Depuis le début des années 1980, de nombreux intellectuels du monde musulman ont dû se réfugier en Occident, contraints de fuir leurs pays respectifs où leur liberté mais aussi leur vie étaient menacées soit par le pouvoir d’État, soit par des groupes religieux ou des masses de croyants fanatisées. Les noms des premiers venus sont bien connus : Salman Ruhsdie, Taslima Nasreen, Ayaan Hirsi Ali, Chandortt Djavaan, Waleed Al Husseini. Puis d’autres ont suivi jusqu’à nos jours, moins placés sous les projecteurs de l’actualité mais qui ont pris avec éclat la relève — on trouvera leurs noms dans une note bibliographique à la fin du texte. Leurs crimes à tous ? Avoir tout simplement voulu vivre en libres individus dans leurs pays d’origine, en disposant d’eux-mêmes sans autorisation des autorités et groupes religieux, en bénéficiant de la liberté de conscience et de celle, pour les femmes, d’être les égales des hommes pour se vêtir et exercer leur sexualité. Et pire : d’avoir osé non seulement le faire mais le dire, de publiquement protester quand ces exigences élémentaires leur étaient refusées. Autant de manières censées offenser la religion — impardonnable en terre d’islam, et y méritant forcément la relégation carcérale et, souvent, la mise à mort.
Alain Laurent
Saviez-vous que le grand philosophe pragmatiste américain John Dewey (partisan d’une « appropriation collective des moyens de production »), Lord Keynes (qui plaidait pour un « contrôle des mécanismes économiques par l’État ») et le philosophe John Rawls (pour qui « les talents supérieurs sont un atout » à utiliser par l’État afin de réduire les inégalités) sont désormais non seulement à considérer comme d’éminents penseurs libéraux, mais mieux encore les seuls à véritablement l’être au XXème siècle ? Et vous doutiez-vous que « l’orientation socialisante du libéralisme n’a fait que se renforcer au cours du XXème siècle », que dans la confrontation entre le « libéralisme planificateur » de John Dewey et le « collectivisme libre » de Walter Lippmann en 1925/1940, ce sont « deux conceptions opposées du libéralisme qui vont s’affronter », et accessoirement enfin que « le libéralisme ignore la société et est indifférent aux valeurs » ? Extraits de Il faut s’adapter – Sur un nouvel impératif politique (Gallimard), La fin des libertés – ou comment refonder le libéralisme (Robert Laffont) puis… Contre le libéralisme (Éditions du Rocher), trois ouvrages parus début 2019 et respectivement signés de Barbara Stigler, Monique Canto-Sperber et Alain de Benoist, ces « scoops » sont bien entendu autant d’assertions arbitraires qui, déplaçant le libéralisme sur la gauche du prisme idéologique en le teintant fortement d’étatisme et de collectivisme, contredisent l’historiographie libérale qui faisait consensus jusqu’à l’orée des années 2000.