Cette histoire, bien que vraie, est surréaliste. Elle commence en Afghanistan sous le régime des talibans. L’auteur, encore enfant, est conscient des sacrifices d’un père acharné au travail pour surmonter la pauvreté ambiante, prêt à tout pour sauvegarder la liberté des siens. Une succession de violence va les inciter à fuir, et c’est une descente aux enfers qui s’ensuit. Seul Sami parviendra en France à quatorze ans. Si le titre du livre est dédié à la vieille machine à coudre familiale à laquelle l’auteur s’adresse entre chaque chapitre, c’est, derrière ce symbole personnalisé, l’omniprésence d’un père perdu à jamais, mais pas oublié. Car c’est ce père tailleur qui a appris à Sami la couture, au rythme de « plus de pièces, plus d’argent ».
C’est le souvenir de ce labeur qui le fait pousser les portes des ateliers et des écoles de couture où des rivières d’aiguilles et des rouleaux de soie, de satin ou de mousseline, suscitent en lui un désir inassouvi de création. Parures orientales ou classiques, sobres ou lumineuses, bariolées ou unies, tailleurs de travail ou robes de mariée, le petit afghan est aujourd’hui devenu un des grands couturiers de Paris qui, par ce joli livre, rend hommage à ceux qui ont cru en lui.