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Immigration : là aussi, il faut désétatiser

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France Inter nous apprend (19 février 2025) qu’en Espagne, sous l’effet de la politique « volontariste » d’ouverture menée par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, l’immigration est parvenue à « dynamiser la croissance » du pays. Pas loin de deux millions d’emplois y auraient été créés depuis six ans – et ce dans des secteurs tels que l’hôtellerie-restauration, l’agriculture ou encore les transports -, dont 70% seraient occupés par des étrangers, notamment des personnes en provenance d’Amérique du Sud, selon l’Institut national des statistiques. Les immigrés joueraient ainsi un rôle de relais de croissance dans un pays marqué par le vieillissement de la population, où la natalité est en baisse. C’est ce qui a poussé Pedro Sanchez à conduire en novembre 2024 une réforme visant à faciliter la régularisation de quelque 900 000 étrangers vivant sur le sol espagnol.

Le Premier ministre espagnol semble ainsi faire quelque peu cavalier seul dans une Europe où les États semblent désormais davantage soucieux d’assurer le contrôle rigoureux des frontières nationales et de maîtriser les flux migratoires. Certes, ses immigrés sont peut-être plus faciles à assimiler puisqu’ils sont nombreux à venir de pays de langue et culture espagnoles. Mais c’est l’occasion de reconsidérer l’accueil des migrants.

Que penser de tout cela dans une perspective authentiquement libérale ? Est-ce vraiment à l’État de définir la politique migratoire d’une nation ? On le sait, nombre de techno-progressistes européens entendant décider à la place des individus n’ont eu que trop tendance à vouloir ouvrir à fond les vannes de l’immigration, pour des raisons qui n’ont pas toujours été étrangères au clientélisme électoral. Face à ces dérives, bien des conservateurs en viennent désormais à l’idée qu’il faut mettre un terme non seulement à l’immigration illégale, mais même à l’immigration tout court. Mais pourquoi diable faudrait-il que ce soient les politiques qui décident de la politique migratoire ? Cette tâche ne devrait-elle pas plutôt incomber aux individus eux-mêmes, du moins à leurs représentants locaux ?

Il faut à cet égard relire de toute urgence, car ô combien actuel, le chapitre 11 (« L’immigration dans une société libre ») du livre de l’économiste libéral Pascal Salin, Libéralisme (Paris, Odile Jacob, 2000, p. 262-290). Pour Pascal Salin, c’est un non-sens absolu que les hommes de l’État s’approprient l’initiative de la politique migratoire, dont ils n’a pas à subir ensuite les conséquences : cette tâche devrait plutôt être celle des collectivités locales comme les mairies, qui devraient être en mesure de décider de l’octroi ou non d’un titre de séjour, selon les besoins en main-d’œuvre tels qu’ils existent à l’échelon local. Mais surtout, il faudrait repenser entièrement le rapport entre immigré souhaitant s’installer sur le territoire national d’une part, et les personnes voulant bien l’accueillir d’autre part, sur le mode du contrat et non de la décision étatique : la nation devrait se concevoir selon Pascal Salin un peu comme un club ou une association, et si donc leurs membres ne souhaitent pas pour telle ou telle raison accueillir en leur sein un étranger, ils devraient pouvoir librement s’y opposer, sans que l’État ait quoi que ce soit à y redire. Il ne faut donc pas condamner l’immigration en tant que telle, qui devrait toujours relever du principe de liberté contractuelle, mais la monopolisation par l’État des questions relatives à l’immigration dans le cadre de la politique migratoire. Il est temps que la société, c’est-à-dire l’ensemble des individus qui composent celle-ci, se réapproprient l’ensemble des domaines – dont l’immigration – qui devraient relever de leurs décisions souveraines, mais que l’É  tat a confisqués à son propre profit.

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10 commentaires

louis 20 février 2025 - 8:44 am

trump a été elu pour avoir favoriser les salariés américains au détriment des immigrés qui prenaient petit a petit les emplois du temps de biden

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JC 20 février 2025 - 9:32 am

Vous oubliez deux choses :
1) c’est la loi nationale qui décide des prestations sociales accordées aux étrangers, et pas la commune
2) une fois en France, rien n’empêche les gens de se déplacer d’une commune à l’autre

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Matthieu Creson 20 février 2025 - 2:06 pm

Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Dans un pays où les prestations sociales seraient réduites au minimum, l’immigrant potentiel aurait surtout intérêt à migrer pour percevoir les ressources dues à son propre travail. S’il n’existait pas de politique sociale, on peut imaginer que l’immigration serait tout à fait différente de ce qu’elle est actuellement.
Cordialement

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Leblon 20 février 2025 - 2:57 pm

Même si la langue est commune , il reste , à mon avis , une grosse différence entre l’ immigration venue de l’ Afrique nord et sud Saharienne et l’ immigration venue d’ Amérique du Sud ! Les moeurs , coutumes et religion en font partie !

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Jojo 20 février 2025 - 3:23 pm

L’Espagne est un cas particulier, et ses conclusions sont hypocrites. Elle régularise les immigrants africains en sachant qu’ils ne resterons pas en Espagne et iront en France ou ailleurs en Europe créer leurs problèmes habituels. Et elle admet beaucoup d’immigrés sud américains, qui viennent pour travailler, et souvent qualifiés, et n’ont pas le moindre problème d’intégration vu leur langue et leur culture. Si nous étions envahis d’immigrés québécois, nous pourrions nous vanter nous aussi de l’immigration bénéfique.

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GHUS 20 février 2025 - 4:03 pm

Je note que ces migrants parlent l’espagnol, outil indispensable pour une intégration rapide, et qu’ils sont majoritairement de religion chrétienne. Leurs modes de vie en Amérique Latine ne sont guère différents de ceux qui prévalent en Espagne.

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Boutté 20 février 2025 - 4:43 pm

Donnez nous des sud-américains francophones et le problème d’assimilation est à peu près résolu parce je partage les mêmes valeurs approximativement. Il n’en est pas de même avec l’Afrique ni le Proche Orient !

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GNA46 20 février 2025 - 6:50 pm

Et c’est bien là, l’art de la “manipulation” quand il nous est expliqué cette belle intégration de leurs migrants.
Petit bémol toutefois quand ils ne nous donnent pas l’intégralité de l’info qui est que ce sont des migrants sud-américains de la même culture de langue et de religion que les ibères, leurs propres ancêtres.
Et pas beaucoup de commentaire non plus sur les sub-sahariens et autres maghrébins qu’ils n’arrêtent pas, et qui ne restent pas chez eux, mais viennent ici où plus haut dans le Nord de l’Europe où ils sont mieux gâtés…

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yenamarre 21 février 2025 - 12:40 pm

On ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable !

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Albatros 21 février 2025 - 4:05 pm

(La) France (Insoumise) Inter ?
A privatiser d’urgence !

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