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La Syrie s’ouvre-t-elle au marché libre ?

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La Syrie vit un tournant historique. Après treize ans de guerre civile et des décennies sous un régime autoritaire, la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024 a ouvert une nouvelle ère. Le gouvernement actuel souhaite rompre avec l’économie planifiée et corrompue du passé pour s’ouvrir au marché libre. Analyse de Mohamed Moutii pour le site anglais d’IREF Europe.

Pendant des décennies, la Syrie a fonctionné sur un modèle soviétique, avec un État omniprésent, des restrictions commerciales et une absence de concurrence. Le pays souffrait d’un système rigide, gangrené par la bureaucratie et la corruption, ce qui s’est aggravé avec la guerre civile. Entre 2010 et 2021, le PIB s’est contracté de 54 % et la monnaie nationale a perdu 99 % de sa valeur. Aujourd’hui, 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

L’arrivée au pouvoir des membres de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), un groupe rebelle islamiste désormais dissous, a bouleversé les perspectives économiques. L’administration en place a entamé une libéralisation progressive : fin des restrictions sur le dollar, ouverture au commerce extérieur, privatisations, simplification du régime fiscal, renforcement des droits de propriété, réforme des procédures douanières, etc. En quelques jours, les prix des biens jugés essentiels ont chuté de 60 %. Les magasins de Damas se sont remplis de produits importés, de sorte à mettre fin au marché noir qui dominait l’économie sous Assad.

Si ces réformes représentent une avancée, rien ne garantit de stabilité durable. L’un des plus grands défis reste la refonte institutionnelle. HTC suscite encore la méfiance de la population et de la communauté internationale, notamment en raison de ses liens historiques avec des groupes extrémistes. Pour attirer des investissements et obtenir la levée des sanctions internationales, le gouvernement devra s’engager réellement en faveur des minorités, garantir effectivement plus de transparence et une gouvernance non sectaire. La Syrie est en effet l’un des pays les plus sanctionnés au monde après la Russie et l’Iran. Malgré le départ d’Assad, Washington a prolongé jusqu’en 2029 les restrictions du Caesar Act, qui limitent la reconstruction et l’accès aux marchés financiers. Tant que ces sanctions demeureront, la relance économique sera compromise et les investisseurs resteront frileux.

Pour Mohamed Moutii, l’histoire offre néanmoins des précédents encourageants. L’expérience des pays d’Europe de l’Est après la chute du communisme montre qu’une transition réussie repose sur des institutions solides, une justice indépendante et une libre concurrence. La Syrie possède des atouts indéniables pour stimuler la croissance économique : une population instruite, des ressources naturelles et une position stratégique au Moyen-Orient… à condition d’être gérée correctement.

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