Pascal Perri a raison. C’est bien la dernière chance pour nos retraites. A condition que la réforme soit la bonne, sinon les conséquences seront encore plus dramatiques. A première vue, la réforme de Macron paraît juste. Elle semble « un progrès démocratique sans précédent ». Finis les dizaines de régimes différents, finis les privilèges et autres avantages dans le public. Tout le monde serait logé à la même enseigne et seuls ceux qui auraient accompli une carrière complète auraient droit à une retraite conséquente basée sur des points cumulés durant une vie de travail. Toutefois, les risques sont grands de voir cette réforme prématurément amputée d’une grande partie de ses objectifs. Lorsqu’il a écrit son livre, Pascal Perri anticipait déjà ce qui se passe aujourd’hui. Les syndicats protestent et contestent, les grèves s’accumulent et les grands « privilégiés » du public ne veulent pas (ou plutôt ne veulent pas risquer de) perdre leurs retraites payées par les contribuables.
Sauf que les grands perdants pourraient être non pas les employés du public mais ceux du privé. Que se passera-t-il avec les 27 Mds d’euros de réserves des professions libérales et les 70 Mds d’euros des caisses Agirc-Arrco ou encore avec les 120 Mds d’euros de la CNAV ? Vont-ils financer les pensions des fonctionnaires et des agents publics ? Très sûrement. Les fourmis vont payer pour les cigales. Pascal Perri ne cache pas ses craintes …
Le livre du très talentueux journaliste de LCI est pédagogique. Il nous explique tout, de A à Z. Comment fonctionnent les retraites en France, qui paye, combien et pourquoi. On trouve tout. L’histoire des retraites et des réformes ainsi que des cas précis. On peut le lire comme un manuel explicatif avec, en plus, des chiffres et des statistiques. Nous avons un système basé sur la répartition et en même temps très complexe et inégalitaire. L’auteur a raison de se poser la question du modèle souhaité : assistance ou assurance ? Avec Macron, tout se transforme en assistanat et l’étatisation de la retraite en fait partie. Sans oublier que « pour des raisons idéologiques surtout, nous refusons d’admettre en France que des régimes privés par capitalisation peuvent être plus efficaces que la répartition solidaire et intergénérationnelle ». Ni la droite, ni la gauche n’ont eu le courage de s’appuyer sur la capitalisation ou au moins de la proposer comme un pilier parmi d’autres, comme cela existe pratiquement partout dans le monde.
Ni pessimiste, ni optimiste, Pascal Perri offre au lecteur, dans cet essai remarquable, les arguments et les clés pour une réforme des retraites. Probablement pas celle de Macron mais celle qui pourrait accorder la place qu’il faut à la responsabilité et à l’épargne.
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retraites
En 1993, la décision fut prise de calculer les retraites DU PRIVE non plus sur la base des 17 meilleurs années mais sur 25 années. Une décision qui a eu pour conséquence la diminution du montant des retraites uniquement dans le secteur privé. Dans le même temps, on n'a pas touché aux régimes spéciaux (SNCF. RATP etc.) ou si peu. Ajoutez le blocage du montant des retraites, l'augmentation constante de la CSG et on devra bien admettre que l'état dispose déjà de moyens pour réduire les revenus des retraités. Continuer à s'accrocher à un système qui a montré ses limites n'est peut être pas une bonne idée.
Il faut exiger qu'il soit mis fin aux régimes spéciaux et privilèges dont certains bénéficient encore. Il devrait être possible de tenir compte de la pénibilité et des carrières longues par l'octroi de points (ou de trimestres). L'état sait bien faire quand il s'agit de l'armée.