La réussite sociale est une tare en France. Quelqu’un qui devient riche est condamné à subir les foudres des bien-pensants pour lesquels l’enrichissement ne ferait qu’aggraver les inégalités sociales. A l’IREF, nous avons souvent combattu cette idéologie bien plus répandue en France qu’ailleurs. Mais il n’y a pas que les riches qui trinquent. Les classes moyennes, elles aussi taxées et matraquées au nom de la sacro-sainte « égalité », gagnent souvent à peine plus que ceux qui reçoivent des aides sociales.
L’ Amérique est un pays trop… égalitaire
Deux chercheurs américains, Phil Gramm (American Enterprise Institute) et John Early (Bureau of Labor Statistics), ont publié un livre intitulé « The Myth of American Inequality » dans lequel ils montrent que l’Amérique est un pays beaucoup plus égalitaire qu’on ne le dit et… que cet égalitarisme nuit à la prospérité économique. Selon eux, au cours des cinquante dernières années, ce n’est pas l’augmentation des inégalités de revenus qui est frappante mais, au contraire, la tendance à un extraordinaire « lissage » parmi les 60 % des ménages dont les revenus sont le moins élevés. Les transferts sociaux (en espèces ou en nature) aux 20 % des ménages les plus pauvres ont bondi de 269 % entre 1967 et 2017, tandis que les ménages à revenu intermédiaire ont vu leurs revenus réels (après impôts) augmenter de « seulement » 154 % au cours de la même période. Le gouvernement a donc établi une égalité de fait, qui a d’ailleurs provoqué l’effondrement du taux d’activité des personnes en âge de travailler dans les ménages à faible revenu. Pourquoi travailler si les aides garantissent à ceux qui ne travaillent pas le même niveau de vie qu’à ceux qui ont un emploi ?
Les deux auteurs montrent que les politiques égalitaristes ont mené à un nivellement des revenus parmi les 60 % des ménages américains les plus pauvres et cela quelle que soit leur situation : employé ou assisté. Exemple en 2017 parmi les ménages en âge de travailler : les 20 % les plus pauvres (premier quintile) ne gagnaient que 6 941 $ en moyenne, et seulement 36 % avaient un emploi ; après transferts sociaux, leur revenu moyen était de 48 806 $. Les ménages du deuxième quintile gagnaient 31 811 $ et 85 % d’entre eux avaient un emploi ; après impôts, leur revenu était de 50 492 $, soit à peine 3,5 % de plus que le premier quintile. Ceux du troisième quintile (au milieu, donc, dans l’échelle des revenus), gagnaient 66 453 $ et 92 % avaient un emploi ; après impôts et transferts, ils n’ont conservé que 61 350 $, soit seulement 26 % de plus que le quintile du dessous.
A cause des transferts sociaux et des impôts, mieux vaut faire partie des plus pauvres que de la classe moyenne
Ces chiffres doivent encore être peaufinés car le nombre de personnes par ménage diffère selon les quintiles. Il y en a en moyenne 1,92 dans le quintile inférieur, 2,41 dans le deuxième et 2,62 dans le troisième. Après ajustement en fonction de ces chiffres, un ménage du quintile inférieur reçoit en moyenne 33 653 $ par personne, celui du deuxième 29 497 $, celui du troisième 32 574 $. Donc, par habitant, le ménage du quintile inférieur reçoit 14 % de revenus de plus que le ménage du deuxième quintile et 3,3 % de plus que celui du troisième. Dans ces conditions, mieux vaut faire partie des plus pauvres que de la classe moyenne. Les chiffres le prouvent : selon le Labor Statistics, le pourcentage de personnes en âge de travailler dans le quintile inférieur qui ont un emploi a considérablement chuté, de 68 % en 1967 à 36 % en 2017.
La lutte contre les inégalités ne peut se faire que sur le marché du travail et avec une politique très stricte d’aides sociales. Sinon, elle condamne beaucoup de personnes à l’assistanat, décourage ceux qui ont un emploi et alimente aussi le populisme. Nombreux sont ceux qui considèrent qu’ils travaillent pour les autres…
5 commentaires
Et oui, toujours plus d’impôts, toujours pour les mêmes, la classe moyenne.
A quoi sert de travailler quand on peut le faire au black en touchant les aides
L’égalitarisme n’existe pas, c’est une idée socialiste. L’égalité « pourrait » exister, mais on lui substitue un autre mot et tout le monde se met à croire au père Noël. Comptez et réfléchissez, c’est le fond qui manque le moins disait à peu de chose près quelqu’un qu’il ne faut plus nommer à cette heure de la déconstruction.
On peut ajouter que la distribution d’argent sans contrepartie (par l’Etat Fédéral) aux USA pendant la pandémie ainsi qu’un moratorium contre les évictions en cas de non paiement du loyer a crée un problème massif de labor shortage notamment dans la restauration et l’hôtellerie (qui emploie du personnel non qualifié).
Ce qui fait le dynamisme de l’économie Américaine c’est notamment sa population rémunérée à l’heure avec des wages (contrairement à des salaires) et sa flexibilité.
Quand on compare le faible niveau de vie d’un smicard en France et celui d’un employé américain (qui travaille beaucoup plus en nombre d’heures) il n’y a pas photo. La difference se trouve notamment par le fait que le smicard contribue à payer de trop nombreux chômeurs, fonctionnaires et assimilés dans le mille feuille des collectivités.
Gérard, on vous aime. Intervenez plus souvent. Vous nous faites du bien.