L’une des annonces-phares du Premier ministre dans son discours du 11 décembre dernier au CESE a été incontestablement le report de la première application de la réforme des retraites de la génération 1963, telle que prévue par le rapport Delevoye en juillet dernier, à la génération 1975. Soit un décalage dans le temps de 12 ans, qui n’équivaut certes pas à la clause du grand-père un instant évoquée, mais qui, compte tenu du maintien de l’âge légal à 62 ans, repousse néanmoins à 2037 la première cohorte de retraités issus de la réforme.
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Au temps où la France était encore un grand pays, le Général de Gaulle avait clairement mis en garde le monde financier en l’assurant que “la politique de la France ne se fait pas à la corbeille” de la Bourse. Aujourd’hui où du fait de plusieurs décennies de politiques erratiques, notre pays a perdu beaucoup de sa superbe, on a l’impression que ce Gouvernement ne retient plus du pouvoir que la paille de la communication, en laissant filer le grain de l’autorité qui est l’essence même de sa responsabilité politique. Désormais en effet et on le voit bien pour la réforme des retraites, ce qui compte, ce n’est plus la volonté du Président de la République, pas plus d’ailleurs que celle du Parlement, pas davantage bien entendu l’intérêt général, non ce qui compte, ce qui pèse, ce qui détermine, c’est le pouvoir de nuisance dont disposent certains acteurs essentiellement publics (SNCF, RATP, Énergie, une partie de la fonction publique etc) et accessoirement, mais avec une force moindre, quelques rares entreprises privées (notamment transporteurs mais pas seulement).
Posture gaullienne, la main sur le cœur, Emmanuel Macron avait clamé il y a quelques semaines : « Gilets jaunes, je vous ai compris !». Mais ses actes et la déclaration de politique générale de son Premier ministre montrent l’inverse. Il y a deux aspects fondamentaux qui sont ignorés par le pouvoir et qui apparaissaient clairement dans les premières revendications des gilets jaunes : la fiscalité et la dépense publique. Elles ont été confirmées par les résultats du Grand Débat. Plus d’un tiers des participants estime que l’impôt sur le revenu devrait être payé par tous, 28,2% qu’il faut simplifier et réformer la fiscalité ; en qui concerne les dépenses publiques, 75% souhaitent les voir réduites, notamment pour baisser le déficit public. On en est loin.
Cinq mesures à mettre en place immédiatement pour répondre à la crise des gilets jaunes
Les blocages et les affrontements violents avec la police témoignent d’une profonde crise de représentativité. Les gilets jaunes ne parviennent pas à faire entendre pacifiquement leurs inquiétudes vis-à-vis de leur pouvoir d’achat. Le recours à la violence d’une minorité d’entre eux révèle une fracture profonde entre les Français et les élites censées les représenter.
La tourmente actuelle de l’Elysée mérite pleinement ce titre que Jean-Marc Daniel avait dès avant choisi pour décrire plus généralement l’agitation présidentielle qui a cru pouvoir incarner le mouvement En marche sans réussir à tracer sa voie. Jean Marc Daniel a pourtant été un partisan de la première heure de ce qu’il croyait devoir être une synthèse prometteuse. Il n’en a que plus de courage à sonner l’alarme en dénonçant, et avec une telle virulence, les erreurs et les insuffisances d’une politique qui se mesure à son incurie, même s’il admet volontiers, à juste titre, que « des choses positives ont été faites » (p.11). Il le fait bien sûr en adepte déçu de ce qu’il espérait comme, selon ses mots, une nouvelle politique « Feuillant », du nom de ce club révolutionnaire libéral et monarchiste constitutionnel qui fut bientôt balayé par les Montagnards.
Hulot s’en va. On pourrait s’en réjouir si on ne connaissait pas l’histoire de la vieille de Syracuse que raconte Valerius Maximus (historien du 1er siècle après JC), sur Denys, un des tyrans de Syracuse, que tous détestaient. Denys apprit pourtant qu’une vieille femme priait chaque jour pour lui. Surpris, il la fit venir et l’interrogea sur ses motifs. Par quel bienfait avait-il pu mériter ses prières ? “J’ai, dit-elle, une raison bien particulière d’agir ainsi. Quand j’étais jeune, nous avions un tyran redoutable et je désirais en être débarrassée. Il fut tué ; mais un autre plus terrible encore s’empara de la citadelle. Je regardai encore comme un grand bonheur de voir finir sa domination. Tu es devenu notre troisième maître et nous t’avons trouvé plus dur que les deux premiers. C’est pourquoi, dans la crainte que ta mort n’amène à ta place un successeur encore pire, j’offre ma vie aux dieux pour ta conservation.”
En 2007, l’ancien président Nicolas Sarkozy avait lancé, dans une France à l’économie terriblement malade, une série de réformes qui s’apparentaient à la fameuse « perestroïka » choisie par Mikhaïl Gorbatchev en URSS entre 1985 et 1991. Selon cette approche, on reconnaît qu’il faut réformer l’économie mais en essayant de sauver le système. Le problème c’est que le communisme ne peut pas être réformé. Il faut s’en débarrasser. C’est pareil pour l’étatisme français. Le pays ne sortira du marasme économique que grâce aux vrais changements économiques libéraux qui ont d’ailleurs été opérés dans d’autres pays. Sarkozy ne l’a donc pas fait, François Hollande encore moins et Emmanuel Macron, fidèle à l’ « énarchisme », pense que c’est grâce à l’Etat que les réformes peuvent être accomplies.
La garde rapprochée d‘Emmanuel Macron : 10 socialistes sur 12 !
Le Figaro Magazine du 17 novembre 2017 faisait sa « Une » sur “Les hommes du Président”. Cette garde rapprochée qui gouverne la France avec Macron ». L’IREF a regardé attentivement le parcours de ces collaborateurs. Pratiquement tous viennent du socialisme !
Nouvelle législature : gageons qu’il y aura davantage de rigueur législative et budgétaire !
La XVe législature débutera le 27 juin 2017 ; cette nouvelle législature marquera un renouvellement substantiel des élus puisque la nouvelle Assemblée comptera 415 primo-députés, soit plus de 70% des députés. Gageons que ce renouvellement des élus s’accompagnera d’un regain de rigueur législative et budgétaire.