Mécontents du budget « austéritaire » du gouvernement « libéral » de François Bayrou, les parlementaires communistes ont déposé une proposition de loi pour taxer et dépenser plus !
On ne relira jamais assez le chef d’œuvre de George Orwell, 1984. Sa dystopie constituait une critique acérée du « socialisme réel » qui avait tout subverti, y compris la langue. Le nouveau langage totalitaire, la « novlangue », imprimait dans les cerveaux l’inverse de la réalité. A lire la production des parlementaires communistes lors des débats budgétaires, on se dit que cette dénonciation n’a malheureusement pas pris une ride.
En effet, L’Humanité (29 janvier 2025) consacre un article à la proposition de nouveau budget déposée par les parlementaires communistes et à des commentaires livrés par ces derniers. Au projet de budget Bayrou « austéritaire » et « libéral », les députés et les sénateurs à la faucille opposent une proposition de loi inimaginable.
Le projet de budget actuel ? Les communistes se lamentent d’un budget « au profit d’une poignée d’individus », un budget qui effectue des « coupes claires » dans les services publics, les collectivités locales et la Sécurité sociale et ce, alors même que les « inégalités de patrimoine » explosent. En bref, le budget Bayrou est un « budget de droite » en faveur d’une « société de rentiers ». Un député avertit : « Les tenants du libéralisme nous amèneront droit dans le mur ».
Donc, pour les parlementaires communistes, si le projet de loi de finances du gouvernement Bayrou est adopté, ce budget, qui sera le 51e consécutif en déficit, sera un budget « libéral » et « austéritaire ». On pourrait croire à une mauvaise plaisanterie, mais les parlementaires communistes ne s’en tiennent pas à ce constat : ils proposent un budget alternatif, et quel budget !
La proposition de loi communiste déposée le 29 janvier contient « 20 mesures d’urgence sociale et fiscale » qui reprennent largement les élucubrations du programme du Nouveau Front Populaire. Evidemment, nul n’y trouvera de « baisse drastique » de la dépense publique. D’ailleurs, il n’y a aucune baisse des dépenses puisqu’elles sont toutes légitimes par principe.
Voici les principales propositions au nom de la « solidarité sociale » : 84 milliards d’euros de recettes supplémentaires, avec des mesures contre l’« évasion fiscale » (pourtant légale par principe, on ne le répétera jamais assez, à l’inverse de la fraude fiscale), de suppression des « niches fiscales » (auxquelles les libéraux sont opposés également mais, eux, moyennant des baisses d’impôt corrélatives), de taxation des transactions financières, de hausse de la fiscalité sur les successions, de rétablissement d’un impôt sur la fortune et d’instauration d’une taxe sur les très hauts revenus. S’y ajoutent l’abrogation de la réforme des retraites ; l’indexation des salaires sur l’inflation, l’augmentation du smic à 1.600 € net par mois et la hausse à hauteur de 10 % du point d’indice des fonctionnaires.
Comme si cela ne suffisait pas, les parlementaires veulent également le blocage des prix sur les produits alimentaires et des loyers, et le financement d’un plan de construction de logements sociaux.
En substance, ce serait, pour paraphraser un ancien ministre de l’Economie pour une fois inspiré, « 1981 puissance 10 ». Question : comment peut-on encore voter communiste au XXIe siècle ?