 2015 quelque 27 milliards d’euros (Recueil statistique CNAVPL) pour l’ensemble des Caisses des professions libérales (hors Avocats).
En pleine réforme des retraites, une fable redoutable nuit considérablement aux retraités, en faisant croire qu’ils sont quasiment les obligés de la population active, parce que les cotisations des actifs financent leurs pensions. Pour mieux réfuter cette mystification, nous la disséquerons dans un premier temps (I), puis nous la dissiperons à travers le triple spectre d’une approche juridique (II), assurancielle (III) et statistique (IV). Ceci fait, nous reviendrons brièvement sur les vérités à rétablir (V) et avant de conclure (VII), nous proposerons une synthèse (VI) qui montre qu’en réalité, les retraités ne sont ni des parasites, ni des assistés, mais bien des assurés ou des ayants-droit.
L’IREF ne cesse de le répéter depuis des mois : annoncée comme un extraordinaire « big bang », la réforme des retraites d’Emmanuel Macron risque d’avoir des conséquences financières immenses et de transformer la retraite en France en une forme d’assistanat universel accordé par l’Etat.