Nos lecteurs savent quelle attention nous portons aux questions d’intégrité et d’indépendance dans l’ensemble du secteur public. Or “Les intouchables d’État” de Vincent Jauvert (Robert Laffont, éditeur) est un livre décapant à mettre d’autorité entre toutes les mains, celles des contribuables et citoyens et tout particulièrement ceux qui en sont restés innocemment à la nuit du 4 août pour la jolie fable de l’abolition définitive de tous les privilèges. Ceux qui ne savent pas encore y apprendront beaucoup, ceux qui se doutent de quelque chose verront leurs appréhensions très largement confirmées et même étendues, ceux qui croyaient déjà savoir seront étonnés du peu qu’ils savaient par rapport à la réalité. En effet rarement tant de rouerie, tant d’âpreté au gain, tant de carriérisme, tant de conflits et de confusions d’intérêts, tant de mépris de l’intérêt général auront été mis au jour en si peu de pages. Pour des raisons évidentes, nous ne nous livrerons pas à la défoliation de cet ouvrage qui mérite incontestablement d’être lu, mais nous en profiterons pourtant pour livrer à nos lecteurs quelques réflexions qu’il nous inspire, en dégageant plusieurs lignes directrices pour cerner tous les inconvénients que cette pratique de caste représente pour le pays.
Chroniques de livres
Les belles lettres, 2018, présenté par Alain Laurent
Nous sommes le 26 janvier 1978. Plus de 150 personnalités (intellectuels, artistes…) publient dans plusieurs quotidiens nationaux un long texte condamnant l’idéologie communiste et le marxisme. Parmi les signataires, Raymond Aron, l’un des instigateurs du texte, Jean-François Revel, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean d’Ormesson, Eugène Ionesco, François Fejtö, Jean-Marie Domenach, Jean-Louis Barrault, Jean-Claude Brialy, Claude Chabrol, Gérard Depardieu. L’originalité du Manifeste – car il s’agit bien d’un appel – provient du fait qu’il s’agit non seulement d’une condamnation forte du totalitarisme communiste, mais aussi d’un éloge des vertus du libéralisme et de l’individualisme. « La tâche des intellectuels, aujourd’hui, est d’exiger et de défendre chacune de ces libertés, en veillant à ce qu’elles ne soient pas parodie, dénaturation, mais ressaisissement et accomplissement de l’indivisible liberté… ». On annonce la constitution d’un Comité des Intellectuels pour l’Europe des Libertés qui remportera très vite un énorme succès. L’assemblée générale aura lieu le 21 février à l’hôtel Lutetia et choisira Eugène Ionesco comme président en titre du Comité.
Mathieu Laine et Jean-Philippe Feldman (Plon, 2018)
L’ouvrage de Pierre Bentata est d’une grande ambition et il cherche à y satisfaire avec un vrai talent. Il ne veut pas moins que réconcilier Lumières et anti-Lumières, ce qui le conduit à recommander de vivre d’une certaine sagesse tragique dans un retour à une vision de la Grèce ancienne dont il exhume les mythes pour nous faire comprendre les contradictions de l’éternel humain. Bel exercice pour un économiste qui s’aventure avec intelligence sur les terres de l’histoire, de la religion et de la philosophie.
La période de Noël est aussi très propice à la lecture. L’IREF vous recommande quelques ouvrages politiquement et économiquement incorrects… pour y puiser les remèdes indispensables dans un pays où l’on trouve encore trop d’idéologie bien-pensante…
Il s’agit d’un recueil d’essais sous la direction du professeur Kurt R. Leube et publié en l’honneur du Prince Michael de Liechtenstein, entrepreneur, commentateur, analyste et mécène qui ne cesse de militer au service des idées libérales. Les contributeurs – des universitaires et des acteurs de la société civile de nombreux pays, un ancien président (Vaclav Klaus) ou bien un ancien ministre (Mel Cappe) – passent en revue différents thèmes qui sont chers au prince Michael. La géopolitique et les extraordinaires mutations actuelles avec l’essor des populismes et le retour des nations. C’est maintenant que la société civile doit jouer un rôle important et influer sur les décisions gouvernementales. L’exemple du petit Etat du Liechstenstein, – un « îlot de libertés » comme le nomme Vaclav Klaus – nous rappelle qu’il est tout à fait possible de limiter les pouvoirs des gouvernements tout en faisant confiance à la démocratie directe et aux droits de propriété.
Ce 6 décembre, l’ALEPS a attribué le prix 2017 du Livre libéral à Victor Fouquet pour son livre La pensée libérale de l’impôt. Un prix bien mérité pour cette anthologie du libéralisme. Il présente 45 auteurs qui ont compté dans l’élaboration d’une pensée libérale rationnelle et vivante. Pour chacun d’eux, il livre une rapide présentation percutante et remarquablement bien conçue, suivie de quelques morceaux choisis avec bonheur.
Il y aurait en France une cinquantaine d’avenues, boulevards, rues, voies, ponts ou passerelle baptisés Lénine, des cités Lénine, des stations de bus ou de trams… Rien qu’en banlieue parisienne, on compte treize avenues Lénine, sept rues, trois places, deux boulevards… Et puis nous avons Jean-Luc Mélenchon qui ne cache pas son admiration pour Lénine et dont le programme politique s’inspire beaucoup des idées totalitaires de celui qui prit le pouvoir en 1917 après un coup d’Etat. Comme Che Guevara, Lénine hante l’imaginaire français et continue à être considéré comme une figure légendaire, un symbole de la « lutte révolutionnaire » et des peuples opprimés.
Alain, de son vrai nom Emile CHARTIER, est longtemps resté le penseur du radicalisme. Jérôme Perrier vient nous démontrer, dans un livre remarquable et magnifique, qu’Alain était d’abord un penseur de la liberté individuelle considérée comme ce qui distingue l’homme de l’animal. « L’individu, rappelle Alain selon les mots de J. Perrier, est l’unique source de droit dans la mesure où la notion même de liberté ne peut s’entendre qu’individuellement ». C’est, d’une certaine manière, ce qui relève de la nature humaine commune à tous les hommes et également partagée par tous.
Dans son dernier ouvrage, Privatisons la justice, publié chez Libréchange ces derniers semaines, Bertrand Lemennicier répond positivement et radicalement à cette question. Avec compétence et une forme de provocation.