Les annonces compulsives et plus ou moins farfelues de Trump vont-elles faire bouger les lignes ?

C’est certain, on ne s’ennuie pas avec Trump. Depuis qu’il s’est officiellement installé à la Maison-Blanche le 20 janvier, il mitraille : annonces et propositions en tous genres, presque tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Annexion du Groenland, du canal de Panama et même du Canada, taxes sur les produits venant du monde entier en commençant par le Mexique, la Chine et le Canada, lancement d’une politique de baisse des dépenses publiques et de débureaucratisation des agences fédérales, création d’un fonds souverain d’Etat… Le bouquet final (provisoirement final sûrement !) a été la reconstruction de la bande Gaza pour en faire une nouvelle Riviera. Nous avons déjà réagi à certaines de ces annonces et avons montré en particulier l’inanité des droits de douane élevés qui en réalité puniraient les consommateurs américains. Entre temps, Trump a mis de l’eau dans son vin et différé l’application des taxes qui concernent le Mexique et le Canada.

Non, on ne s’ennuie pas. On peut néanmoins se demander si cela aboutira à quelque chose de concret et de positif. Le comportement de Trump relève de son caractère. Il est fait ainsi : impulsif, colérique, n’écoutant guère les conseils de son entourage. Tout n’est pourtant pas complètement insensé dans ses discours. L’annexion du Groenland n’est pas une idée neuve, d’autres présidents américains en ont parlé et même le Danemark, il y a plusieurs années, avait voulu le vendre. Même chose pour le Panama avec lequel l’Amérique a signé un traité de neutralité qui lui permet d’intervenir en cas d’ingérence étrangère (là, il s’agit de la Chine). Lorsque Trump s’en prend aux agences fédérales ce n’est pas seulement pour faire des économies c’est aussi pour les « punir » de l’avoir persécuté durant la présidence Biden. Et il a en partie raison.

En ce qui concerne Gaza, comme l’écrit l’éditorialiste du Wall Street Journal, l’idée  de déplacer et de reloger 2 millions de Palestiniens puis reconstruire les territoires, aussi absurde soit-elle, a le mérite de rappeler qu’avec les terroristes du Hamas sur place, rien ne peut-être fait et qu’à part des messages de solidarité hypocrites, le peuple palestinien a toujours été abandonné à son triste sort. D’ailleurs, des pays comme l’Egypte et la Jordanie ont immédiatement réagi aux propos de Trump en affirmant clairement qu’ils ne voulaient pas des Palestiniens chez eux. L’Égypte a refusé de prendre le contrôle de Gaza lorsqu’Israël l’a proposé après les accords de Camp David de 1978. Elle n’a même pas laissé les femmes et les enfants quitter Gaza pour un refuge temporaire lors de la récente guerre entre le Hamas et Israël. Aucun pays arabe ne propose d’envoyer des troupes pour éradiquer le Hamas, maintenir la paix et gouverner la bande de Gaza.

Enfin, au-delà de toutes ces considérations, il ne faut pas oublier que, sans l’aval du Congrès, il ne peut pas faire grand-chose, surtout en politique étrangère. Difficile, voire impossible, de prévoir ce qu’il va encore annoncer et ce qu’il fera  réellement. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il déconcerte non seulement les démocraties mais aussi les dictatures. Xi Jinping, Poutine ou Kim Jong-un ne savent pas à quoi s’attendre de la part de la Maison-Blanche, ce qui les calmera probablement, au moins pour un certain temps.