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Pourquoi la politique pour l’emploi des jeunes en France est inefficace

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Le 8 octobre avait lieu le Troisième Sommet Européen pour l’Emploi des Jeunes, réunissant les chefs d’Etat et de Gouvernement. Le chômage des jeunes de moins de 25 ans est de 22% dans l’Union Européenne.

L’année dernière, ce sommet avait abouti au déblocage de 6 milliards d’euros sur deux ans, pour les pays affichant un taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans supérieur à 25%. Hier, François Hollande a demandé à élargir cette aide : « Il y a eu 6 milliards qui ont été dégagés pour deux ans (2014-2015). À l’échelle de l’Europe, c’est trop peu. Il faut aller jusqu’à 20 milliards ». Fidèle à lui-même, le Président de la main tendue préfère fonctionner à la perfusion de subventions européennes plutôt que de repenser la politique pour l’emploi des jeunes.

Non seulement les chiffres du chômage des jeunes se dégradent en France, mais ils sont supérieurs à la moyenne des pays Européens (en jaune sur le graphique). Le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 18,6% en 2008 à près de 22% au 30 juin 2014. Par ailleurs, au deuxième trimestre 2014, le chômage des jeunes de 15-29 ans s’élevait à 32% en France et à 26,2% en moyenne dans les 28 pays de l’UE.

Au regard des chiffres du chômage en Europe et des dispositifs existant dans les autres pays, se pose la question de l’efficacité des politiques pour l’emploi des jeunes. L’empilement de mesures, bien souvent trop spécialisées pour s’adresser à l’ensemble des jeunes, a coûté 305 m€ en 2014 (hors contrats aidés) pour un impact assez limité, puisque le taux de chômage des 15-29 ans reste légèrement supérieur à 32% depuis 2012.

S’adressant uniquement aux jeunes de zones urbaines sensibles et à ceux qui n’ont que de faibles voire aucune qualification, la politique pour l’emploi des jeunes à la française oublie toute une partie du public auquel elle est sensée s’adresser. Selon une récente étude de l’APEC, moins d’un an après l’obtention du diplôme supérieur, 37 % des diplômés 2013 de niveau bac + 5 et plus sont toujours sans emploi.

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La politique pour l’emploi des jeunes manque sa cible : empilement de mesures peu lisibles, trop spécifiques et coûteuses

Outre un manque de clarté, inhérent à tout empilement de mesures, la cohérence et le contenu des dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes sont assez confus

dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes

dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes

+Les plus qualifiés, oubliés de la politique de l’emploi des jeunes, subissent aussi le chômage+

Sources : Etude de l’APEC 2013 et Baromètre Deloitte sur l’humeur des jeunes diplômés (janvier 2014)

Les mesures concernant l’emploi des jeunes sont focalisées sur les jeunes peu ou pas qualifiés. Pourtant le chômage n’épargne pas les jeunes les plus qualifiés.

– moins d’un an après l’obtention du diplôme supérieur, 37 % des diplômés 2013 de niveau bac + 5 et plus sont toujours sans emploi

– ¼ jeune actif entrant sur le marché du travail est « déclassé », c’est-à-dire accède à un emploi qui ne correspond pas à sa formation et à son diplôme

– 56% des jeunes diplômés ne trouvent pas d’annonce correspondant à leur profil

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+Les politiques pour l’emploi des jeunes coûtent cher : plus de 6 milliards d’euros par an+

Hors contrats d’avenir et de génération, les politiques pour l’emploi des jeunes ont coûté près de 305m€ en 2014, répartis comme suit :
– 179m€ pour les missions locales et permanences d’accueil, d’information et d’orientation
– 50m€ pour l’allocation liée au contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS)
– 22m€ pour le fonds pour l’insertion professionnelle des jeunes (FIPJ)
– 24m€ pour les Ecoles de la deuxième chance
– 30m€ pour les garanties jeunes

A cela s’ajoutent :
– Les emplois d’avenir, dont le coût a été de 1,3md€ en 2014, pour environ 60.000 bénéficiaires fin 2013 et un objectif de 100.000 pour la fin de l’année
– Les contrats de génération, financés à hauteur de 1,5md€ pour environ 60.000 bénéficiaires fin 2013 et un objectif de 460.000 d’ici à 2017

L’ensemble des politiques publiques en faveur de l’emploi des jeunes, y compris celles qui financent l’apprentissage (3mds€) représentent un total de 6mds€. A titre indicatif et pour avoir une échelle de comparaison, 6mds€, c’est l’équivalent du budget de la justice, la moitié de celui de la sécurité.

