Immigration : la gauche balance toujours entre le déni et l’électoralisme

Provocations de Jean-Luc Mélenchon, irréalisme des « spécialistes » : la gauche semble incapable de concevoir convenablement le phénomène migratoire dans notre pays.

Beaucoup ont dû se pincer à entendre Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public lors de l’émission, généralement orientée, C politique (France 5, 9 février) consacrée au droit du sol. Voici les propos de cette universitaire explicitement « engagée » : « Je suis étonnée de voir que l’intégration, c’est un effort qui est demandé à celui qui vient de l’étranger. Jamais on ne conçoit l’intégration comme un mouvement mutuel, un mouvement réciproque. Faire reposer toute la charge de l’intégration aux migrants est un refus de se poser la question de la capacité à être une société dynamique, une société ouverte. L’identité, c’est l’ipséité [ce qui fait qu’un individu est lui-même], c’est s’ouvrir, c’est intégrer la diversité, c’est s’enrichir et, se priver de cette richesse, c’est inquiétant ».

Ce qui est surtout inquiétant, ce sont les propos de cette « spécialiste » de l’immigration, qui prétendait naguère que « les migrants et les réfugiés (étaient) des héros » (Stimento, 20 avril 2023). Ils signifient qu’entre des personnes qui se sont unilatéralement imposées en France, s’agissant des clandestins, et les Français et les étrangers installés régulièrement dans notre pays, il devrait y avoir réciprocité ! En contrepoint, que l’immigration soit régulière ou pas, nous avons toujours appris que ce n’était pas aux indigènes de faire des efforts, mais aux immigrés d’en faire pour s’intégrer.

Et encore devons-nous sûrement remercier cette « spécialiste » de nous dire que les efforts d’intégration devraient être « partagés », puisque manifestement les « partageux » que sont les Insoumis entendent passer la vitesse supérieure… En effet, le discours de Jean-Luc Mélenchon prononcé à Toulouse n’a sans doute pas reçu l’écho qu’il méritait. Nous avions déjà exprimé nos craintes dans une chronique contre la « Nouvelle France » prônée par le meneur des Insoumis. Dans son discours du 1^er février, celui-ci a explicité son projet : « Nous sommes voués à être une nation créole et tant mieux ! Que la jeune génération fasse le Grand remplacement de l’ancienne génération. (…) Des familles des quartiers populaires arrivent dans la ruralité, je dis à ces gens : cette partie du pays est à vous. La Nouvelle France, c’est la nôtre ».

De tels propos sont scandaleux. Ils nient les traditions françaises et ils appellent à déverser les banlieues « créolisées » dans les campagnes. Il va de soi que, ce faisant, Jean-Luc Mélenchon ne poursuit aucun objectif électoral. Nul électoralisme non plus dans les propos du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a ainsi justifié son rejet de toute discussion autour du droit du sol : « La France est un pays métissé, pluriculturel et pluri-religieux qui plonge ses racines dans son histoire, mais aussi dans les apports successifs migratoires » (BFMTV, 10 février 2025).

Il faut sans doute rappeler quelques faits et chiffres à une certaine gauche déboussolée.

• que la France n’a pas été un pays d’accueil d’immigrés jusqu’au milieu du XIXe siècle, si ce n’est de manière marginale;
• que la France était un pays quasi-uniquement composé de catholiques, avec de petites minorités de protestants et de juifs;
• que le nombre de musulmans sur le territoire métropolitain à la veille de la Première Guerre mondiale est estimé à seulement 10.000;
• qu’une immigration de masse a commencé après cette dernière et que, du fait des crises, les immigrés ont été largement renvoyés chez eux dans les années 1930;
• que l’immigration a recommencé à croître par vagues après le second conflit mondial;
• et que les flux n’ont explosé qu’à partir de la fin du XXe siècle.