Pékin a riposté mardi matin à l’entrée en vigueur, quelques minutes plus tôt, de droits de douane de 10 % sur ses exportations aux Etats-Unis, décidées par Donald Trump. Mais s’il s’agit des premières salves d’une nouvelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, elles sont restées mesurées, montrant que le régime chinois redoute une escalade. Xi Jinping adopte une approche plus prudente que lors du premier mandat de Donald Trump, où un contentieux commercial avait failli déraper, puisque les droits de douanes supplémentaires annoncés mardi ne porteront que sur environ 80 produits à partir du 10 février, d’un montant de « seulement » 14 milliards de dollars de produits américains. Soit une infime partie de ce que Trump a ciblé. Il est vrai que la Chine, énorme puissance manufacturière, exporte trois fois plus de marchandises vers les États-Unis qu’elle n’en achète, ce qui signifie qu’elle a moins de marchandises américaines à soumettre à des droits de douane.
Cette riposte finalement modérée s’explique par la situation économique plus précaire de la Chine, en raison de l’éclatement de la bulle immobilière, du chômage des jeunes et de la prudence des ménages en matière de consommation. Pékin a aussi plus à perdre que Washington dans une guerre commerciale en raison de son énorme excédent commercial bilatéral. Pékin a néanmoins lancé une enquête antitrust sur Google, quoique les services de recherche d’Alphabet Inc. ne soient plus disponibles dans le pays depuis 2010. D’autres entreprises, comme Tesla Inc. le géant des véhicules électriques de Musk, et Apple Inc. le géant des smartphones, ont des intérêts commerciaux considérables dans la deuxième économie mondiale. Pékin va aussi renforcer les contrôles à l’exportation sur les minéraux essentiels.
De son côté, Donald Trump a déclaré lundi qu’il chercherait à conclure un accord avec la Chine. Il a ordonné la réévaluation d’un accord qu’il a signé en 2020, connu sous le nom d’accord de phase 1, ce qui laisse entendre que les négociations tarifaires avec la Chine pourraient encore s’éterniser pendant des mois. Selon les économistes, les options de la Chine pour amadouer la Maison Blanche semblent pouvoir aller de la promesse d’acheter davantage de pétrole et de gaz américains au maintien de la stabilité du yuan.
