C’est dans une chasse à l’ours brun au Kamtchatka, province russe lointaine et pauvre, suivie plusieurs années plus tard d’une chasse au tigre dans une réserve touristique du Népal que nous entraîne l’auteure. Chaque course effrénée présente des exploits qu’ils soient humains ou animaliers. Car, dès le début du roman, l’ours mortifère fait preuve de ruse comme Lior fait preuve de persévérance. Si les courses  se passent dans des paysages pittoresques au relief accidenté ou perdus dans des jungles profondes, rien de fictif , les scènes sont prises sur le vif , on suit à la trace le gros gibier au rythme du pas souple de la jeune femme. Aucun chasseur ne se ressemble, même Hadrien qui a du mal à comprendre la passion obsessionnelle pour la chasse de son épouse.
Mais dans son prologue Sandrine Collette nous met sur une piste, celle de la très grande pauvreté qui lègue aux hommes une violence jusqu’à couper un doigt à une petite fille pour qu’un dispensaire la prenne en charge, jusqu’à ligoter des enfants à un arbre pour servir d’appâts aux chasseurs. La violence animale finit par déteindre sur l’homme. L’inconscience des touristes rend inimaginable le sort des plus faibles et des plus pauvres quand la folie finit par régner. Seule Lior en est consciente, car elle se souvient … Livre magnifique qui plaira non seulement à tout chasseur mais à tout humaniste soucieux de rendre l’homme plus raisonné et respectueux que les animaux sauvages.