Œuvre posthume rédigée dans un murmure de la dernière heure, cet ouvrage reste semblable aux précédents. Pas étonnant que Christian Bobin l’aborde par un éloge au musicien Dimitri Sokolov qui comme lui a le culte du moment présent. Pas étonnant que l’envie d’écrire le taraude, car si la maladie est là , son amour pour tout ce qui est vivant est plus fort que jamais. « Pas de temps à perdre », alors perdons le pour mieux apprécier la vie ! L’oisillon saute comme des notes de musique, le linge frais sur le fil comme l’écriture. Livre de guerre pour faire des vivants , car rien de pire que les morts à la vie.
Christian Bobin n’en oublie pas pour autant la belle mort , celle qui couronne l’existence, ni la berceuse de l’enfance qui prend dans la solitude la place de Dieu, ni le feu du don total. Car c’est là que se trouve l’amour vrai, « cette timide présence de l’éternel » qui n’a plus besoin d’ailes pour s’unir à l’autre et aller « vers des jours extraordinaires ». Bien bel héritage que nous laisse Christian Bobin : victoire de l’amour sur la mort, de la vie sur les ténèbres, de l’écriture sur le silence éternel!