On pense souvent que la survenue d’une crise, qu’elle soit économique, environnementale ou, comme celle que nous traversons actuellement, sanitaire, exige une réponse forte de l’État. Par son appel à la « mobilisation des ressources », l’État serait l’acteur incontournable seul capable d’atténuer les effets d’une crise et de limiter celle-ci dans le temps.
Etat providence
L’état de droit est à géométrie variable en Europe. En juillet dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement européens s’étaient mis d’accord pour préparer un plan de relance de 750 milliards d’euros destiné à faire face à la crise sanitaire. Mais le projet présenté aux 27 pays de l’Union a prévu de priver des fonds européens de ce plan les pays de l’UE accusés de violer l’état de droit (indépendance de la justice, respect des droits fondamentaux). Aussitôt la Hongrie et la Pologne ont compris qu’il s’agissait d’une attaque en règle contre leurs politiques et ont mis leur véto.
La crise sanitaire et économique a fait s’envoler notre dette publique, et avec elle l’emprise de l’Etat sur la société. Une dérive, selon Jean-Philippe Delsol, qui invite à « faire davantage confiance au marché ».
Ne sommes-nous pas fatigués d’attendre bêtement que notre président prenne à nouveau la parole la semaine prochaine ? Sommes-nous si immatures pour attendre la parole du seigneur ? Sommes-nous si dociles pour, jour après jour, entendre et lire ce que la nomenklatura technocratique parisienne nous dispense comme message anxiogène ?
Les effets de la Covid, pour graves qu’ils soient, ne justifiaient pas de pétrifier la société et l’économie. Pour la France, qui est l’un des pays les plus touchés par le virus, dans une étude publiée déjà en juillet dernier, Épidémie de Covid-19 : quel impact sur l’espérance de vie en France ?, deux chercheurs Michel Guillot, Myriam Khlat ont montré qu’ il fallait relativiser l’augmentation du nombre de décès au terme de la première vague de l’épidémie du coronavirus : « Le nombre de décès en excès en janvier-mai 2020 par rapport à 2019 sur la même période est au final inférieur à ce à quoi l’on pourrait s’attendre au vu du décompte de décès Covid-19. En effet, il y a eu environ 287 000 décès toutes causes (Covid-19 ou non) entre janvier et mai 2020, à comparer aux 270 000 décès toutes causes enregistrés sur la même période en 2019. L’excédent de décès en 2020 est donc d’environ 17 000 décès, soit 12 000 décès en moins par rapport aux 29 000 décès Covid-19 enregistrés sur la même période. Cela signifie que par rapport à 2019, il y a eu en janvier-mai 2020 un déficit de 12 000 décès relevant d’autres causes que la Covid-19 ».
« L’État français se finance désormais autant par l’endettement que par l’impôt »
Cette phrase est tirée du tome 1 du rapport général de la commission des finances du Sénat sur l’analyse des principaux équilibres (ou plutôt déséquilibres…) du projet de loi de finances pour 2021. Elle résume à elle seule l’étendue de la menace que fait peser sur nos têtes d’épargnants et de contribuables la dégradation fulgurante de nos finances publiques. Sur la seule année 2020, la dette de l’État devrait ainsi croître de 11,4 % après avoir dépassé au mois d’août, pour la première fois de son histoire, le seuil des 2 000 milliards d’euros. À titre de comparaison, l’encours de la dette de l’État était à peine supérieur à 1 000 milliards d’euros à la fin de l’année 2008, à la veille de la crise des subprimes.
Pour éviter le conflit des générations : la solidarité intergénérationnelle
Le 10 juin dernier et face aux polémiques qui montaient, nous avions choisi un titre quelque peu provocateur: « Les retraités ont vraiment de la chance : plus de 30 000 morts dus à la pandémie » pour alerter les lecteurs de l’IREF sur les dissensions qui se faisaient jour de part et d’autre d’un bout à l’autre de la chaîne des âges. Le moins qu’on puisse dire au début de ce second confinement , c’est que loin de s’apaiser, les tensions ont repris avec une vigueur accrue et qu’elles commencent à flirter de manière inquiétante avec le conflit de générations.
L’une des principales caractéristiques des pays communistes est la pénurie. Partout où l’on a mis en place le marxisme, où l’on a aboli la propriété privée et nationalisé les entreprises, l’économie s’est effondrée et les produits ont commencé à manquer. Les politiques français semblent avoir trouvé encore mieux. Ils nous empêchent d’avoir accès à certains articles même s’il n’y a pas de pénurie. Le gouvernement a décidé de fermer les rayons non essentiels dans les grandes surfaces, plutôt que d’autoriser les petits commerces à rouvrir.
La démocratie semble désormais si faible qu’il lui faut sans cesse les béquilles de l’Etat, ou du moins de son argent, c’est-à-dire du nôtre. Le mal est endémique et atteint tous ceux qui participent à l’action publique et sociale et en informent les citoyens.
Que les politiques n’aient pas cru à une nouvelle vague, c’est une chose ; qu’ils n’aient pas été préparés, comme le président Macron en France qui annonce seulement 1 000 lits supplémentaires en réanimation, c’en est une autre, beaucoup plus grave. Qu’ont fait nos décideurs pendant ces mois ?