Il fallait bien la collaboration de plusieurs professeurs spécialisés en littérature pour faire le tour de cette gigantesque « recherche du temps perdu »  tant  les sujets abordés sont nombreux, le style prolixe , et la souffrance de l’auteur bien réelle. Trois mille pages étaient nécessaires à Marcel Proust pour justifier l’immensité du temps qui passe et surtout  la nécessité de le « retrouver » à défaut de le retenir. Comment rester indifférent à cet homme à la fois juif et catholique,  philosophe et romancier, mondain et solitaire , constamment en attente mais toujours déçu,  amoureux de l’amour bien  plus que du genre humain trop mystérieux pour lui, voire inaccessible ? Alors le comique se mêle à la déception, le plaisir à la réminiscence involontaire. A force de plonger dans un subconscient tortueux, Proust finit par découvrir  la nature humaine dans toute sa complexité, l’essence même des choses, auxquelles il a plaisir à redonner vie par son écriture. L’inconnu devient le semblable, le baptistère de St Marc à Venise ressuscite l’église du Combray de sa jeunesse, la jeune autrichienne qu’il y rencontre lui rappelle « Albertine disparue ».
Le petit cercle des Verdurin résume à lui seul les suffisance et stupidité mondaines qui font souffrir, alors que simplement la vue de trois  arbres est capable de susciter en lui une joie, certes fugitive, mais combien apaisante, un paysage de rêves qu’il avait oublié, une éternité de bonheur dans l’instant …C’est précisément cette idée du temps qui va être « l’aiguillon » de son œuvre avec, pour seul et unique  plan, les  « intermittences du cœur ». Assurément « un morceau du ciel » restera au-dessus du lecteur, après « un été avec Proust » !