Il vaut sans doute mieux parfois un bon roman plutôt qu’un épais livre d’économie pour vous convaincre que la liberté et la responsabilité individuelle valent mieux que le collectivisme. C’est le pari très réussi d’Yves Bourdillon avec son roman Souriez, vous êtes ruiné publié aux Editons du Rocher en avril dernier.
Au travers d’une histoire un peu abracadabrante, mais surtout souvent hilarante, l’auteur, lui-même journaliste aux Echos, raconte avec intelligence et vivacité la vie d’un journaliste dans la tornade d’un nouveau « mai 68 » qui aurait saisi et immobilisé la France. Il en profite pour dénoncer cette faune qui « bénéficie des divers programme type contrats d’avenir, conçus pour des gens qui n’en ont vraisemblablement aucun, huitième chance ou dernier recours, qui consistent dans l’ensemble à corrompre diverses associations ou collectivités locales pour qu’elles dégonflent les statistiques du chômage au prix de petits boulots qu’aucun patron sain d’esprit n’envisagerait de proposer ».
Ce héros malgré lui en a « Marre d’être infantilisé par des nounous en costard qui fixent les moments où nous pouvons pisser et selon quelle trajectoire. Marre de cette pluie ininterrompue de normes et de règles, 10 500 lois, 127 000 décrets, censés nous protéger contre nous-mêmes comme si nous étions des mineurs incapables de discernement. Marre de de ces administrations qui vérifient que notre camisole est assez serrée pour nous ôter l’envie de nous prendre en main, tout en nous laissant la force de bêler « merci » dans l’urne. »
Pour éviter cet open bar de l’assistanat et sortir de ce « système de compassion suffocante qui, depuis 35 ans gauche et droite confondues, nous ligote à coups de précautions et d’égalitarisme forcené », il joue un temps un double jeu pour garder de quoi se nourrir en servant un journal de gauche tout en exprimant ses idées sous un pseudonyme dans un journal libéral. Mais suite à des aventures extraordinaires, l’honnêteté intellectuelle le pousse à faire le bon choix.
Souriez, vous êtes ruiné, d’Yves Bourdillon : un livre à lire avec grand plaisir et à offrir sans limite.