Quatre députés pro-démocratie hongkongais ont été démis de leur mandat cette semaine par les autorités locales sous le contrôle du Parti communiste chinois. La possibilité pour la Chine d’exclure les députés s’opposant à son emprise sur Hong Kong découle de la loi de sécurité nationale adoptée en juin. Comme le montrent les événements de cette semaine, cette loi, qui donne quasi tous les pouvoirs de sécurité nationale avec tout le pouvoir qu’elle donne à Pékin, semble avoir définitivement enterré la démocratie à Honk-Kong. Elle a détruit le système judiciaire démocratique du Territoire, basé sur une division des pouvoirs propre au Common Law anglo-saxonne.
La décision d’exclure ces quatre députés a été prise par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, la plus haute instance parlementaire chinoise, de manière totalement arbitraire, la nouvelle loi excluant tout recours judiciaire contre cette décision. Le motif avancé est que ces députés favorisaient l’influence étrangère et refusaient de reconnaître la souveraineté chinoise à Hong Kong. Deux d’entre eux avaient contacté Washington (avant que la loi ne fût adoptée en juin), plaidant pour l’accentuation de la pression américaine contre les agissements chinois.
Les députés avaient été autorisés à siéger en attendant que les élections législatives reportées officiellement pour cause de Covid puissent enfin avoir lieu, mais les autorités ont donc brusquement changé d’avis.
Il sera donc désormais impossible de contrer la domination du gouvernement chinois sur le pouvoir législatif. Le parlement hongkongais (LegCo) était auparavant constitué d’une part de parlementaires placés par le gouvernement chinois et d’autre part de parlementaires élus par le peuple. Cela garantissait un relatif et fragile équilibre. L’éviction de quatre parlementaires pro-démocratie, suivie par la démission « en masse » de leurs collègues par solidarité, brise cet équilibre déjà chancelant. Le parlement hongkongais n’a aujourd’hui plus aucune valeur démocratique.
L’accord « un pays, deux systèmes » n’est plus qu’un lointain souvenir après maintenant deux années durant lesquelles la Chine a utilisé tous les moyens pour renforcer son emprise sur Hong Kong, malgré la résistance des citoyens. C’est la vague de protestation, en 2019, qui a d’ailleurs permis au gouvernement chinois de justifier la loi de sécurité nationale..
Aujourd’hui, tous les opposants à Pékin basésà Hong Kong sont potentiellement visés par la loi. Des journalistes, universitaires ou étudiants ont déjà été arrêtés. Les opposants vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, sous la menace de condamnations arbitraires. Au total 11000 interpellations ont été effectuées au cours des quinze mois de manifestations.
Certaines grandes figures militantes pro-démocratie ont été contraintes à l’exil, comme Nathan Law. D’’autres, comme Joshua Wong, continuent de se battre à Hong Kong.
Kwok Ka-ki, l’un des quatre députés exclus, a demandé au peuple de Hong Kong de poursuivre le combat et a qualifié le jour de son exclusion comme « le plus triste de l’histoire de Hong Kong ». Les États-Unis ont vivement condamné cette mesure qui prouve que l’accord « « un pays, deux systèmes », n’est plus qu’un leurre cachant l’emprise du Parti communiste chinois pour « instaurer une dictature à Hong Kong » selon les mots du conseiller américain à la sécurité Robert O’Brien. L’Amérique menacé la Chine de nouvelles sanctions par l’intermédiaire du Global MagnitskyAct. De même, Dominic Raab, ministre des Affaires étrangères britannique, a promis que « le Royaume-Uni se tiendra au côté du peuple de Hong Kong et s’élèvera contre les violations de leurs droits et de leur liberté ». Pour rappel, le Royaume-Uni avait mis en place un mécanisme de naturalisation pour 3 millions de Hongkongais après l’adoption de la loi de sécurité nationale. En revanche, la France ne semble pas opposer de réaction très virulente à l’emprise croissante de la Chine sur Hong Kong. Elle n’a pas réagi officiellement à l’exclusion des quatre députés…
Sources
https://www.ft.com/content/d61dca46-792a-4c82-9553-9ec8720cca81
https://home.treasury.gov/news/press-releases/sm1055
https://www.ft.com/content/39a1d9ae-d238-4e34-a6f0-c04f8cc4c6b5
https://www.ft.com/content/cfd7089d-65b5-4c50-8b8e-a037350a42d7
https://www.challenges.fr/monde/hong-kong-londres-accuse-une-nouvelle-fois-pekin-d-avoir-viole-la-declaration-de-1984_737073
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