S’inspirer de nos voisins européens pour lutter efficacement contre le chômage des jeunes

Le « Work first » pour responsabiliser les jeunes et les inciter à travailler

Les Pays-Bas ont instauré le « Work First », principe selon lequel les jeunes qui n’ont jamais travaillé ne peuvent recevoir aucune allocation.
Un principe à priori tout simple, à l’opposé de la politique française pour l’emploi des jeunes qui, au nom du refus de leur « précarité », les soumet à un réflexe conditionné de main tendue : CIVIS, RCA, Garantie Jeunes, il y a l’embarras du choix !

En France, un jeune sans diplôme ni expérience peut s’assurer d’une allocation mensuelle de près de 500€, sans avoir travaillé, cherché, ni même commencé à chercher un emploi (Garantie Jeunes). Alors que le début de la vie active est décisif pour la suite de la carrière, alors que c’est à ce moment précis qu’un individu doit prendre ses responsabilités d’adulte, le jeune passe de la tutelle des parents à celle de l’Etat-Nounou. Et cela coûte près de 260m€ à l’Etat…

A mettre en perspective avec le taux de chômage des 15-24 ans, s’élevant à 10,5% aux Pays-Bas, il atteint plus du double en France.

Le SMIC jeune : inciter les entreprises à embaucher les jeunes sans expérience ni qualification

Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont mis en place un SMIC jeune, progressant avec l’âge et les qualifications. Ces pays ont bien compris qu’un SMIC unique ralentit l’entrée sur le marché du travail des jeunes, parce que les compétences d’un jeune sans expérience n’ont pas la même valeur pour l’employeur que celles d’un individu déjà expérimenté. Mécaniquement, pour un coût égal, l’employeur préfèrera embaucher un salarié expérimenté plutôt qu’un jeune qui débute. Le SMIC jeune est une façon de pallier cet écueil, en ajoutant un coût d’opportunité pour l’employeur qui renoncerait à embaucher un jeune.

Ce dispositif a donc vocation à inciter les entreprises à embaucher des jeunes peu qualifiés et sans expérience. C’est le cas au Royaume-Uni, dont le SMIC horaire est de 3,79£ pour un jeune de moins de 18 ans, de 5,13£ pour un jeune de moins de 20 ans et de 6,5£ au-delà de 21 ans. Dans ce même pays, le taux de chômage des 15-24 ans est de 16%, alors qu’il est proche de 22% en France.

L’assouplissement de l’apprentissage : un apprenti français coûte entre 4 et 5 fois plus cher à la collectivité que son voisin allemand

L’Allemagne a l’un des taux de chômage des jeunes les plus faibles de l’Union européenne : au deuxième trimestre 2014, il était de 8,2% pour les 15-29 ans et de 7,8% pour les 15-24 ans. Ces performances s’expliquent notamment par le système décentralisé d’apprentissage. En Allemagne, près 1,6 million de jeunes intègrent une formation en apprentissage, c’est près de 4 fois plus qu’en France.

La différence majeure avec notre système d’apprentissage est une plus grande souplesse, permise par le désengagement de l’Etat et la prise en charge plus importante du dispositif par les entreprises. Ainsi, un apprenti français coûte entre 4 et 5 fois plus cher à la collectivité que son voisin allemand.

La France dépense chaque année 3 milliards d’euros pour financer l’apprentissage de 440.000 apprentis, alors qu’avec le même budget, les Allemands financent l’apprentissage de 1,6 million de jeunes. Avec la moitié moins de dépenses publiques, les Britanniques forment quant à eux 930.000 apprentis.

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2 commentaires

Rosalie 13 octobre 2014 - 2:24 pm

On ne voit pas l'issue
Tout ceci est démoralisant car la France et les français ne sont pas prêts à changer ce modèle qui nous coule et qui pousse une certaine catégorie de jeunes à ne rien faire. Quand le mauvais pli est pris, difficile de faire marche arrière.

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Astérix 14 octobre 2014 - 1:47 pm

Le génie Français !
Pourquoi la politique pour l’emploi des jeunes en France est inefficace ?

Parce que nous sommes dirigés depuis plus de 30 ans par de parfaits incapables. En France, l'on préfère les réunions, les hauts comités de réflexion, les colloques, les débats permanents pendant qu'un Pays comme l'Allemagne avance avec ses apprentis. Regardez le taux de chômage des jeunes ?

Je l'ai déjà dit, la FRANCE est cuite car les Français ne comprennent rien et ils continuent à élire des crétins.

Le FMI s'occupera bientôt de gérer la France…! Il n'y aura pas d'autre solution à part la faillite.

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