Au lieu de « débloquer » 1.5 Mds d’euros, on aurait mieux fait d’encourager l’innovation par moins d’Etat, de bureaucratie et d’impôts. Mais les politiques aiment les rapports et l’interventionnisme, même s’il est inutile et coûteux.
Emploi et chômage
Le protectionnisme est-il favorable à « nos » emplois ? Cette question est réapparue dans le débat français en réaction aux annonces de Donal Trump. Il semble que le président des Etats-Unis visait en réalité à engager des négociations avec la Chine, qu’il accuse de pratiquer un protectionnisme asymétrique. Mais en France, où le taux de chômage se trouve très nettement supérieur à celui de ses voisins, on s’est interrogé sur la possibilité de « préserver nos emplois » grâce au protectionnisme, à instaurer éventuellement, demandent ses partisans, au niveau européen. La littérature économique démontre très largement les nuisances du protectionnisme.
Dans la loi de finances 2018, à la mission intitulée « Travail et emploi », 15,4 Mds euros de crédit de paiements sont ouverts pour favoriser « l’accès et le retour à l’emploi ». Cette mission nécessite plus de 621 millions d’euros en dépenses de personnel et plus de 1 659 millions d’euros en dépenses de fonctionnement.
Dans une interview exclusive accordée au quotidien Le Parisien (2 mars), la ministre du Travail dévoile les grandes lignes de la réforme de l’assurance chômage. Tout ce qu’on pouvait craindre…
Pour le Premier ministre, Edouard Philippe, il s’agirait d’une « révolution copernicienne ». C’est la réforme de l’apprentissage bâtie autour d’une vingtaine de mesures. Celles-ci ne feront pas une « révolution » et risquent même de rendre le système difficilement gérable à terme. Et la réforme proposée est encore loin de ressembler à celles des pays qui ont le mieux réussi dans ce domaine.
De quelques dizaines de millions à 2 milliards d’emplois supprimés d’ici 2030 dans le monde[[MIT Technology Review, Every study we could find on what automation will do to jobs, in one chart, 25/01/18]] : l’éventail des prédictions de l’impact de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotisation sur le travail est aussi large que le nombre d’experts et d’études sur le sujet. Depuis que les innovations technologiques révolutionnent nos vies, des prédicateurs avisés nous ont toujours fait craindre un chômage de masse qui n’est jamais venu. L’IA dérogerait-elle à cette règle ?
Alors que partout on se réjouit de la croissance qui repart, on feint de ne pas remarquer que la France ne fait que profiter de la conjoncture mondiale. En fait, la croissance est plus faible en France que presque partout ailleurs. C’est donc un signe qui devrait nous inquiéter plutôt que nous réjouir.
Les emplois aidés deviennent des… « parcours emploi compétence »
Jugés par le ministre lui-même coûteux et peu efficaces, les contrats aidés avaient été courageusement critiqués et leur nombre réduit. Mais par la grâce d’un rapport ministériel, établi par Jacques Borello, ils ont mué, et nouvellement baptisés « parcours emploi compétence » (PEC), ils vont maintenant sauver l’emploi en France. Le gouvernement y a ajouté quelques obligations. Encore une fois, rien n’a changé. 457 000 emplois aidés avaient été créés en 2016 pour un coût de 4,3 Mds € selon la Cour des comptes et bien peu de résultats.
France Stratégie, ou une vision biaisée de la réalité de l’emploi public en France
France Stratégie a publié un rapport pour soutenir que l’emploi public n’est pas aussi important en France qu’on le dit trop souvent. Mais ses chiffres sont biaisés et son rapport n’observe pas les conséquences de l’emploi public sur la croissance et le dynamisme économiques.
Une note ministérielle révélée par le Canard Enchaîné du 27 décembre 2017 dévoile que le Gouvernement réfléchit à durcir les sanctions contre les chômeurs qui refuseraient une formation ou deux offres d’emploi raisonnables ; de réduire de 50% (contre 20% aujourd’hui) pendant deux mois les indemnités dès le premier refus, puis de les supprimer pour la même période en cas de récidive. Ces sanctions concernent les refus d’offres raisonnables d’emploi, c’est-à-dire qui correspondent au diplôme, au salaire et au lieu de résidence du chômeur. Mais alors, pourquoi durcir ces contrôles et ces sanctions, et surtout quelles sont les pratiques de nos voisins européens ?