« Si l’on calcule tous les revenus d’un homme de 35 ans tué au front au bout d’un an et que sa famille reçoit toutes les primes pour sa mort, sa famille reçoit alors plus d’argent que cet homme n’aurait pu en gagner jusqu’à sa retraite. Autrement dit, […] aller au front et être tué un an plus tard est plus rentable économiquement que travailler honnêtement pendant plusieurs décennies. » C’est le chercheur russe Vladislav Inozemtsev qui l’écrit dans un article cité par Françoise Thom qui rajoute dans une analyse récente : « Les régions russes, les unes après les autres, augmentent les primes versés pour la conclusion d’un contrat avec l’armée. Dans certaines régions, on a même lancé le programme « Parrainez un ami et obtenez une récompense » offrant 100 000 roubles à celui qui incitera un parent ou un ami à s’enrôler. » Mais cela coûte de plus en plus cher à l’Etat russe. La prime pour un contrat signé avec le ministère de la Défense est passée de 200 000 roubles en 2022 à 3 millions aujourd’hui (env. 28 800 euros). Les dépenses militaires (voir graphique plus bas) ont représenté 109,45 milliards de dollars en 2023. Un budget qui est presque 15 fois supérieur à celui de 1993 !
Pour trouver l’argent, écrit Françoise Thom, « Le gouvernement russe en est réduit à pressurer sa propre population. Il vient d’introduire un impôt progressif sur le revenu. La TVA ne cesse d’augmenter. Les prélèvements nouveaux surgissent comme des champignons : impôt sur le divorce, taxe sur le tourisme etc. Le déficit de main d’œuvre gonfle les salaires, ce qui donne un coup de fouet à l’inflation. De plus en plus, la demande excède l’offre. Les importations ont diminué de 10 % en 2024. La Banque centrale russe ne cesse d’augmenter le taux d’intérêt directeur qui va dépasser les 20 % dans les prochains jours. Même les banques chinoises refusent d’opérer les transactions avec leurs clients russes en roubles ou en yuans détenus par la Russie. »
Le départ au front provoque des pénuries de main d’œuvre. Un million de postes d’informaticiens ne sont pas pourvus, 1,6 millions de postes ne sont pas pourvus dans le complexe militaro-industriel, bien que celui-ci ait recruté 520 000 employés ces deux dernières années. Il manque 152 000 policiers, 92 000 médecins et personnel médical. L’Académie des Sciences estime que l’économie a besoin de 4,8 millions de travailleurs supplémentaires. » La sortie de « l’économie de la mort » n’est probablement pas pour demain, Poutine est obligé de remporter une victoire. Sa survie en dépend.
8 commentaires
des roubles,
ou des roupies (de sansonnet) ?
Christian
depuis le debut du conflit notre dette a grimpé de 500 milliards . a croire qu on est en guerre aussi
Si la prime de décès est plus élevée que la somme des revenus que le soldat mort aurait pu gagner pendant toute sa vie, alors on peut se poser la question, d’où vient l’argent? De l’emprunt? De la planche à billet qui doit tourner à plein régime? Dans tous les cas, ce système ne peut pas survivre très longtemps. La question de l’endettement Russe mériterait d’être approfondie un peu. Bizarrement, on n’en entends jamais parler.
L’impôt sur le divorce ??? Pas de panique, les Ukrainiens règlent le problème.
Exactement !
Je me posais la même question. Et je ne vois qu’une réponse, le fameux ambargo des occidentaux n’est pas appliqué et certains achètent en douce. Permettant aux Russes de tuer davantage d’Ukrainiens!
Peut-être devriez-vous confronter votre analyse avec celle de Jacques Sapir, ce qui devrait être très intéressant vous ne trouvez pas !
M. Sapir est l' »économiste » du Kremlin et le relayeur de la propagande poutiniste.
Cordialement