Nous avons souvent critiqué le Conseil d’analyse économique (CAE), qui a officiellement pour mission « d’éclairer les choix du gouvernement en matière économique » et ce, « par la confrontation des points de vue et des analyses de ses membres ». Le problème, c’est qu’il s’agit d’un organisme très orienté à gauche, si bien qu’on ne voit pas trop comment il pourrait exister une « confrontation » des points de vue.
Ce n’est pas sa dernière production qui nous fera changer d’avis, loin de là (« Egalité hommes-femmes : une question d’équité, un impératif économique », Les Notes du Conseil d’analyse économique, n° 83, novembre 2024, 12 p.).
Les trois auteurs, dont Camille Landais (qui avait publié en 2011 un ouvrage avec Thomas Piketty), partent de neuf constats et ils formulent cinq recommandations. Ils partent de l’idée d’une persistance des inégalités entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. Ils en trouvent la cause à la fois dans l’éducation, dans la maternité et dans le déroulement des carrières.
Nous passerons rapidement sur une bonne partie des propositions : création de « brigades de professeurs spécialisés, chargés de promouvoir les carrières scientifiques sans biais de genre », « obligation de publier des fourchettes salariales dans les offres d’emploi et l’application de sanctions en cas de non-conformité », politiques de quotas « plus contraignantes aux postes exécutifs et d’encadrement » dans les entreprises, « plan d’action interministériel » avec un « comité de suivi opérationnel », etc.
On sera navré à la lecture de ces billevesées qui mélangent féminisme, wokisme et interventionnisme en usant des mantras de la gauche : égalitarisme, propagande, réglementation, bureaucratie, interdictions et autres sanctions. Mais nous souhaiterions nous appesantir sur ce qui constitue selon nous le point d’orgue de la note.
Les auteurs recommandent « un allongement à 10 semaines, dont 6 obligatoires, du congé paternité ». Pour quelle raison ? « Cela devrait contribuer à une meilleure répartition des responsabilités parentales dès les premiers mois de l’enfant et réduire l’impact de la maternité sur la carrière des femmes ». Le coût de la réforme, associée à la « mise en place d’un véritable service public de la petite enfance » , la bagatelle de 1,3 milliard d’euros, serait compensé par la « réallocation d’un jour de congé standard pour l’ensemble des salariés ». On se pince. Comme de coutume avec les interventionnistes, ce que l’Etat a donné de la main droite, il le reprend de la main gauche, avec en plus ses frais de fonctionnement.
Il existe à l’évidence une différence, au demeurant historique, entre le congé de maternité et le congé de paternité. Le premier a fait l’objet de nombreux débats au XIXe siècle et il a été consacré au début du siècle suivant avant d’être généralisé. Son objet était de protéger la santé à la fois de la mère et de l’enfant. Le second, lui, n’a reçu une sanction législative que sous Lionel Jospin avant d’être étendu et de devenir partiellement obligatoire sous Jean Castex. C’est cette obligation partielle que la note veut allonger avec la durée même du congé de paternité. Mais sa justification ne tient plus à une question de santé.
Pourtant, jamais les auteurs de la note ne sont taraudés par le moindre doute en matière de droits et libertés. Comme le disait Friedrich Hayek, un économiste qui n’est qu’économiste est un mauvais économiste… A quel titre nos trois auteurs se permettent-ils de recommander au gouvernement de « mieux répartir les responsabilités parentales » ? A quel titre se permettent-ils de vouloir imposer des congés ? Il s’agit d’une intrusion inadmissible dans la sphère privée, individuelle et familiale. Il est vrai que le CAE dans ses travaux précédents, et notamment en matière de successions et donations, ne s’est pas caractérisé par un grand attachement aux valeurs familiales… Et la référence à la sphère familiale ne trompera personne : c’est d’égalitarisme qu’il s’agit en fait.
Unilatéralement de gauche, déconnecté des réalités, le CAE gagnerait à être supprimé, particulièrement en cette période très délicate sur le plan budgétaire.
