La Syrie s’est réveillée lundi dans la liesse, mais aussi l’incertitude, notamment pour les minorités confessionnelles, après la fuite, dans la nuit de samedi à dimanche, de Bachar al-Assad, qui a mis fin à plus d’un demi-siècle de dictature de son clan. Si les images de prisonniers, hagards quittant leurs cellules après avoir été arrêtés arbitrairement il y a parfois quarante ans, et les foules exultant sur, notamment, la place des Omeyyades à Damas, ont de quoi réjouir, les questions abondent sur le jour d’après. Malgré un discours policé et une pratique moins meurtrière que son ex-maison mère, Al Qaïda, le principal groupe des rebelles, HTS (Organisation de libération du Levant) affiche un agenda djihadiste qui peut faire craindre l’instauration d’un régime taliban à 3 heures d’avion de Paris.
Heureusement, il risque d’avoir, dans un premier temps, d’autres chats à fouetter que l’instauration d’un agenda totalitaire avec, par exemple, interdiction de la scolarisation des filles. Le pays est exsangue économiquement et aura besoin d’une importante aide financière extérieure, donc forcément occidentale, ou des monarchies du Golfe. En contrepartie d’un programme relativement respectueux de la liberté religieuse. Pour l’heure, les institutions publiques étaient fermées, y compris les écoles, mais nul combat n’était signalé dans le pays, hormis dans un fief kurde dans le nord-est de la Syrie.
Par ailleurs, le Kremlin a refusé lundi de confirmer que Bachar Al-Assad était à Moscou comme l’ont affirmé la veille les agences russes. Moscou rechignerait-il à accorder l’asile à celui qui a dirigé la Syrie d’une main sanglante durant 24 ans de peur de s’aliéner les nouveaux maîtres du pays, compte tenu de la perspective de négociations pour conserver la base navale vitale de Tartous et, aérienne, de Hmeimim ?
7 commentaires
WAIT AND SEE ! comme l’on dit en anglais, mais je ne crois plus depuis longtemps au paradis musulman.
pas plus que le paradis bolchévique… cette religion (qui fascine les mêmes « zintellos » que jadis le bolchévisme) risque de finir un beau jour comme le mur de Berlin… Je pense que de nombreuses classes libérales là-bas attendent l’établissement d’une véritable liberté de conscience, d’où découlera la liberté politique et le développement économique.
Prédictions ?
À ma gauche : un état islamique dur, inspiré des talibans, les chrétiens et autres mécréants éxécutés ou déportés.
À ma droite, un état presque démocratique, les valeurs modernes respectées, le pays en voie de reconstruction, la tolérance pour tous ceux de bonne volonté.
Le curseur est forcément quelque part entre les deux, mais bien malin celui qui le place aujourdhui là où il sera dans 3 ans, aucun politologue n’en sait quoi que ce soit.
wait and see
de plus, ce qui se produit est à replacer dans un contexte de plan de paix généralisé dans la région, initié par les accords d’Abraham, auxquels tous les grands acteurs participent.
On ne peut pas vraiment dire que la région suit un plan d epaix…
Les pays musulmans oscillent entre théocratie moyenâgeuse et dictatures militaires (plus ou moins laïques)… Selon mes amis Arabes vivant en France, le problème dans ces pays est que le peuple vote islamiste dès qu’on lui donne la démocratie. Du coup, les différentes classes éduquées (d’ailleurs pas d’accord entre elles) préfèrent souvent la dictature militaire qui maintient un semblant de modernité. C’est un impasse.
Main sanglante ? Certes mais Damas ne fait que changer de dictature et c’est de plus la disparition bécif des « minorités confessionnelles ». Le mot Démocratie n’a aucun sens au delà de l’Europe . . . et encore !