Le député François Ruffin plaide en faveur du protectionnisme patriotique au terme d’une argumentation liberticide et économiquement inepte.
Le protectionnisme patriotique n’est pas le monopole de certains socialistes et de nombreux extrémistes de droite. Invité du Grand jury RTL du 2 février, François Ruffin s’est ingénié à relier les deux termes.
D’abord interrogé au sujet des plaintes des grands patrons, le député écologiste, anciennement Insoumis, a confirmé que le fait d’avoir changé de groupe à l’Assemblée nationale n’avait nullement amoindri ses idées gauchistes. « Le capital s’est gavé depuis sept ans », a-t-il dit avant de prétendre : « Toutes les baisses d’impôt comme jamais, ça a creusé la dette de 1.000 milliards d’euros ». Le ridicule de la phrase ne pouvait laisser de marbre les journalistes et il a immédiatement rétropédalé en réduisant de moitié la dette due aux « cadeaux fiscaux ». Une première preuve d’un grand sérieux.
François Ruffin a reconnu qu’un budget à 5 % de déficit n’était absolument pas satisfaisant, mais sa source ne viendrait en rien d’un trop-plein de dépenses, uniquement d’un manque de recettes. La solution s’évince tout naturellement : il va falloir que les gros patrimoines et les grandes entreprises « passent à la caisse ».
Questionné sur la compétitivité des entreprises, le député vert-rouge a trouvé la solution : « Il nous faut une politique commerciale liée à une politique industrielle ». Il a fait du patriotisme le maître-mot et il a tancé les grands patrons à cet égard. Mais, tout de même, a relevé un journaliste, le protectionnisme n’ajouterait-il pas à l’inflation ? « Ce serait très mesuré », a vaguement répondu François Ruffin. Comment mettre en place ce protectionnisme ? « Il faut cibler 150 produits qu’on veut rapatrier ». Lesquels ? Il a donné pour exemple « les boulons, les pales, les mats d’éoliennes » (celles-ci sont en nombre dans son département de la Somme…). « Ca peut être quelque chose de prioritaire », a-t-il assuré sans rire. Tout le monde aura compris que l’arbitraire serait total.
« Sans protection aujourd’hui, il n’y a pas d’industrie, il n’y a pas de souveraineté et nous sommes cuits (sic) ! », a-t-il poursuivi, défaitiste. Citant avec éloge l’exemple de Donald Trump (une approbation qui valait le détour…), il a demandé l’intervention de l’Europe : « vous voulez vendre ici, produisez ici ».
Comme tous les protectionnistes, François Ruffin ne s’est évidemment jamais demandé s’il ne s’agissait pas d’une violation des droits de l’homme. Ce n’est pas un hasard si le grand économiste Frédéric Bastiat considérait au milieu du XIXe siècle que l’échange avait valeur de droit pour tout individu et qu’aucun État n’avait de légitimité à l’empêcher…
François Ruffin ne s’est pas rendu compte non plus de ses inconséquences. « Quand les Etats-Unis ferment leurs frontières aux produits chinois, la Chine se déverse sur le marché européen ». Une phrase qui détruit l’éloge du protectionnisme, d’autant plus lorsque notre député ajoute : « Ce sont les patrons de PME qui sont dans la sous-traitance automobile qui me racontent ça ». Cette fois, aucun journaliste n’a eu la présence d’esprit de lui demander si les difficultés des sous-traitants dans le secteur automobile ne provenaient pas des impôts de production français et de la politique communautaire imbécile qui a outrageusement favorisé les véhicules électriques… chinois.