L’inflation en Argentine a poursuivi en octobre une décélération observée depuis plusieurs mois, avec un indice mensuel de +2,7%, le plus bas en trois ans, même si en raison de la dynamique vertigineuse de la dérive des prix lors de l’entrée en fonction du président ultra-libéral Javier Milei, en décembre dernier, où elle dépassait les 25 % par mois, elle atteint toujours 193 % sur un an. L’indice d’octobre, publié par l’Institut national de la statistique (Indec), redescend à des niveaux sans précédent depuis novembre 2021 (+2,5% alors) dans la troisième économie d’Amérique latine, prise ces dernières années dans une spirale inflationniste, d’appauvrissement et de menace de nouvelle banqueroute. Sur les 10 premiers mois de 2024, l’inflation cumulée atteint 107%, toujours parmi les plus élevées au monde, mais bien en course pour finir l’année très en-deçà d’une année 2023 dantesque (+211%). « Nous sommes en train de baisser l’impôt qui créé le plus de distorsion, à savoir l’inflation », s’est félicité mardi le ministre de l’Economie Luis Caputo.
En s’attaquant drastiquement au déficit budgétaire (ce dernier a été ramené à zéro au mois de mai, pour la première fois depuis cinq ans), principal moteur historique de gonflement de la masse monétaire et donc de hausse des prix sauf gains immédiat et illusoire de productivité, Javier Milei semble en passe de réussir son pari fou de mater l’hyperinflation en quelques mois sans appauvrissement insoutenable des Argentins : la hausse des prix est inférieure à 5 % par mois depuis mai et les salaires progressent depuis lors à un rythme supérieur à l’inflation. De surcroit, la récession inévitable, de 3.5 % sur un an, provoquée par la réduction des dépenses publiques, qui alimentaient généralement clientélisme, corruption et emplois fictifs, surnommés « gnocchis » en Argentine, devrait être de courte durée. Le Fonds monétaire international prédit une croissance de 5 % l’an prochain. La prochaine étape, délicate, devrait être la sortie du chemin de dévaluation rampante (crawling peg) du peso suivant l’inflation.