8 commentaires
« Mais sa justification ne tient plus à une question de santé. » Je pense que si. En l’occurrence, celle de la mère et donc de l’enfant. Cf tous les cas de burn-out maternel dû au post-partum, avec la charge mentale associée à devoir tout gérer à la maison.
Cela relève de la sphère privée. Il faut mieux choisir son partenaire si l’on n’est pas satisfait du partage de la vie domestique. Si en plus le partenaire laisse sa partenaire en burn-out sans rien faire, il y a de quoi se poser des questions sur la qualité de l’individu ! … Cependant, il existe de nombreux couples et familles où cela se passe très bien. Donc on ne pas généraliser des cas particuliers… Tout cela relève de la liberté de chaque individu au sein de chaque couple. La loi offre des possibilités, elle ne pas contraindre à des modes d’organisation. … On pourrait cependant imaginer des campagnes d’information neutres, invitant chacun à toujours mieux choisir son partenaire pour faire des enfants. Cela éviterait certaines déconvenues. Ainsi, on combinerait une campagne de prévention populaire et la neutralité de l’état.
Gauche, en terme de métier, signifie « tordu ». La bien nommée veut constamment tordre la réalité pour la faire correspondre à ses fantasmes, ce qui rend la société de plus en plus INHUMAINE!
Effrayant!
l’égalité homme/femme ne sera effective que le jour où les « mecs » partageront à égalité TOUTES les tâches ménagères, changement de couches culottes et biberons la nuit compris. On en est loin. Il est symptomatique de constater qu’un fort pourcentage de « familles monoparentales » est constitué… de femmes ! Pas étonnant dans ces conditions que bon nombre de femmes décident de se limiter à un ou deux enfants… voire AUCUN ! Rien à voir avec « leur santé ».
Pourquoi toutes les tâches ménagères exclusivement ? Je propose qu’il y ait un partage équitable de TOUTES les tâches du couple, y compris l’entretien du jardin, la réparation de la voiture, déplacer les meubles sortir la poubelle, etc…
… La découverte que le mariage était une institution d’engagement réciproque largement destiné à protéger les femmes et à contraindre les hommes à s’occuper de leur progéniture… Quant aux familles monoparentales, outre le fait que ce sont les femmes qui donnent naturellement naissance aux enfants, elles sont souvent le fait de femmes émancipées elles-mêmes qui se cherchent un géniteur à durée déterminée (c’est leur droit le plus strict, mais on ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre). Et il n’est pas interdit de mieux choisir son partenaire si l’on n’est pas satisfait du partage de la vie domestique ; c’est là le domaine du libre choix du partenaire (et du libre divorce) et non de la contrainte normative de la loi. La loi doit donner à chacun la liberté de s’organiser comme il l’entend, et non la contrainte de s’organiser selon l’idéologie particulière d’un quelconque législateur.
Il faut en finir avec la pseudo science de la gauche. On nous raconte que les femmes sont moins payées que les hommes à service équivalent : c’est absurde ! Quel employeur serait assez stupide pour payer plus cher un homme pour un résultat équivalent ? De même, un employeur préfère évidemment embaucher un aubin (étranger) pas cher qu’un régnicole (autochtone) plus cher. Il faut vraiment être un rentier socialiste pour imaginer le contraire ! Un entrepreneur qui aurait une politique discriminatoire se pénaliserait lui-même en terme de compétitivité et ne tarderait pas à disparaître. Milton Friedman, et d’autres avant lui, l’ont parfaitement démontré. Quant au congé de maternité, il regarde strictement les familles dont chacune est unique : la loi doit donner la liberté à chacun de choisir, et non la contrainte à tous d’obéir au plan du Soviet Suprême. J’ajoute que quand on en est à demander à la loi d’intervenir dans son couple, c’est qu’on devrait sans doute changer de partenaire.
La mission première des parents est d’élever leurs enfants. Il faut donc un congé jusqu’à la majorité de l’enfant.
Démonstration par l’absurde.