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La crise remet au goût du jour le revenu universel et… les dangers qui vont avec
jeudi 21 janvier 2021, par

Le 23 octobre dernier, une proposition de résolution relative au lancement d’un débat public sur la création d’un mécanisme de revenu universel appelé « socle citoyen » a été déposée à l’Assemblée nationale par un groupe d’une quarantaine de députés. En prenant comme prétexte la crise de la Covid-19, ces élus souhaitent « inventer un mécanisme de solidarité universel, qui assure à chacun un filet de sécurité et de quoi tenir pour rebondir en cas de choc. L’assurance que lui/elle et sa famille seront à l’abri quoiqu’il arrive. Un tel filet, automatique et universel, n’est pas seulement un moyen d’éradiquer la pauvreté qui touche près de 14 millions de Français, il est la seule réponse possible pour garantir la confiance de tous dans l’avenir et l’envie de prendre le risque de s’engager dans la société. » Ils suggèrent donc qu’un « socle citoyen » de 564 euros soit alloué à chaque Français à partir de 18 ans. Comment sera-t-il financé ? Selon les auteurs de la proposition, l’universalité de l’impôt (sans précision claire des taux appliqués) suffira à ce que ce revenu puisse être accordé à tout le monde.
A l’IREF, nous avons montré plusieurs fois que cette idée était irréalisable et dangereuse. Elle a déjà été testée en Finlande, dont le gouvernement a tenté l’expérience pendant une année sur un groupe de 2000 chômeurs sélectionnés aléatoirement. Ils ont reçu chacun 560 euros par mois sur la période 2017-2018. Selon Olli Kangas, le coordinateur, l’étude préliminaire des résultats indique que le revenu universel n’a pas permis d’augmenter l’emploi des bénéficiaires par rapport au groupe de contrôle et que, pour la plupart, le bien-être qu’aurait dû induire cette mesure n’était que très relatif.
Pour l’IREF, le revenu universel, c’est le « droit à la paresse » de Paul Lafargue. C’est la déresponsabilisation généralisée. Une forme d’assistanat à vie qui ne résoudra pas le problème de la pauvreté et créera toujours plus d’inégalités. Car il y en aura forcément qui paieront pour les autres. C’est juste une illusion d’égalité que l’on créerait avec un revenu pour tous. Revenons sur quelques-uns de nos principaux arguments, pêle-mêle. Cette manne de 564 euros qui prétend lisser les plus grandes inégalités n’aura pas, et de loin, la même « valeur » en région parisienne que dans la Creuse. Selon ses défenseurs, la somme pourra être « corrigée » grâce à un « Grand Débat ». Il n’y a pas de doute que certains, au sein de ce « Grand Débat », demanderont plus. Pourquoi pas 766 euros, ou 1060 euros, voire 1115,56 euros ? D’autre part, un revenu universel serait fort probablement un appel d’air pour une immigration qui y verrait un avantage décisif, sauf mesures de contrôle drastiques sur d’éventuelles aides annexes. Nous avons déjà fait allusion, dans de précédents articles, à un autre risque qui nous semble majeur : celui de casser les chances d’une vraie réussite par une incitation pernicieuse à l’effort minimum, la nécessité pouvant être un puissant aiguillon autant qu’un obstacle que certains ne parviennent pas à franchir. Mais c’est là une question à la fois économique, psychologique et sociale, nous y reviendront probablement. Enfin, quelqu’un devra assurer cette redistribution générale. Un revenu universel suppose une entité étatique suffisamment puissante pour le gérer et le contrôler. L’étatisation de la société sera encore plus forte, la dépendance générale et la déresponsabilisation encore aggravée. L’Etat nous donnera à tous la becquée, nous dépendrons tous de lui. Le revenu universel, non, merci !
La crise remet au goût du jour le revenu universel et… les dangers qui vont avec
Messages
1. Manque l'argument le plus important selon moi., 21 janvier, 23:35, par Bq
Ce que ne comprennent pas les gens qui veulent le revenu universel, c'est que la monnaie est un instrument d'échange et n'est pas en soi de la richesse.
Donner aux gens de l'argent en contrepartie de rien du tout, en contrepartie d'aucun travail, veut dire de manière parfaitement mécanique que le montant d'argent reçu en revenu universel sera entièrement compensé par des prix plus élevés répartis sur tous les biens et services présents sur le marché.
Cet effet est parfaitement mécanique. Il sera peut-être à peine atténué par le fait que les prix des biens et services venant de l'étranger seront moins ajustés que ceux directement produits en France.
Autrement dit, pas un seul centime de pouvoir d'achat ne sera donné aux individus grâce au revenu universel. Pour vivre correctement il faudra travailler toujours exactement autant que sans le revenu universel.
Par contre il existera tous les effets délétères résultant de la nécessité du financement du revenu universel par les hommes de l'Etat.
Ceci résulte de ma réflexion personnelle, j'attends votre retour pour savoir si j'ai bien raisonné. Je n'ai jamais rien lu de tel.
1. 25 janvier, 18:12, par JJNK
Tout dépend du financement choisi.
Si le dispositif est financé par la création monétaire, votre raisonnement est irréprochable.
Le dispositif proposé ne sera viable que s'il s'assume comme étant une redistribution des revenus, dont on explicite le circuit.
2. Quels revenus ?, 22 janvier, 08:45, par Laurent46
Si le revenu universel veut dire mêmes revenus et avantages que les Procureurs je crois que je serais preneur ...
1. 22 janvier, 09:48, par Fra
Sur Bfm Business, ils citent l'expérience où ça a provoqué, au contraire, une augmentation de la création d'entreprises
3. Le danger vient de la démagogie., 22 janvier, 14:47, par JJNK
4. Le risque de casser les chances d'une vraie réussite, 22 janvier, 15:26, par JJNK
5. Le test de la Finlande, 22 janvier, 15:50, par JJNK
6. Quel taux de prélèvement pour payer 564 euros par mois ?, 25 janvier, 17:35, par JJNK
Supposons que le socle citoyen soit financé intégralement par l'IRPP devenu l' "impôt universel de redistribution nationale" (payé par tous, selon un taux égal pour tous).
En 2017, le revenu fiscal de référence total était de 1.027.803.836.995 euros pour les 66.770.000 habitants de la France. Par mois et par personne, cela fait un revenu fiscal moyen de 1282 euros.
=> Si le "socle citoyen" (versé à tous) est de 564 euros, le taux de prélèvement (payé par tous) doit être de 43,99%.
=> Mais on peut choisir un autre taux de prélèvement :
10% —> 128 euros
15% —> 192 euros
20% —> 256 euros
25% —> 320 euros
30% —> 385 euros
35% —> 449 euros
40% —> 513 euros
(au delà de 50%, l'opération n'a pas de sens, sauf à créer des inégalités de traitements entre les citoyens).
Remarque :
Pour une grande majorité de la population, les revenus sont inférieurs à la moyenne ; pour eux, l'opération est donc bénéficiaire. En particulier, les travailleurs pauvres reçoivent une aide (qu'ils n'ont pas actuellement) sans créer d'effets de seuil.
Pour le revenu moyen, l'opération est blanche : la somme reçue sera toujours égale à la somme prélevée.
Pour les revenus supérieurs à la moyenne, l'opération est négative mais avec une gradation : sans les effet de seuil et sans l'opacité et l'arbitraire des tranches d'imposition.